Yuri is My Job ! Vol.1 : Critiques

Les éditions Meian ont beau avoir déjà flirté avec ce genre via la jolie série Nos Différences Enlacées, c'est en ce mois d'août qu'elles lancent réellement leur collection dédiée au yuri, qui plus est avec une série qui, ces derniers mois, a été assez remarquée grâce à son adaptation animée qui fut diffusée en France en simulcast au printemps dernier sur Crunchyroll: Yuri is My Job!. Prépublié au Japon sous le nom Watashi no Yuri wa Oshigoto desu! depuis 2016 au sein du magazine Comic Yurihime des éditions Ichijinsha (l'un des magazines phares du genre avec des oeuvres comme Citrus ou Whispering you a love song), ce manga compte 12 tomes à l'heure où ces lignes sont écrite. il s'agit de la toute première série longue de Miman, une mangaka ayant débuté quelques années auparavant avec des histoires courtes, toujours dans le yuri.

Hime Shiraki est très mignonne et elle en a parfaitement conscience, si bien qu'elle a toujours tâché d'en tirer parti. Attirant naturellement le regard des autres, elle fait en sorte d'être absolument adorable et gentille avec tout le monde pour être aimée de tous... et cela, même si c'est pour de faux: cette jeune fille de 15 ans, tout juste entrée en seconde au lycée, se contente de jouer un rôle pour rester hyper populaire, et cela dans un but bien précis, à savoir jouer de sa mignonnitude pour dénicher, plus tard, un mec plein aux as et se la couler douce ! Evidemment, personne ne sait que cette adolescente, finalement plus proche de la pimbêche hypocrite que de la beauté adorable adulée, joue en permanence un rôle, sauf auprès de Kanoko, sa plus proche amie depuis le collège. Et même si ce comportement a déjà pu lui jouer des tours à l'époque de l'école primaire, Hime persiste. Car elle en est persuadée: son plan pour mettre la main sur un gros richard est parfait... du moins, c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'un incident la contraigne à travailler temporairement dans un lieu pour le moins atypique: le Café Liebe, où les serveuses, en plus de servir les clients, leur offrent en permanence un spectacle où elles tiennent chacune le rôle d'élèves pures et gracieuses appartenant à une école occidentale catholique, un peu comme on en aurait dans un vieux manga yuri à l'eau de rose ! Qu'à cela ne tienne, Hime se dit qu'elle n'a qu'à incarner son rôle habituel de jeune fille excessivement mignonne et adorable, mais cela va-t-il suffire ? En effet, les clients ont beau se laisser appâter, non seulement le travail de serveuse demande une vraie implication, mais en plus Hime peine à comprendre le fonctionnement du lieu, au point de s'attirer les foudre d'une élégante et jolie collègue dont elle aimerait pourtant se rapproche: Mitsuki.

Sans forcément chercher à proposer un récit très poussé dans ce qui entoure le café pour l'instant (par exemple, ça ne parle jamais des salaires, et on peut se demander quand exactement Hime et les autres trouvent le temps de faire ce travail en cachette de leur entourage), Miman livre un premier volume assez séduisant grâce à son atmosphère jouant sur ce cadre élégant de café occidental fantasmé, un cadre factice où elle peut compter sur son dessin résolument mignon, assez doux et expressif. C'est dans ce cadre non dénué d'humour (au vu de certaines bévues de Hime) que doit évoluer notre héroïne auprès de collègues d'ores et déjà assez bien campée, entre Maï la patronne à l'allure enfantine toute choupi et patiente, Sumika qui quitte son allure de bimbo pour devenir une aînée taquine en tant que serveuse, une autre demoiselle dont on taira le nom et qui arrive à son tour sur place à la fois pour braver sa timidité et pour veiller sur sa Hime adorée, et surtout la fameuse Mitsuki, une fille qui, quand elle ne joue pas son rôle de gentille "grande soeur" auprès de notre héroïne, ne manque pas la moindre occasion de lui lâcher des remarques sévères. Alors, Hime a-t-elle la moindre chance de se rapproche de cette fille ? C'est bien ce que l'on se demande, surtout après le petit retournement de situation des dernières pages qui est prévisible mais efficace.

Qui plus est, si Hime veut se rapprocher de Mitsuki, il faudra sans doute qu'elle le fasse avec sincérité, sans jouer de rôle, et c'est peut-être sur cet aspect-là que ce début de série intrigue le plus: dans le cadre de ce café où les serveuses sont précisément sommées de jouer un rôle, où s'arrêteront ces rôles ? Où sera la frontière entre fiction et réalité dans ce qu'elles diront, dans les relations qu'elles entretiendront ? Dans le cas de Hime qui jouait déjà un rôle au quotidien, ce sera sûrement d'autant plus intéressant à suivre, puisque peut-être qu'elle apprendra en fin, précisément dans ce cadre du café, à être plus sincère à force.

Nous voici donc avec un premier volume plutôt sympathique dans son genre. Sous un trait assez ravissant, Miman installe des bases qui ont de quoi devenir intéressantes, avec pas mal de possibilités de développements et des héroïnes qui devraient sans doute bien évoluer.

Qui plus est, pour le premier titre de sa collection yuri Meian livre une fort belle copie, dans la lignée de ses titres habituels avec une jaquette proche de l'originale japonaise, un logo-titre travaillé en élégance et doté d'un vernis sélectif, une bonne qualité de papier et d'impression, la présence de quatre premières pages en couleurs sur papier glacé, un lettrage soigné de Mathilda Rousseau, e tune traduction très convaincante de Marina Bonzi qui se veut assez vive et qui colle bien au caractère des différentes héroïnes. Le seul élément différenciant cette collection yuri est le logo en haut de la tranche, plutôt bien conçu pour rester discret tout en étant facilement repérable.