Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 17 Janvier 2012
Poignardé par Ryuko, Inugami semble mal parti, car cette nuit, la lune est absente... Pourtant, le jeune garçon ne perd pas ses forces pour autant et se lance les deux pieds devant dans le piège de Haguro pour sauver Aoshika. La légende de la perte de pouvoir des loups-garous lors de la nouvelle lune serait-elle fausse ? Akira trouve-t-il tout simplement sa force dans sa volonté de secourir Aoshika ? Cet élément n'est-il qu'un prétexte facile, un de plus, pour enchaîner directement sur du bourrin ? Les deux premières hypothèses étant à peine esquissées, on penchera plutôt pour la troisième : le prétexte facile, qui a donc, en plus, tendance à confirmer l'inutilité du personnage de Ryuko.
Puis c'est une autre inutilité qui se confirme petit à petit : celle du journaliste Akira Jin, apparu depuis déjà quelques tomes, présent lui aussi là où Aoshika est retenue, mais ne faisant rien hormis parler pour ne rien dire. Par défaut, Akira part donc seul à l'assaut de Haguro et de ses sbires, s'infiltre dans la propriété et explose les uns après les autres les ennemis se présentant face à lui, au fil de pages peinant, ce coup-ci, à mettre réellement en valeur toute la violence et l'horreur de ce qui se joue. Si le design des personnages parvient à nouveau à faire ressortir la folie pure d'un personnage comme Haguro, la mise en scène est peu inspirée, et les dessins souffrent par moments de réels problèmes de proportion ou de plans, à l'image de la case où Akira bondit sur la voiture de Jin, passage où notre héros, dans les airs, ne ressemble à rien.
Akira s'infiltre donc, tabasse les méchants, qui sont par ailleurs longs à la détente, car, Haguro compris, il leur faut quasiment un tome complet pour comprendre que c'est Akira qui les attaque, et pas le journaliste comme ils le pensent, alors même qu'ils attendent de pied ferme l'arrivée d'Akira et qu'avec un peu de jugeote ils auraient dû tilter tout de suite qu'un simple journaliste ne pourrait pas se débrouiller aussi bien. Une stupidité de plus, passons.
Entre deux phases de débilité maladive des ennemis, les facilités et incohérences sont toujours là, plus flagrantes que jamais. Comment diable Haguro a-t-il pu se procurer des mines antichar ? Mieux encore, comment le portable trouvé par Akira a-t-il pu résister à de telles explosions ?
Un autre gros problème vient ici de la narration extérieure, à laquelle les auteurs nous ont déjà habitués, mais qui a ici tendance à venir briser le rythme quand le texte part sur des explications sur les ennemis et les armes, comme celles sur les chiens ou sur les fusils. On sent ici une volonté des auteurs de mettre en avant quelques caractéristiques de la déchéance humaine via l'exploitation des animaux ou des armes, mais le problème est qu'ils en parlent maladroitement et sans aller au bout de leurs idées. Puis, quand on constate que ces passages sont tantôt narrés par un narrateur extérieur à l'histoire, tantôt par Akira, la cohérence narrative finit d'être achevée.
Du côté de Haguro, les choses ne sont guère mieux. Après des volumes complets où le bonhomme ne s'est jamais remis en question, les auteurs décident, comme un cheveu sur la soupe, de le confronter aux fantômes de son passé, au sens propre comme au figuré. Tandis qu'on se demande pourquoi ce choix est fait maintenant et d'un seul coup, on ne peut que constater que la façon qu'ont les auteurs de représenter la chose passe complètement à côté de son objectif. La psychologie (ou absence de psychologie, plutôt) de Haguro paraît ici plus grossière que jamais tant le tout est peu inspiré.
Enfin, que penser de la fin du volume, où l'on retrouve une Aoshika plus pitoyable que jamais ? Si l'idée d'aborder le désespoir total de la jeune femme, au bord de la folie, tellement à bout qu'elle s'offrirai désormais de son plein gré à n'importe quel homme, aurait pu être intéressante pour présenter une autre faiblesse humaine, la façon qu'ont les auteurs de présenter la chose est une nouvelle fois pathétique, grossière, tant ceux-ci semblent avoir décidé d'humilier leur pseudo-héroïne jusqu'au bout.
Au final, de bonnes idées, mais elles sont toutes vendangées, et la série souffre plus que jamais de ses facilités et incohérences scénaristiques, narratives et visuelles.