Void - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 30 Janvier 2018

Critique 2


Pour son anniversaire, Maki reçoit de la part de son ami Rowen un humanoïde. Il porte le nom d’Arata et contrairement aux humanoïdes classiques, il a été modifié illégalement pour le sexe. Maki refuse dans un premier temps de le garder. Mais lorsqu’il apprend que les souvenirs de Ren, l’homme dont il était amoureux, y ont été implantés, il décide finalement de le conserver. Or, au lieu de le chérir, Maki tourmenté par une trahison passée décide de se venger…


Avant d’aborder le récit de cette œuvre, saluons la qualité de l’édition de ce titre. En effet, les éditions Taifu nous offrent un volume relié en grand format. Les pages sont de très bonne qualité. Quant à la couverture, elle est tout simplement magnifique à la fois par les couleurs, mais également par l’effet brillant tissé lié à la matière utilisée.


« Void » est un œuvre sombre qui nous plonge dans les ténèbres d’un homme, Maki, rongé par un passé douloureux. De son passé, l’auteur choisit délibérément de n’en révéler que très peu d’éléments au début de son récit. Nous découvrons donc Arata un humanoïde qui a les traits de l’ex-amant décédé de Maki. Pour le lier à Maki, un « imprint » est utilisé et de ce fait, Arata se lie aveuglement à son propriétaire. Très vite, nous découvrons que Maki n’est pas un homme aux mœurs respectables. A peine son humanoïde entre les mains, qu’il se voue à des châtiments corporels et sexuels à tout bout de champ. Entre viols et sévices, Maki n’arrive pas à s’arrêter et pour nous, lecteurs, nous comprenons mal les raisons de cet acharnement sur cet être inoffensif. Il faudra attendre pour comprendre les raisons du mal-être de Maki, de cette trahison qui le ronge et qui l’emmène à s’acharner sur Arata. Mais, ses raisons justifient elles autant de cruauté ? Surtout qu’Arata, vierge de toute relation, ne peut se défendre, car il n’a aucune notion de ce qu’est la normalité sexuelle et relationnelle entre deux individus.


Cette œuvre est à la fois prenante, mais dérangeante par certains de ses aspects. L’auteur en faisant le choix de nous livrer les explications qu’à la fin, rend la lecture difficile par les actes de cruauté et surtout nous laisse un peu trop longtemps dans l’incompréhension. Finalement, quand l’explication arrive, nous aurions aimé plus de développement de la relation passée de Maki pour nous imprégner de toute sa détresse sentimentale.


Critique 1


En ce mois de novembre, les éditions Taifu Comics nous proposent de découvrir pour la première fois en France une jeune artiste qui a tout pour s'imposer parmi les grands noms du boy's love. Ayant débuté sa carrière en 2014, Ranmaru Zariya a très vite été remarquée au Japon, au point de remporter quelques récompenses dès ces premiers travaux, notamment pour son titre Nemuni Otoko to Koi Otoko qui été élu meilleur manga érotique aux Chil Chil BL Awards 2016. Prépublié d'avril à décembre 2015 dans le magazine Be x Boy Gold de l'éditeur Libre Shuppan pour un total de 5 chapitres et un épilogue, puis paru en un seul tome relié de 210 pages en avril 2016, Void suit les mêmes traces, en étant récompensé à son tour du titre de meilleur manga érotique à l'édition 2017 de ces mêmes awards.


Autant dire que la curiosité est piquée pour la parution de Void en France, d'autant plus au vu de l'édition proposée par Taifu Comics : un grand format qui est certes sans jaquette ni rabats, mais qui bénéficie pour son premier tirage d'un joli pelliculage brillant à effet tissé, pour une petite édition collector qui attire l'oeil. Ce grand format est vraiment appréciable pour profiter au mieux du gros travail graphique de la dessinatrice. A l'intérieur, l'éditeur nous offre un très bon travail de papier et d'impression effectué chez l'imprimeur Aubin, ainsi qu'une traduction très fluide de Margot Maillac où l'on notera juste 2-3 petites coquilles (un "étonnement" au lieu d'"étonnamment", entre autres).


Void nous plonge dans une réalité très proche de la nôtre, à ceci près qu'hommes et humanoïdes y cohabitent, et que les deuxièmes sont au service des premiers qui, entre autres, leur implantent des souvenirs. Ancien membre de la division de protection des humanoïdes, Maki est un homme au coeur froid et désabusé depuis qu'il a été "trahi" quelques années auparavant par Ren Amamiya, le jeune homme avec qui il entretenait une relation, et qui est aujourd'hui disparu. Pour son anniversaire, il reçoit la visite de son ancien patron, Rowen, qui lui offre un bien étrange cadeau : un humanoïde du nom d'Arata Mizumori, qui a été programmé pour être son amant de compagnie. D'abord réticent à l'idée d'obtenir cette machine humaine, Maki ne manque pourtant pas de vaciller quand il apprend qu'Arata a pour particularité d'avoir reçu les gènes et certains souvenirs du défunt Ren. Commence alors entre ce dernier et Maki une cohabitation à la fois tendue et forte, car alors qu'Arata est programmé pour l'aimer, Maki y voit d'abord l'occasion de se venger de Ren qu'il l'a trahi, de laisser parler sa part sombre. Mais au-delà de ces premiers instincts, ne serait-ce pas là une chance pour lui d'enfin repartir de zéro et de réchauffer son coeur resté froid pendant 7 longues années ?


"Void", le vide en Angais, semble être un titre très bien choisi pour ce récit porté par deux êtres que l'on pourrait d'abord considérer ainsi. Vide, le coeur de Maki l'est depuis 7 ans, et semble d'abord devoir le rester au vu de ce qu'il inflige à Arata dans un premier temps, en laissant parler de façon très crue ses pulsions vengeresses et sadiques comme un exutoire face à la trahison passée de Ren. Quant à Arata, on pourrait le considérer comme vide de par son statut d'humanoïde, auquel on a implanté des souvenirs de quelqu'un d'autre, et qui est programmé pour aimer le plus fidèlement et innocemment son "maître", sans se poser de questions, comme le ferait un enfant envers ses parents. Que Maki lui fasse du bien ou du mal, il l'aime, il est programmé pour ça. Alors, ses souvenirs et ses sentiments sont-ils purement fabriqués, factices et totalement vides de sens ?


L'oeuvre va nous faire passer par des étapes très claires, où tout commence d'abord par l'éclatement au grand jour de la part sombre de Maki, qui a emmagasiné ça pendant plusieurs années, et qui va l'exprimer brutalement sur l'innocent Arata. De ce fait, les débuts de l'oeuvre sont vraiment très crus, quelque part assez durs, noirs et un peu malsains, d'autant que l'ensemble est entièrement non censuré et que la mangaka n'a aucune hésitation à tout montrer. Mais au-delà de ces premiers jours, de ces premières semaines où Maki lâche tout ce qu'il a accumulé de négatif en lui, c'est bien l'évolution des deux hommes que l'on retient le plus. On regrette quand même que, sans doute du fait du format court, les étapes de cette évolution (surtout concernant le regard que Maki porte sur Arata, qu'il va de moins en moins considérer comme un simple ersatz de Ren) soient souvent vite passées en revue, mais cela dit l'essentiel passe vraiment bien, et la mangaka soigne très bien sa narration, qui est très claire, logique et qui sait bien dégager le ressenti de ses héros. Notamment en étant assez introspective sur Maki et en ponctuant le tout de bref flashback expliquant son passé commun avec Ren. Au final, cette histoire sait alors se faire touchante, tout en soignant très bien son atmosphère, mais aussi en esquissant suffisamment l'univers où l'on apprend juste ce qu'il faut sur le statut des humanoïdes pour que l'ensemble paraisse crédible et immersif.


Surtout, ce qui frappe le plus est bien la qualité visuelle de Zariya, qui développe un style globalement très abouti, surtout pour une oeuvre de début de carrière. La dessinatrice accorde avant tout un énorme soin aux visages, aux expressions faciales qui sont souvent fines et marquantes et qui véhiculent sans la moindre difficulté le ressenti parfois assez ambivalent des personnages. Difficile également de ne pas souligner le réalisme des corps qui bénéficient d'un grand soin, le soin apporté aux décors, ainsi que l'excellence régulière des angles de vue choisis qui entretiennent à merveille l'ambiance voulue. Il y a parfois des trames un peu grossières, mais très souvent l'artiste sait très bien les utiliser, par exemple pour assombrir l'ambiance, pour offrir un souci de réalisme sur les ombres, ou pour souligner le relief des corps.


Un univers réussi et suffisant pour un one-shot, des personnages bien travaillés malgré la sensation que ça évolue parfois trop vite, un érotisme très prononcé et utile à l'intrigue, une patte visuelle épatante pour une oeuvre de début de carrière... Servi dans une jolie édition, Void fait forte impression et place Ranmaru Zariya parmi les artistes à suivre de très près dans sa catégorie.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Einah

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs