XXX Holic - Clamp Universe Vol.1 : Critiques

XXX Holic fait partie des séries les plus iconiques des CLAMP pour la décennie 2000. Il n’est donc pas anodin que le titre soit la figure de proue du lancement de la collection CLAMP Universe des éditions Pika. Une réédition fortement attendue par les lecteurs, d’ailleurs, puisque les volumes de la version initiale sont épuisés, et certains devenus rares… et chers puisque les spéculateurs -insérer nom d’oiseau ou toute autre marque de mépris- s’en sont donnés à cœur joie. Certes, cela se fait par une charte artistique nettement différente, et moins élégante que la première, mais on comprend aisément la volonté d’uniformité de la nouvelle collection, sans compter le poids des ayants droit qui doit être des plus importants pour empêcher toute sortie du cadre de base.

Le manga fut initialement publié entre 2003 et 2011, d’abord dans le Young Magazine, puis dans le Bessatsu Shônen Magazine lors de ses derniers mois de parution, pour un total de 19 tomes. La nouvelle version ne trahit pas cette numérotation, de manière à proposer le même découpage qu’à l’origine. L’une des particularités de l’œuvre est d’abord été publiée en parallèle avec Tsubasa Reservoir Chronicle, les deux mangas se faisant écho, ce qui se prouve dès ce premier opus (nous y reviendrons).

Enfin, notons qu’il existe depuis 2013 un midquel, un nouveau volet qui se déroule entre les événements de la série de base, avant sa conclusion donc. XXX Holic Rei a connu un long temps de pause, mais est de retour depuis peu au Japon, la sortie de son 5e tome étant imminente. Le retour du manga d’origine chez nous est donc un possible moyen pour les éditions de relancer la série suivante.

Lycéen, le jeune Kimihiro Watanuki a la capacité de voir les esprits. Plus qu’un don, il perçoit cela comme une véritable malédiction dont il souhaite se débarrasser. C’est par le plus pur des hasards, mais aussi de manière forcée, qu’il pénètre dans la petite boutique de Yûko Ichihara, une magicienne excentrique qui a la capacité d’exaucer le vœu de quiconque en fait la demande… en échange d’une compensation adéquate. Pour Watanuki, c’est la possibilité de se débarrasser de son pouvoir, à condition de payer son dû en devenant l’homme à tout faire de Yûko pendant une certaine période ! Plongé dans une réalité qui le dépasse, le garçon va découvrir ce qu’implique le commerce de celle que l’on surnomme aussi « la sorcière des dimensions »…

Avec ce premier volume de XXX Holic, on peut penser que les CLAMP sont revenues à des amours du fantastique qu’elles ont déjà développé avec des œuvres telles que Tokyo Babylon. Car dans l’aventure du jeune Watanuki et de la sorcière Yûko, il y question d’occulte à travers différentes affaires, le tout non sans suspense et mélancolie, des touches que ce premier volet manie très bien. La situation de base autour du héros sonne comme un prétexte pour lancer une succession d’intrigues surnaturelles, une configuration tout à fait convenable, notamment parce qu’elle instaure un duo central particulièrement efficace. Les deux tempéraments opposés se confrontent pour créer une tonalité vraiment séduisante, menant à des touches d’humour qui placent souvent ce tome dans la comédie. Si on compare le récit à Tokyo Babylon, autre série aujourd’hui disponible dans la collection CLAMP Universe, on note une ambiance plus fraîche dans XXX Holic, peut-être plus moderne.

Cette modernité, elle se ressent aussi dans le style des autrices, bien différent de celui des années 80 et 90. Il est globalement moins contemplatif dans sa narration, mais propose de nombreuses idées visuelles tandis que le trait des personnages s’est particulièrement affiné. Proposer le titre en parallèle à une série plus ancienne dans le cadre des rééditions a donc du sens : non seulement les formules se font écho, mais l’art des CLAMP a tellement évolué qu’on apprécie deux styles distincts et tant de propositions qui collent avec le charme de ces histoires.

On se laisse donc emportés et charmés par ce premier volume, plaisant et rythmé, drôle et touchant, qui ne manquent pas d’idées tant sur les plans scénaristiques que visuels. La « cerise sur le gâteau » vient de la nature propre du manga qui fait écho à divers mangas des CLAMP, que ce soit en guise de simples références, comme pour connecter les univers, ou tout bonnement en les intégrant dans les enjeux à part entière de XXX Holic. A ce titre, les dernières pages sonnent comme un véritable retournement de situation qui fait basculer la narration dans un autre registre. Le seul vrai reproche sur la démarche vient de l’indisponibilité de Tsubasa Chronicle dans nos étalages. Malheureusement, la version « Clamp Premium » (qui sert de base à la nouvelle collection des éditions Pika) n’a toujours pas vu le jour au Japon, empêchant une parution parallèle des deux titres dans leurs nouveaux écrins, comme ce fut le cas avec les moutures initiales des deux séries durant les années 2000. Voilà qui permettra de juger la présente série comme récit à part entière, sans pouvoir encore juger toutes ses connexions avec le vaste univers des mangakas.