Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 27 Juillet 2010
Il était une fois, dans un village tranquille de Perse, une jeune serveuse du nom de Chirine qui offrait du bonheur aux habitués du Sigar bar. Un soir, alors qu'elle alla prendre son bain, elle fut surprise par un Sibyl, un dew (démon) aux habitudes vicelardes. Fort heureusement, elle rencontrera le jour suivant un Yazata, chasseur de dews, à qui elle offrira toute sa confiance. Cet homme serait-il celui qui l'a sauvé dans sa jeunesse, alors que son royaume fut anéanti ?
Yazata est une des premières séries proposées par le jeune éditeur Aqua Lumina, qui offre avec ce titre un véritable manga, en respectant les codes du genre, à commencer par le sens de lecture. L'auteur Sib, de son vrai nom Cyril Bouquet se lance ici avec un ouvrage orienté shonen. Le récit se veut ancré dans l'aventure et dans l'action, avec un univers oriental qui n'est pas sans rappeler le royaume d'Alabasta de One Piece. D'ailleurs, ce n'est pas le seul rapprochement que l'on peut faire par rapport au titre d'Eichiro Oda. Sib opte en effet pour un style graphique assez rond et presque dénué de trames, et on retrouve également le même dynamisme dans l'humour et dans les séquence de combats.
Il faut néanmoins l'avouer, le trait de l'auteur pêche encore par de nombreuses maladresses et manque encore de professionnalisme, notamment dans certaines expressions du visage, et quelques soucis dans la dynamique de la narration. Le style a néanmoins le mérite de se vouloir très clair et lisible. Du côté du scénario, on n'atteint pas non plus une très grande complexité. Des gros monstres méchants, des héros qui se combattent à l'aide de techniques spectaculaires, une princesse naïve comme il faut,... certes, le récit cherche à offrir quelques rebondissements, mais qui ne surprendront pas les habitués du manga. Mais Yazata n'a sans doute pas cette prétention ! En se voulant léger, direct et résolument joyeux, le titre semble d'avantage se destiner vers un public jeune, voulant s'initier doucement au genre. En outre, ce tome est auto-conclusif et peut se lire comme une aventure unique, même si un second opus est d'ores et déjà en préparation.
On ressent d'ailleurs l'humilité de l'auteur, lorsqu'il se montre complice et proche du lecteur. C'est ainsi que l'on retrouvera de nombreux bonus témoignant de sa sympathie, comme une histoire annexe sur Sibyl, le démon fripon dont Sib prévoit déjà la popularité, mais aussi de nombreux croquis préparatoire et la présentation du travail d'une planche, étape par étape. L'éditeur se veut tout aussi convivial en sollicitant son public en fin d'ouvrage. L'édition, justement, se veut de bonne qualité, avec un papier suffisamment épais et un encrage sans défaut. On regretta simplement la relative rigidité de l'ouvrage.
En définitive, Yazata ne révolutionnera pas le genre du manga, ni celui du global manga, se heurtant très rapidement à ses modèles évidents. Le titre se révèle néanmoins sympathique et essaie de tirer son épingle du jeu avec son ambiance orientale plutôt aboutie, jusqu'aux onomatopées transcrites en langue perse ! Si le travail de l'auteur est encore assez perfectible, la bonne humeur, l'esprit bon enfant et la proximité avec le public devrait pouvoir attirer quelques curieux. Souhaitons bon courage à Sib, en attendant les prochaines aventures des yazatas !