Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 02 Octobre 2024
Le quotidien de Shirô Kakei et de Kenji Yabuki, couple gay, se poursuit au fil d'une nouvelle salve de 16 chapitres plus ou moins indépendants, dans ce deuxième volume double de 300 pages. Et une nouvelle fois, Fumi Yoshinaga y met en scène des situations de départ généralement assez anodines, telles que pourrait en vivre n'importe qui: une visite de Shirô chez ses parents pour le nouvel an, l'arrivée d'une jeune stagiaire au cabinet d'avocats, la venue au selon de coiffure d'une cliente régulière qui ne réserve jamais, un partage de pêches avec Kayoko, la venue à la maison de Yoshi et Tetsu pour un dîner, une fièvre de Shirô qui réjouit Kenji car il va pouvoir dorloter son bien-aimé, la possible participation de Shirô à une émission télévisée (ce qui ne l'enchante aucunement), la découverte des petits secrets adultères vraiment pas glorieux du patron de Kenji... sans oublier le simple fait de faire les courses en restant au taquet face aux bonnes affaires, sont quelques-unes des moments de vie que l'autrice propose pour, ensuite, amener des petits développements divers et variés mais toujours pertinents.
Ainsi, au gré de ces moments et des discussions de nos héros avec leur entourage (visages déjà connus comme nouvelles rencontres), Yoshinaga, à travers sa narration et son écriture assez posées et très claires, parvient très souvent à amener quelques sujets de réflexions, que ce soit sur le regard porté sur les couples homosexuels, les pressions pour avoir des enfants, les soucis financiers face à des choses pourtant aussi essentielles que la santé... et quand elle n'amène pas ces sujets à grande échelle, l'autrice sait aussi distiller de nouvelles choses plus personnes sur ses principaux personnages, par exemple sur le précédent copain de Kenji ou sur le passé de la mère de Shirô dans une secte, ce qui contribue à les rendre subtilement toujours plus vrais et "proches de nous".
Enfin, face à ces diverses petites épreuves du quotidien dont ils ressortent parfois un peu épuisés, il va de soi que Shirô et Kenji ont toujours à coeur de se retrouver et de se réconforter, ce qui passe beaucoup par la cuisine bien sûr, celle-ci restant l'élément moteur de l'oeuvre au point de lui offrir son titre ! Chaque chapitre voit donc arriver une ou plusieurs nouvelles recettes de cuisine japonaise assez simples et réconfortantes,soigneusement décortiquées directement dans les chapitres plutôt que dans des fiches bonus. Cela peut faire décrocher de la lecture parfois, mais ça offre quelque chose de plus immersif, et puis si la lassitude arrive il y a toujours moyen de sauter ces pages culinaires (ou de juste profiter de certains dessins alléchants sans lire les textes) sans que ce la gêne la compréhension. Et pour bien faire les choses, Soleil nous gratifie toujours, en fin de tome, d'un généreux lexique de quelques pages, vraiment bienvenu.