CORBEL Cécile - Actualité manga

Interview de l'auteur

 

 

Manga-news: Cécile Corbel et Simon Caby, merci d'avoir accepté cette interview ! Cécile Corbel, comment êtes-vous arrivée dans le monde de la musique ?
Cécile Corbel: Petite, j'aimais beaucoup la musique, il y en avait souvent chez moi, et je jouais de la guitare. Quoi qu'il en soit, je ne me destinais pas à une carrière de musicienne. Mais à 15 ans, j'ai découvert la harpe, un instrument très populaire en Bretagne, la région où j'ai grandi. J'ai eu le coup de foudre pour cet instrument et ai commencé à en jouer sur un coup de tête. Voilà pour le début de l'histoire. Puis a 18 ans, je suis montée sur Paris pour poursuivre mes études, et j'y ai rencontré des musiciens avec lesquels j'ai commencé à jouer dans des pubs et aussi un peu dans la rue. Les choses se sont accélérées lorsque j'ai rencontré Simon et ai fait ma première maquette avec lui. C'est devenu un album, puis il y en a eu un deuxième, un troisième... Finalement, Simon et moi travaillons ensemble depuis quasiment les débuts. Simon, lui, est un musicien-né, allons-nous dire.


Et vous, Simon, quel est votre rôle auprès de Cécile ?
Simon Caby: Je m'occupe des arrangements avec Cécile sur les albums, et, du coup, j'ai également tenu ce rôle pour la BO d'Arrietty.

CC: En fait, Simon joue un peu tous les instruments sauf la harpe (rires).

SC: Il faut quand même aussi dire que l'on a souvent beaucoup d'invités musiciens qui participent avec nous.


On retrouve dans votre style musical de nombreuses influences: musique celtique, folk, pop... Avez-vous des inspirations particulières ?
CC: On y retrouve beaucoup l'univers de la musique traditionnelle celtique, dans laquelle je baignais quand j'ai commencé à jouer de la harpe. Les répertoires irlandais, breton, voire même la musique israëlienne, turc, et les choses plus méditerranéennes, sont également autant de style que j'ai aimé jouer et que j'aime toujours. J'ai également écouté pas mal de rock et de folk lorsque j'étais plus jeune, et je pense qu'aujourd'hui tout cela se ressent dans mes musiques. Et en ce qui concerne les thématiques des musiques, je pioche un peu dans ce qui me plaît, de l'imaginaire des légendes médiévales en passant par les celtiques et les bretonnes. Parfois, on part aussi de rien du tout.


A l'époque où vous jouiez dans les bars, quels style jouiez-vous ?
CC: J'étais jeune, j'avais à peine une vingtaine d'années. J'ai rencontré l'importante communauté bretonne de Paris, très centrée sur Montparnasse où il y a beaucoup de pubs et de cafés bretons et irlandais. Les musiciens se réunissent dans ces endroits pour jouer des morceaux du répertoire irlandais, il s'agit souvent de danses traditionnelles ou de balades. C'est ce type de musique que je jouais.


Vos études étaient dans la musique ?
CC: Pas du tout. J'ai étudié l'histoire de l'art et l'archéologie pendant 5 ans après le bac, et c'est petit à petit que la carrière musicale s'est présentée devant moi. J'ai terminé mes études, et c'est seulement après que j'ai fait le choix de continuer dans la musique.


Parlons à présent de votre collaboration avec le studio Ghibli. Comment a commencé cette collaboration ? Quelle en fut la genèse ?
CC: A vrai dire, le déclencheur est un envoi, un peu bête et naïf de ma part, de mon dernier album lorsqu'il est sorti en France. Avec Simon, nous avions fait une liste des gens, proches ou non, à qui l'on tenait, pour leur envoyer l'album. J'ia ajouté le studio Ghibli à cette liste car Simon et moi en sommes fans tous les deux. Nous avons envoyé l'album au studio en tant que simple fans, en y ajoutant simplement un petit mot à l'attention de Toshio Suzuki, le producteur, pour lui dire merci pour les films et pour lui avouer qu'ils m'inspirent beaucoup. Il n'y avait pas de contact, ni mon adresse. Et c'est le petit mot que j'ai fait qui est devenu célèbre au Japon depuis, mais c'est une autre histoire (rires). Ce qui était magique, c'était que le CD était arrivé, car nous l'avions envoyé à une adresse dont nous n'étions pas sûrs. C'est arrivé sur son bureau, et Mr Suzuki l'a ouvert par erreur. Il l'a écouté machinalement car il cherchait désespérément ce que pourrait bien être la musique du prochain film, et il a flashé sur la première chanson du disque. Finalement, au départ il y a eu un petit coup de pouce du destin, et par la suite je pense que ce n'est que de la chance. J'ai été très surprise de recevoir une réponse par mail du studio Ghibli 10 jours après avoir envoyé le CD. Rien que ce mail était dingue, car ça signifiait que le CD était arrivé. Cela m'aurait suffit, alors quelle ne fut pas ma surprise de voir écrit dans le mail "Est-ce vous qui avez composé ce disque ?". Tout a commencé comme ça.
 

 
 
Quelle a été votre première réaction quand vous avez appris la nouvelle de cette demande de collaboration ?
CC: Nous avons eu plusieurs échanges de mails, et c'est environ un mois plus tard qu'ils m'ont demandé de composer une chanson pour le nouveau film. Nous étions fous de joie, mais, en même temps, très stressés de relever le challenge. Nous avons travaillé comme des dingues pendant environ une semaine sur la chanson "Arrietty's Song", qui est devenue par la suite le générique du film, en avons envoyé une maquette par mail, et à partir de là, ils ont demandé une autre chanson, puis une autre, puis 10 chansons, et au final nous en avons fait 25 (rires).


Vous êtes ensuite allée au Japon pour travailler directement avec Ghibli. Comment cela s'est passé une fois sur place ?
CC: Il y a eu plusieurs allers-retours. Nous avons fait tout ce qui est composition et enregistrement depuis la France, notamment dans le studio de Simon, puis nous sommes allés au Japon plusieurs fois, d'abord pour rencontrer les équipes lors de mon premier voyage en septembre 2009, et nous y sommes retournés plusieurs fois car il y avait plusieurs étapes dans l'avancée du film. A chaque étape cruciale, nous y retournions pour voir où ça en était, petit à petit les musiques se calaient sur l'image. A Tokyo, il fallait également faire le mixage à l'image. Enfin, nous y sommes retournés avec tous les musiciens pour faire la promotion du film. Nous avons joué les chansons un nombre incalculable de fois pendant les avant-première du film, à la radio...


Justement, quel a été votre rôle exact pendant la promotion du film ? Là-bas, comment avez-vous été perçue par le public japonais ?
CC: Déjà, il faut dire que la promotion du film a duré 50 jours assez intenses, car il s'agissait de promotion à la méthode Ghibli, une grosse machine de promotion à travers tout le Japon. Je pense que la musique est aussi importante pour eux que le film lui-même, qu'ils le considèrent comme un personnage à part entière, et de ce fait ils mettent beaucoup en avant la musique. Du coup, nous avons été associés à tout ça. Nous avons toujours été bien accueillis, à chaque avant-première.

SC: C'était assez étrange pour eux de voir des occidentaux dans l'équipe du film, car à la base, il y a très peu d'occidentaux qui rentrent dans leur industrie musicale.

CC: Toshio Suzuki considérait un peu cela comme son coup de génie. Il a pu se vanter d'avoir réussi à travailler avec des occidentaux, ce qui était une première pour Ghibli. Le studio Ghibli a quand même la réputation d'être un studio assez traditionnel, patrimonial, et est assez emblématique au Japon, et c'était un argument de plus pour eux d'avoir travaillé avec des occidentaux, surtout avec une française, car la France est vraiment très valorisée là-bas. Ils ont une image assez idyllique de notre pays. On ne leur a pas raconté que ce n'était pas comme ça ! (rires) de plus, là-bas, Ghibli ouvre un peu toutes les portes, donc nous nous sommes retrouvés programmés, par exemple, dans un grand festival de rock, chose qui ne serait jamais arrivée sans eux, et dans de très grandes salles à Tokyo. Nous avons même joué dans un temple à Tokyo, qui jamais n'aurait accepté si ça n'avait pas été Ghibli derrière. Et en interview, les journalistes japonais tournaient beaucoup autour du thème de Cendrillon, ils demandaient "vous n'avez pas sensation d'être Cendrillon, qui tout à coup a trouvé sa marraine la fée ?" (rires)
 

 
 
Vous avez participé à beaucoup de festivals là-bas ?
CC: Nous avons fait plusieurs concerts, et un gros festival qui s'appelle Rock in Japan. C'était un peu décalé que nous y soyons car il s'agissait vraiment d'un festival de rock. Mais une nouvelle fois, c'est la magie de Ghibli qui a opéré. Dans ce festival, il y a toute une partie qui s'appelle la "Scène de la forêt", et la forêt était décorée par Ghibli. Les autres concerts avaient lieu principalement à Tokyo, dans ce fameux temple, à l'opéra de la ville. Il y a aussi eu des concerts dans des salles en région, dans des cinémas pour les avant-première.


Avant d'aller au Japon, quelle image aviez-vous du pays ?
CC: Je n'avais que des clichés. Je n'y étais jamais allée avant, et en gros, je voyais le Japon à travers les films de Ghibli. Finalement, les films ne sont pas si éloignés de la réalité que ça car on y retrouve vraiment tous les paysages. Par exemple, les poteaux électriques qu'on voit dans les films sont vraiment comme ça...

SC: Et les chats existent en vrai ! Peu de personnes le savent, mais les chats des films de Ghibli existent vraiment. Il s'agit des chats du studio, ils  sont nommés par les membres du studio, et quand on a vu leurs films on les reconnaît (rires). Par exemple, dans Arrietty, il y a un gros matou, et il existe vraiment, nous l'avons vu dans les studios. Le film lui-même se passe à Koganei, là où se trouve le studio, les petis cours d'eau que l'on voit dans certains films passent près du studio... L'environnement direct du studio est souvent pris en référence. C'est un peu comme si quelqu'un faisait un film sur Paris, et qu'il était vraiment très fidèle à Paris. Tout n'est pas idéalisé. Mais après, évidemment, les imaginaires délirants et les personnages des films n'existent pas en vrai (rires).

CC: Nous avons également vu beaucoup d'estampes représentant des démons que Miyazaki a repris dans ses films, comme dans le Voyage de Chihiro. Ces démons existent vraiment dans les légendes japonaises sous cette forme-là. Il a beaucoup d'imagination mais puise également son inspiration dans le folklore du pays. Donc, pour conclure, avant je ne connaissais pas le Japon, j'avais juste les films de Ghibli en tête, et un peu la cuisine japonaise que j'aimais déjà, mais que nous avons mieux découvert là-bas et qui n'a vraiment rien à voir avec ce que l'on voit ici.


Pendant votre collaboration avec le studio Ghibli, il n'y a pas eu de problèmes de communication au niveau de la langue ?
CC: Il faut avouer que les Japonais ne sont pas très doués en langues étrangères, et dans la rue, c'est quasiment impossible de s'y retrouver si l'on ne parle pas un minimum japonais (rires). Dans le studio, certaines personnes parlaient quand même assez bien l'anglais, et il s'agissait souvent de nos interlocuteurs. Plus personnellement, j'avais une traductrice quasiment en permanence, aussi bien pour les interviews que pour la vie de tous les jours, une jeune femme qui connaît bien les deux cultures et qui a vraiment décodé chaque chose pour moi, qui m'a beaucoup aidée.


Nous parlions tout à l'heure de Ghibli comme d'un emblème au Japon. Parlons à présent des deux emblèmes du studio: Hayao Miyazaki et Isao Takahata, que vous avez sans doute vus là-bas...
CC: Nous les avons rencontrés tous les deux, et ils ont deux auras, deux personnalités différentes. Miyazaki est un peu considéré comme un demi-dieu, il est très respecté, y compris au sein du studio. On respecte son espace, on ne va jamais l'embêter. Notre rencontre avec lui a été très solennelle, et les échanges étaient très courtois. Takahata, quant à lui, nous l'avons ressenti plus simple. Il est venu nous voir en concert, nous a salués très gentiment. Les deux personnages sont très différents, tous deux impressionnants, et il s'agit de deux rencontres très importantes pour une fan de leur travail comme moi.
 

Nous avons pu apprendre que les musiques avaient été créées avant le plus gros du film...
CC: Avant la fin de la réalisation, en effet, mais le scénario était déjà fait.

SC: Il faut dire que le script est extrêmement précis. Il y a même un minutage des dialogues à la seconde qui est fait, donc chaque plan pouvait être modulé, tout le rythme du film était fait à l'avance. La découpe des scènes est, au départ, faite en durée, en action, puis on y cale les dialogues. Puis ils font le métrage du film, ce qui signifie qu'ils peuvent dilater certaines scènes si elles sont plus intéressantes, etc...  Il est déjà arrivé que certaines scènes d'un film soient prévues pour être très courtes, puis qu'elles se retrouvent finalement considérablement rallongées. Il connaissent la durée du film avant qu'il ne soit fini, ils essaient de tout construire dès le départ avec des plans fixes, en faisant défiler les dialogues, de façon à voir la métrique du film. Chaque cut est déjà fait. Donc nous, nous travaillions sur un support qui était déjà relativement précis. Quand on commence à intégrer la musique à l'image, on travaille sur une image complètement fixe.

CC: De notre côté, nous n'avions pas tellement besoin de nous occuper de tout ça? Nous nous contention de travailler sur la partie artistique, de créer les chansons, et c'est un directeur musical qui a calé, raccourci, remonté ce qui devait l'être. Nous n'avions pas cette contrainte, et c'est lui qui a dû se prendre la tête pour tout faire coïncider.

SC: Mais tout ça peut parfois créer des ennuis. Je vais vous raconter une petite anecdote que je trouve assez amusante. On travaillait sur une scène, le réalisateur a proposé toutes les images, on avait tout sous les yeux, la personne en charge de l'incrustation de la musique a mis la musique. Le tout marchait bien, et au bout d'un moment le réalisateur dît "mais la scène se passe dans le noir total, ça change complètement l'atmosphère". En fait, la musique n'était pas adaptée à la scène. Comme le membre du staff travaillait sur des images à la ligne claire, sans couleurs, il ne savait pas que la scène se passait dans le noir. Et finalement, cette partie du film ne comporte aucune musique. Tout ça pour dire que parfois, travailler sans la couleur et sans l'animation donne ce genre d'anecdote.




Quand vous avez-vu le résultat final d'Arrietty pour la première fois, quelle a été votre réaction ?
CC: On ne ressentait plus trop la fraîcheur du film car nous en avions vu les étapes de réalisation, on connaissait le tout, mais il y avait beaucoup d'émotion car nous étions avec tout le staff. De plus, c'était le premier moment où tout le travail fourni prenait vie devant nos yeux, où l'on voyait les personnages bouger, vivre avec la musique derrière. C'était pour nous une sensation très spéciale, même s'il n'y a pas eu la surprise de découvrir l'ensemble. Mais il y avait de la pression quand même parce que pendant la première projection, Miyazaki était juste derrière moi, le réalisateur était à côté de moi et il tremblait en attendant le verdict du maître. Pour lui, c'était un challenge encore plus gros que pour nous, car il se retrouvait ici propulsé réalisateur pour la première fois sous Ghibli.


Aujourd'hui, avec le recul, êtes-vous totalement fière de votre travail sur la BO du film, ou auriez-vous envie d'y changer certaines choses ?
CC: Nous restons contents de notre travail, car nous nous sommes donnés à 100%, avons donné toute notre énergie, avons passé des nuits blanches dessus...

SC: Cela dit, maintenant que nous avons vu comment la production du film se déroulait, on se dit que si l'on avait tout vu à l'avance, on aurait peut-être mieux cerné certaines idées et conçu certaines choses différemment.

CC: En fait, on nous a demandé de composer des chansons sans nous expliquer comment ça allait se passer par la suite, du coup on a tout donné sur les thèmes musicaux. Au moment où nous avons conçu les musiques, nous étions sincères, mais quand on réécoutera le tout dans quelques années, on se dira peut-être que l'on aurait pu faire mieux. Cela dit, ce qui était rassurant, c'était que le staff de Ghibli validait à chaque fois une chanson quand elle était au point, donc si l'une d'elles était ratée, nous le savions et pouvions la modifier. Quelques compositions ont ainsi été recalées, mais ça a été très rare.


On note que les musiques d'Arrietty savent se démarquer de celles des autres oeuvres de Ghibli tout en correspondant bien au film...
CC: Merci, c'est gentil ! Car par exmeple, ça ne ressemble pas du tout aux musiques d'un film comme Ponyo sur la falaise. Tant mieux si le tout colle, car nous avons vraiment travaillé en harmonie avec Ghibli, le réalisateur était très précis sur les différentes émotions qu'il voulait faire passer, et le directeur musical était lui aussi très sensible.

SC: Il faut aussi dire que le producteur, Monsieur Suzuki, a tout de suite vu ce qui allait marcher et ce qui n'allait pas pouvoir se faire. C'est un homme qui a un très bon oeil de ce côté-là. Il a souvent des idées d'avance, que ce soit au niveau de la musique ou pas, des idées que tout le monde suit. C'est sûr qu'un gros studio comme Ghibli a besoin d'un budget conséquent, mais il y faut aussi quelqu'un comme lui à la tête, quelqu'un qui a du génie, du culot, du courage.


Finalement, Monsieur Suzuki peut donc être considéré, en quelque sorte, comme l'élément-moteur du studio Ghibli ?
CC: Oui, on ne remet jamais sa parole en doute, mais il n'est pas fermé pour autant. C'est aussi quelqu'un qui écoute beaucoup les autres. Il ne dicte pas du tout les choses, bien au contraire. Les membres du staff lui font confiance, car c'est quand même quelqu'un qui a de l'expérience derrière lui.


Aujourd'hui, vous voici à la Chibi Japan Expo. Quelles sont vos premières impressions sur cette convention ?
CC: C'est un peu une découverte, car si dans mon univers musical j'ai déjà joué dans des conventions qui portaient plutôt sur la fantasy ou le Moyen-Âge, c'est la prmeiè-re fois que je participe à une manifestation de ce type centrée sur le Japon. J'y découvre une ambiance bon enfant, et je trouve cela plutôt rassurant quant au dynamisme de toute cette culture populaire japonaise. Cela fait plaisir de voir beaucoup de gens s'intéresser de près à tout cela, de voir qu'il ne s'agit pas d'une niche trop fermée.


Passons à présent à une question déchirante ! Nous savons que vous adorez tous les films du studio Ghibli, mais si vous deviez n'en choisir que 3, lesquels citeriez-vous ?
SC: C'est vrai que ce n'est pas bête de n'en demander que 3 ! (rires)

CC: Ce que je vais dire est un peu faux car je les aime vraiment tous, et si l'on me reposait la question demain il y aurait des chances pour que j'en cite d'autres, mais dans l'immédiat, je dirais Mon voisin Totoro pour le côté nostalgique qu'il m'évoque, car il y a dans ce film plusieurs éléments qui me rappellent ma propre enfance. En deuxième, dans un genre différent, je dirais Omoide Poroporo pour le rythme de cette histoire qui est une bouffée d'air frais, pour la justesse des émotions, les petits souvenirs qui sont dépeints de manière forte par Takahata, et la relation avec la nature. Enfin, en troisième, je dirais le Voyage de Chihiro, car il s'agit du premier film devant lequel je me suis vraiment pris une baffe et qui m'a fait aimer ce genre de cinéma, mais aussi grâce à l'imaginaire débordant et délirant présent dans le film, à ses personnages forts.

SC: De mon côté, je dirais Ponyo sur la falaise, également pour cet imaginaire que je trouve encore plus délirant, plus fou que dans Chihiro, notamment ces personnes âgées respirant sous l'eau. De plus, Ponyo passe un peu trop facilement pour un film léger, pour les enfants, alors que quand on regarde bien ce qu'il y a à l'image, c'est de la folie ! En plus, il est vraiment bluffant techniquement. D'ailleurs, le réalisateur d'Arrietty était l'un des animateurs-clé sur Ponyo, et on lui doit certaines des scènes les plus impressionnantes du film, comme la course de Ponyo sur la mer. En deuxième et troisième choix, je dirais, comme Cécile, Omoide Poroporo et Mon voisin Totoro.

Ci-dessous: Cécile Corbel en conférence à Chibi Japan Expo.
 


Depuis votre collaboration avec Ghibli, vous êtes-vous intéressée à d'autres oeuvres de l'animation japonaise ?
CC: Oui, mais vraiment pas grand chose. C'est Simon qui m'a fait découvrir des oeuvres incontournables comme Ghost in the Shell, Akira... Et depuis que nous avons participé à la réalisation d'Arrietty, nous essayons d'être plus curieux dans ce domaine.

SC: Par exemple, moi, récemment, j'ai beaucoup aimé Origine.

CC: Un ami nous a offert le DVD du film Un été avec Coo, qui est touchant aussi. Finalement, avant il n'y avait vraiment que Ghibli pour moi, mais maintenant je découvre certaines oeuvres sans pour autant me prétendre experte en la matière.


Et à présent, quels sont vos projets après Arrietty ?
CC: Arrietty était un peu une parenthèse magique qui allait à 100 à l'heure. La parenthèse va bientôt se refermer, quand le film sera sorti un peu partout dans le monde, et on espère que ça nous amènera à voyager encore un peu pour des avant-première. Mais à présent, c'est un retour à la musique d'avant qui se profile, avec l'enregistrement d'un nouvel album prévu pour l'année prochaine.

SC: On pense que cette expérience nous apportera un nouveau public. Nous avons déjà un public varié, et s'il peut se diversifier encore plus, c'est tant mieux.


Enfin, depuis votre travail sur Arrietty, avez-vous déjà eu d'autre propositions de collaboration de la part d'artistes japonais ?
CC: Non, pas encore. Le travail sur Arrietty est encore tout frais, mais d'autres collaborations ont été vaguement évoquées, car de manière générale, les Japonais aiment bien ce type de collaboration entre artistes. En tout cas, si une opportunité se présente concrètement, j'accepterai sans hésitation de composer à nouveau pour un film, voire de chanter à nouveau en japonais, car ça m'a vraiment plu.


Un grand merci pour cette interview !
 
 
Remerciements à Cécile Corbel & Simon Caby.