Critique de la série manga
Publiée le Vendredi, 03 Juillet 2015
Que faire quand on est des adolescents en âge de faire des rencontres et que l’on se retrouve coincé sur une île quasiment déserte ? C’est ce que se demandent tous les jours les élèves du prestigieux lycée Seiho. En effet, dans cet établissement uniquement pour garçons, on ne trouve que des mines peu réjouies à l’idée de passer tout une scolarité loin des attraits des jeunes filles de leur âge. Mis à part pendant les vacances, et encore, les jeunes gens sont éloignés de toute présence féminine et c’est un réel manque dans leur quotidien. La vie en communauté s’organise pourtant, et l’on suivra à travers cette série une petite bande d’élèves de première qui tentent tant bien que mal de tirer profit de la situation. Entre souvenirs, expériences avec une professeur, petite amie sur le continent et recherche désespérée, nos héros essayent d’accumuler un maximum de bons souvenirs de leurs années lycée, pour ne pas songer que seules les études les attendent entre ces murs.
Cette série aux abords sympathiques et légers se définit selon deux axes majeurs qui guident chaque chapitre de l’auteur. La première composante est l’humour. On observe ainsi des jeunes garçons dans une école non mixte, isolés sur une île loin de toute civilisation digne de ce nom ainsi que des jolies filles que leurs collègues, en métropole, fréquentent. On comprend leur désarroi d’être ainsi relégués aux bons élèves, loin des petits plaisirs de la jeunesse, karaokés, sorties, rencontres ... Et les situations qui nous expliquent cet état d’esprit sont souvent drôles, désopilantes et remplies d’un humour autour de la proximité masculine qui, si elle est parfois exagérée, est plutôt réaliste. Tout cela sans jamais tomber dans la facilité du yaoi ou du shonen ai, puisque les garçons rêvent pendant huit volumes aux filles qu’ils ne rencontrent pas, sans se soucier de la possibilité de finir ensemble. C’est la grande qualité de ce manga, un humour qui ne tombe pas dans la lourdeur des clichés. Autre composante, le sérieux des sentiments. Exacte opposée de la précédente, cette notion est pourtant tout aussi développée. Ainsi, on suit les aventures amoureuses de nos héros, notamment Maki et Kamiki, deux personnages intéressants par leur complexité, leurs limites et leurs défauts. Les filles qu’ils côtoient ne sont pas sorties de l’auberge, et de grands moments d’émotion naissent ainsi parfois au détour d’un flash back ou d’une réalité toute particulière aux relations adolescentes. Les chapitres se croisent ainsi, légers ou non, et parfois cela nous embrouille légèrement le cerveau, nous déstabilisant et nous empêchant de bien comprendre la direction prise par l’auteur et sa volonté en ce qui concerne ce manga. C’est ce contraste trop violent qui constitue le principal défaut de la série, qui parfois se perd dans des facilités qui n’ont pas cette émotion fraiche et réelle qu’on connait alors dans d’autres chapitres.
Au niveau des dessins, l’auteur s’en sort plutôt bien avec un trait rondouillard qui change légèrement des coups de serpe donnés aux héros de shojos, même si nos garçons restent tout de même particulièrement beaux ... C’est donc élégant, mais rempli d’un caractère qui suinte du style de l’auteur et qu’on apprécie beaucoup. Les présences féminines sont également très bien représentées, par des émotions notamment qui filtrent de façon très fines dans leurs regards. Pour exemple, Takano parait très inexpressive et pourtant chaque changement sur son visage d’albâtre nous est bien fait sentir. C’est donc un véritable plaisir de suivre les aventures de ces garçons, qui de plus malgré leur grand nombre sont bien représentés différemment. Ainsi, on peut lire sans avoir peur de confondre les visages (quoiqu’entre Tamaki et Genda, parfois la question peut se poser). On remarquera toutefois quelques défauts de proportion, notamment lorsque l’auteur dessine les silhouettes en pied de ses personnages, mais rien de réellement dérangeant d’autant que les gros plans sont une réussite ! Au niveau des décors il en manque toujours un peu mais ceux-ci sont bien dessinés, et adaptés à la mise en page tranquille du manga, qui ne bouscule pas vraiment la construction pour ne pas nous perdre. Enfin, l’édition de Kaze est satisfaisante malgré une traduction parfois un peu maladroite, même si dans l’ensemble cela reste un très bon rendu.
