Work in - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Mai 2012

On connait déjà l’auteur par sa série « My demon and me », actuellement en quatre tomes aux éditions Asuka. On l’y avait vue un peu maladroite avec ses personnages de début de série, un peu brouillonne dans les sentiments qui ne se développaient guère. Toutefois par la suite elle a su faire preuve d’imagination et de finesse pour relever l’impression que l’on a de son travail. Avec ce one shot intitulé « Work in », la mangaka revient vers nous pour nous prouver qu’elle sait gérer des protagonistes avec toute la nuance qu’on lui a découverte. La narration se scinde en deux, pour deux couples. Le premier occupe les deux premiers chapitres de l’histoire et un bonus de fin. Il s’agit d’Iizuka, un jeune cadre d’entreprise homosexuel intéressé par son jeune supérieur, qui un jour l’invite à boire un verre. Ce dernier lui a fait des avances mais Iizuka ne s’en souvient pas, ce qui creuse un écart entre eux. Et tout devient plus clair quand Takase, son supérieur, l’embrasse en lui demandant de sortir sérieusement avec lui. Cette première histoire est intéressante par les caractères de ses protagonistes, dont on attendait pas ce revirement. C’est finalement Takase qui sera le plus intrusif, et Iizuka timide alors que c’est le premier à avoir eu des sentiments. Le scénario coule de lui-même, et s’il n’y a rien de plus complexe qu’une simple histoire d’amour on en sent les travers et les difficultés avec une réelle justesse.

La seconde histoire s’étale sur trois chapitres, et se trouve donc être plus conséquente. Kôji erre depuis des années à la recherche de son âme sœur, si bien que toutes ses relations ne sont que des coups d’un soir, pour peu que son partenaire soit beau. Mais un jour, en bousculant une petite fille dans la rue et en la ramenant chez elle, ce coureur de jupon va tomber sous le charme d’un heureux papa buraliste divorcé. Sa beauté le touche au cœur, aussi qu’elle n’est pas sa surprise quand il découvre qu’elle n’était qu’un mirage éphémère. Pourtant Kôji est persuadé d’avoir trouvé l’homme de sa vie, aussi compte-t-il bien s’accrocher jusqu’au bout, malgré ses hésitations. Sans doute la meilleure partie du manga, cette histoire est emplie de maturité et pourtant les protagonistes sont comme des adolescents. On en apprend davantage sur les premiers émois qui prennent parfois le cœur des adultes, avec un grand plaisir et une grande finesse dans les émotions. Le seul regret : le manque d’une ou deux scènes de sexe, pas forcément très détaillées mais un peu plus que de vagues illusions pour des personnages de cet âge. Dommage qu’on ne puisse pas pousser leur relation jusque-là, nous obligeant à imaginer comme on peut ... Malgré tout, c’est un grand moment de douceur, de simplicité et pourtant de complexité autour des émotions humaines qui nous est proposé là pour notre plus grand plaisir.

Niveau dessins, on apprécie le design assez varié des personnages, les traits adoptant tous un compromis savamment dosé entre douceur et offensivité, avec des pointus dans le regard ou le visage mais également des sourires plus joviaux ou des sentiments exprimés avec justesse. On voit que l’auteur se soucie des détails, avec un sens du trait qui est particulièrement soigné et qui donne des émotions très nuancées à ses protagonistes. S’ils ont tous l’air un peu triste de par les pensées un peu complexes qui les habitent, tous se différencient bien les uns des autres. De plus, la mangaka parvient à redonner de la virilité et du charme masculin aux bishonen qu’elle dessine pourtant, essentiellement grâce aux morphologies qu’elle travaille avec soin. Les corps sont bien étudiés, tout comme les arrières plans. Ceux-ci paraissent un peu vide parfois, mais ils mettent bien en valeur les personnages, et surtout ce vide permet de faire passer des émotions. Notamment, l’impression que rien n’est fini et que tout reste à faire lorsque l’on quitte ces personnages aussi disparates qu’intéressants. L’édition de Taifu est habituelle à ce qu’on lui connait. Dommage que les pages paraissent un peu fines au vu de la faiblesse des décors, que le prix soit aussi élevé alors que le manga est tout fin et que les onomatopées ne soient pas toutes adaptées. Un très bon moment de lecture, plutôt loin des standards même si la narration reste d’une simplicité évidente.


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs