Yozakura Quartet Vol.1 - Actualité manga

Yozakura Quartet Vol.1 : Critiques

Yozakura Shijuusou

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 27 Novembre 2023

Au fil des années, Suzuhito Yasuda est un artiste qui s'est bâti une solide réputation en tant que character designer, que ce soit en concevant les illustrations de certains light novels à succès (en tête DuRaRaRa!!, l'oeuvre qui l'a fait connaître à l'international, puis DanMachi dont la popularité ne se dément pas au fil du temps), ou en travaillant sur les personnages de différents animes (comme DIVE!, Gundam Build Fighters ou encore Salaryman's Club). Mais parallèlement à ces projets, Yasuda poursuit également une carrière de mangaka, en ayant déjà conçu quelques récits depuis ses débuts dans la première moitié des années 2000. En France, on connaît sa carrière de mangaka pour sa participation à l'anthologie collective Robot éditée en France par Glénat, puis beaucoup plus récemment pour son dernier manga en date Bootsleg qui a été lancée dans notre langue il y a quelques mois par Noeve Grafx, et enfin pour ce qui est sûrement la série la plus emblématique de sa carrière puisqu'elle compte à ce jour 30 tomes et qu'il la poursuit inlassablement au Japon depuis janvier 2006 pour le compte du magazine Shônen Sirius de Kôdansha. Il s'agit de Yozakura Shijûsô, que Pika Edition publie en France depuis novembre 2011 sous le titre Yozakura Quartet. Cette oeuvre a beau être l'un des fers de lance du Shônen Sirius au vu de sa longévité et de ses adaptations animées (une saison 1 en 2008, 3 premières OAV en 2010, une saison 2 en 2013, et une OAV supplémentaire toujours en 2013), elle n'a malheureusement pas spécialement rencontré le succès dans notre pays, si bien que même si Pika poursuit fort heureusement la publication des nouveaux tomes, les anciens volumes ne sont pas réimprimés, et il devient donc difficile de se lancer dans la série autrement que par le biais de l'occasion de nos jours. C'est, d'ailleurs, en guettant les tomes d'occasion à un prix décent que votre serviteur a enfin pu se lancer dans la série, après quelques années de recherches. Si vous voulez vous y mettre sans casser la tirelire, bon courage, quand on voit que certains connards revendent certains tomes à plus de 200€ sur certains sites.

Yozakura Quartet nous plonge directement dans le feu de l'action, sans round de présentation, au gré de quelques première brèves affaires ayant lieu dans une cité nommée la ville nouvelle de Sakura, où humains et yôkai semblent cohabiter. Une affaire d'agressions où l'agresseur n'est a priori pas humain, le mystère d'un gamin d'habitude très jovial mais qui est devenu amorphe, la découverte d'un étrange petit chien n'étant peut-être pas tout à fait ce qu'il semble être... Ce sont ces premiers petits soucis que doivent résoudre les quatre membres du bureau de consultation sur la vie Hiizumi: Akina, un type à première vue normal (mais l'est-il totalement ?), Hime, une humaine améliorée qui est la maire du quartier, Kotoha, une lexicologue capable de matérialiser les mots, et Ao, une yôkai télépathe.

Vraiment peu commune, cette petite équipe attise tout naturellement notre curiosité, et ça tombe bien puisque ce premier tome vise avant tout à les installer et à nous les présenter dans les très grandes lignes. On découvre certains de leurs traits de caractère leur valant d'ailleurs parfois quelques désaccords (par exemple, là où Hime pense avant tout au quartier en lui-même, Ao accorde plus d'importance aux habitants, tandis que Kotoha devient dangereuse quand elle est en colère), quelques éléments de leur background/passé (le contexte dans lequel Hime est devenue maire à un très, très jeune âge, la manière dont Akina a recueilli Ao sur demande de son grand frère Gin...). Et si ces personnalité restent somme toute très stéréotypées pour le moment, le fait que les quelques débuts d'approfondissements distillés sont suffisants pour susciter notre curiosité.

Cependant, si Yasuda installer assez honnêtement ses principaux personnages, il faut avouer qu'il en est tout autre au niveau de l'univers, sur lequel il ne précise quasiment rien pour l'instant. On sait juste qu'on est dans une ville nouvelle où résident des humains et des yôkai tantôt gentils tantôt moins amicaux, que nos héros ont des capacités facilement intrigantes (en particulier Kotoha, dont le pouvoir de matérialisation des mots est assez original), qu'il existe sept piliers sur lequel le mangaka ne dit rien de plus... C'est très pauvre au niveau de la contextualisation, mais cela semble voulu, non seulement parce que Yasuda en profite surtout pour laisser deviner la présence d'un ennemi plus consistant (que l'on entrevoit à quelques reprises dans ce tome, brièvement), mais aussi parce que l'auteur avoue lui-même dans sa postface que l'intrigue décollera réellement à partir du volume 2.

Ce tome est donc avant tout à prendre comme une mise en place classique mais suffisamment efficace des principaux personnages, à défaut d'une installation vraiment marquante de l'univers. Et cette constatation, on la ressent aussi à travers les dessins du mangaka: Yasuda tend à proposer des décors/fonds très lisses voire quasiment inexistants pour l'instant, pour mieux se concentrer sur les designs de ses personnages qui sont tous assez vivants, bien reconnaissables, expressifs et suffisamment fins (même si, premier manga long de l'auteur oblige, on sent quelques tâtonnements qui se gommeront fort logiquement sur la longueur). A ce titre, on sent bien que Suzuhito Yasuda est avant tout un artiste qui a construit sa belle réputation sur ses characters designs léchés, séduisants et immédiatement identifiables, ce ne sont pas les nombreux personnages réussis de DuRaRaRa!! et de DanMachi qui nous feront dire le contraire !

Côté édition, ça reste très honnête pour un livre initialement sorti en France il y a 12 ans. Pas d'esbroufe sur la jaquette, qui reprend sobrement l'illustration de l'édition originale japonaise tout en imaginant un logo-titre assez soigné. Le papier et l'impression répondent aux critères de Pika de l'époque (ni mauvais, ni excellent), le lettrage est dans l'ensemble assez convaincant, et la traduction assurée par Vincent Zouzoulkovsky reste honnête même si elle n'est pas toujours très naturelle. Enfin, n'oubliez pas de parcourir l'assez longue postface de Yasuda, intéressante puisqu'il y revient notamment sur la phase de création de l'oeuvre jusqu'à ce que celle-ci soit validée par son éditeur.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs