Yakuza Reincarnation Vol.1 - Actualité manga
Yakuza Reincarnation Vol.1 - Manga

Yakuza Reincarnation Vol.1 : Critiques

Ninkyô Tensei: Isekai no Yakuzahime

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 12 Janvier 2022

Particulièrement présent par le biais des œuvres d'animation et par le manga, le genre de l'isekai a trouvé sa place chez nous. Tantôt apprécié tantôt raillé, ce type de récit projetant un ou plusieurs protagonistes dans un autre monde, souvent teinté de fantasy, séduit par ses codes et sa capacité à amener du renouveau selon les titres et les auteurs. Certaines maisons se font aujourd'hui représentantes de ce genre, comme Delcourt/Tonkam et Meian, bien que bien des éditeurs tels qu'Ototo ou Kurokawa aient aussi fait leurs propositions avec des sagas célèbres. De son côté, Kazé s'était montré distant avec ce type d'oeuvres. Ainsi, l'arrivée de Yakuza Reincarnation dans la catalogue de l'éditeur peut sembler surprenant.

Si une grosse part des mangas isekai sont tirés de light novel, ce n'est pas le cas du titre qui se partage néanmoins entre un scénarise, Takeshi Natsuhara, et un dessinateur, Hiroki Miyashita. L'auteur est spécialisé des récits noirs, de gang ou de yakuza, donnant une certaine légitimité à ce choix d'histoire dans sa carrière. Du côté du dessinateur, Hiroki Miyashita est connu chez nous pour deux de ses œuvres, Monju – Au service de la justice et Héros malgré lui.
La série est en cours de parution depuis 2019 dans le Sunday GX, sous l'intitulé Ninkyo Tensei. Sept opus ont été publiés au Japon à l'heure où ces lignes sont écrites, tandis que le second volet atteindra nos librairies en fin de mois.

Yakuza Reincarnation a un titre assez équivoque, puisque la série s'intéresse à un membre de la société du crime : Ryûmatsu. Cinquantenaire, le mafieux est particulièrement respecté et a bien roulé sa bille dans ce milieu de l'ombre. Il a beau ne plus avoir la souplesse ni la robustesse d'antan, il reste une figure appréciée par ses pairs comme par les citoyens. Cela ne l'empêche pourtant pas d'être trahi par l'un de ses acolytes. Mais comme si le tatouage de la déesse qui orne son dos avait agit comme une entité salvatrice, Ryûmatsu ne décède pas... mais se réveille dans un autre monde, et dans le corps d'une demoiselle ! Dans ce monde, il est la princesse Sanaria-Ryû, une identité dont il doit s'accommoder puisque son royaume est en péril. Divisé par différentes querelles, le pays aurait bien besoin de l'expérience du yakuza pour que son blason soit redoré. Et fort heureusement pour Ryû : La désormais jeune fille a non seulement récupéré ses jeunes années, mais aussi toute la souplesse qu'elle avait perdu au fil de l'âge !

Couplé la figure du vieux yakuza respectable à l'isekai semblait être une bonne idée pour apporter une pierre à l'édifice au genre de la réincarnation dans un autre monde. Une trouvaille particulièrement bien éxécutée de prime abord tant le récit prend quelques pages pour présenter son protagoniste, instaurer un point de mystère tout particulier, puis d'expédier ce personnage dans un monde de fantasy. Dès lors, le concept peut se mettre en marche, aussi ce vieux truand à la morale honorable qu'est Ryûmatsu devient la frêle princesse Sanaria-Ryû. Autrefois douce, la demoiselle accueille maintenant l'âme d'un gangster qui, bien content de retrouver la forme de sa jeunesse, doit faire connaissance avec ce nouvel univers.

Cette rencontre se fait non sans légèreté, et tout en prenant le temps de planter à la fois le rapport du yakuza à ce monde tout en plantant peu à peu un véritable contexte « politique », et en intégrant les premiers éléments d'une menace. Mais plus que ce scénario que Takeshi Natsuhara et Hiroki Miyashita cherchent à nous vendre, c'est la nonchalance du protagoniste vis à vis de son nouvel environnement qui amuse. C'est assez simple dans l'idée, mais ça suffit globalement à conférer un charme à ce tome d'introduction, tout en contemplant les quelques points d'intrigue distillés ci et là, mais qui ne sont pas encore assez murs pour susciter une vraie passion pour l'instant. Ca sera donc à la suite de confirmer ces bases alléchantes, mais pas tout à fait suffisantes.

Et si le caractère de Ryû nous porte, c'est parce que les auteurs ont su faire le compromis entre l'âme de vieux bougon du yakuza et le côté fougueux de la princesse. Une bonne idée qui viendra pourtant nous pousser à se poser des questions, tant le comportement du personnage n'a finalement plus grand chose à voir avec celui du mafieux réfléchi et respectable, bien que fort de prestance. Il suffira alors d'une toute petite phrase dans le récit pour justifier cet aspect, un point qu'on accepte même si l'idée de perdre totalement le caractère initial de Ryû entrave un poil le potentiel novateur du titre. Peut-être une possible évolution à l'avenir ?

Et qu'on apprécie cette proposition ou non, force est de constater que la patte graphique de Hiroki Miyashita fait mouche. Le mangaka a un cachet visuel indéniable tant dans les nuances des faciès que dans son découpage et sa narration qui augurent du très bon si le titre compte s'aventurer dans des séquences plus grandioses et épiques. Un petit régal visuel donc, aussi il y a de quoi avoir envie de suivre l'évolution graphique de Yakuza Reincarnation.

Le constat est donc assez satisfaisant au terme de ce premier tome. Les auteurs ont encore bien à faire pour exploiter tout le potentiel et le concept du manga, mais l'introduction demeure plaisante dans ses idées et par son personnage fougueux et en parfait décalage avec ce qui l'entoure. Le tout appuyé par la patte du dessinateur, on a bien envie de voir où la série peut nous mener.

Côté édition, Kazé offre un travail satisfaisant, avec sa fabrication habituelle mais malheureusement sans page couleur (chose qui incombe évidemment à l'édition japonaise d'origine). La traduction d'Arnaud Delage est particulièrement efficace pour retranscrire l'énergie du récit, tandis que le lettrage du studio Mameshiba assure un bon confort de lecture et leur maquette une bonne résonnance avec le contexte de la série.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs