Boichi SF Short Stories

Ce premier tome d’une anthologie en deux partie reprise telle qu’éditée en 2021 au Japon, comporte huit histoires, une post-face dessinée et des commentaires de l’auteur sur chacun des segments, qui sont l’intérêt principal de l’ouvrage pour les fans de Boichi. En effet, quatre segments étaient déjà présents dans le recueil Hotel (paru en 2011), soit tout de même 150 p. de ce recueil déjà publiées. On peut donc considérer qu’il s’agit d’une semi-réedition, sachant que le volume Hotel est probablement difficile à trouver de nos jours et que le second volume à paraître en juin devrait apporter bien plus de nouveautés.

Comme toujours dans les anthologies, on a affaire à un entrelacs d’histoires solides et de fonds de tiroirs intéressants pour la connaissance globale de l’œuvre de l’auteur et son évolution. Le premier élément est graphique et ne surprendra guère: la technique du coréen est très tôt consolidée et extrêmement léchée. Les visions SF sont superbes et rappellent avec les commentaires finaux que le mangaka est un geek assumé et très pointu sur les sciences après avoir passé des dizaines de livres à se documenter dans sa jeunesse. Les thématiques sont très pessimistes et déjà fortement axées sur l’inéluctable disparition des humains et le rôle des robots pour préserver ce qu’il reste de leurs créateurs… souvent en vain. Cette obsession colapsologiste se trouve (en plus positif) dans Origin et jusque dans le dernier Dr. Stone chroniqué ci-dessus.

Il y a du bon et du moins bon dans ce recueil. Hotel propose une très intéressante nouvelle sur la préservation de l’espèce et le passage du temps. La tête dans le ciel, les pieds sur Terre présente une catastrophique exploration de Venus avec l’apparition du personnage d’Origin (nous rappelant que Boichi a toujours conçu son œuvre comme interdépendante même si de véritables crossover restent encore discrets). La légende de la nuit est une fable cosmogonique très intéressante par la nouveauté graphique que l’auteur propose. Enfin, les deux très courtes pastilles finales sont les plus frustes visuellement (presque un brouillon) alors qu’elles renferment un potentiel bien plus intéressant que Rien que pour des thons (qui m’a laissé très dubitatif), quand Diadem reste sur un lâchage visuel du maître (qui permet de placer du boob dans son recueil tout de même…) mais aussi frustrant narrativement parlant que bien des créations de l’auteur.

On ressort de cette lecture plutôt conquis par la variété des propositions avec un volume qui se classe sur le haut de beaucoup d’anthologies, exercice souvent très réservé.