Critique du dvd : Chiko, l'héritière de 100 visages Vol.1
Publiée le Dimanche, 18 Octobre 2009
On l’appelle « Cent-Visages ». Ce voleur légendaire, connu pour son habileté à disparaître et ses méthodes originales, a pour devise de ne dérober des objets précieux qu’aux personnes qui ne sont pas censées les posséder. Sa prochaine action ? Enlever une jeune héritière fortunée, Chizuko Minamo, âgée de 11 ans. La jeune fille, qui a perdu ses parents dans un accident, est élevée par sa belle famille qui ne pense qu’à s’emparer de son héritage en l’empoisonnant à petit feu. Sa rencontre avec le voleur et sa troupe de bandits au grand cœur va bouleverser sa vie. Prise d’admiration pour son sauveur, Chizuko, surnommée Chiko, s’engagera alors à suivre ses traces, prête à devenir la digne héritière de Cent-Visages…
« Nijū Mensō no Musume » est à l’origine un manga de Shinji Ohara. Son adaptation animée, diffusée au Japon courant 2008, est une des dernières productions du célèbre studio Bones, auquel on doit notamment des classiques comme RahXephon, Wolf’s Rain, FullMetal Alchemist ou encore Soul Eater. A la réalisation, on retrouve Nobuo Tomizawa, qui s’est déjà illustré dans les œuvres du même style en participant aux films de Lupin III ou Detective Conan. En effet, vous l’aurez surement compris dans le résumé, nous avons affaire ici à un récit d’aventures d’un gentleman cambrioleur dans la lignée directe d’Arsène Lupin. De tous temps, le thème du voleur a toujours été un grand classique, on pensera notamment au célèbre Cat’s Eyes de Tsukasa Hojo. Cent-Visages possède mêmes quelques atomes crochus avec Robin des Bois, en menant une compagnie de joyeux malandrins et par sa philosophie de remettre les choses à leur place. L’archétype du voleur charismatique et généreux, en somme. Toutefois, si la série apporte sa pierre au genre, elle ne saura pas non plus le révolutionner.
L’ambiance de l’œuvre correspond à ce que l’on est en droit à d’attendre. Le cadre se situe sans doute dans la première moitié du XXème siècle, mais sans imposer une vérité historique. Il y est souvent fait mention d’une grande guerre, ainsi que d’une technologie de l’ombre développée durant cette période. On a alors l’impression d’être devant un vieux polar ou un film d’espionnage. Il faut dire que les thèmes musicaux enlevés aux sonorités jazzy peuvent rappeler celles des premiers James Bond. On se retrouve ainsi dans un univers assez attendu, mais qui malheureusement n’apporte aucune véritable surprise, et tend vers une certaine monotonie. En effet, nos héros vivent des aventures autour du monde, mais d’un pays à l’autre, aucun contraste ne se ressent ! L’appel au voyage et à la découverte tombent alors complètement à plat. Le scénario, quant à lui, ouvre quelques pistes intéressantes, après une installation assez poussive. Sur les onze premiers épisodes présentés ici, on peut distinguer deux parties. D’une part, on découvre Chiko en train de grandir, élevé par Cent-Visage et sa troupe. Puis, contrainte de revenir au Japon, on verra la jeune demoiselle partir à la recherche de son bienfaiteur disparu. Si dans la première phase, les épisodes se suivent et se ressemblent, la seconde offre néanmoins des révélations de plus en plus intéressantes. Espérons que des réponses satisfaisantes soient apportées dans la suite de la série pour consolider ce scénario à deux vitesses. Fort heureusement, la série est sauvée par son personnage principal, la jeune Chiko ! Si l’on peut craindre au départ que la faible fillette est destinée à un rôle de princesse à sauver, la demoiselle s’affirme de plus en plus et devient rapidement le véritable moteur de la saga !
Techniquement parlant, la série souffre également de quelques carences. Le graphisme subit l’effet d’une impression de « flou » permanent, qui se ressent également dans l’animation. Pour coller à une ambiance des années 30, la palette de couleurs reste très terne, mais cela apporte un cachet assez morose à l’ensemble. La série se rattrape par son ambiance musicale, mais qui est loin de pouvoir tenir la comparaison avec les ténors du genre (Cowboy Bebop, pour rester dans le même style). De plus, les génériques de début et de fin, orientées pop-rock, font véritablement figure d’intrus !
L’édition offerte par Kaze peut se résumer en deux mots : minimum syndical !
La première chose que l’on déplore est l’absence de version française, seul le choix de la VOST nous est offert. Si l’on peut se demander pourquoi le héros a gagné quatre-vingts visages supplémentaires dans son nom français (!), la traduction est plutôt correcte, mais on pourra regretter que certains textes dépassent du cadre de l’image. Pour le reste, il ne faut pas attendre de bonus, si ce n’est la présence des génériques en version karaoké. En revanche, l’éditeur n’est pas avare en ce qui concerne les bandes-annonces (anime, clip musicaux, mangas), au point de les répéter sur chacun des 3 dvd du coffret !
Au final, Chiko, l’héritière de Cent Visages est une série dans la droite lignée des grands classiques du thème du gentleman cambrioleur, et ne décevra pas ses amateurs, sans pour autant s’imposer comme une œuvre fondamentale. Les épisodes se suivent plutôt bien, et le scénario arrive à s’ouvrir juste avant que le spectateur ne soit gagné par la lassitude. Une production somme toute sympathique, aux personnages attachants, mais qui ne révolutionnera pas non plus le genre.