Vivid Honey - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 02 Janvier 2020

En décembre, en même temps que Désir d'obéir qui nous permettait d'enfin découvrir en France le mangaka Doumou, les éditions NihoNiba nous ont également invité à la découverte d'un autre auteur X sans doute un peu moins connu, dont la carrière a démarré plus récemment, mais qui ne semble pas manquer d'idées: Asahito Akagi.

Paru au Japon en 2017 chez Wanimagazine sous le nom Ama Nama, Vivid Honey est seulement le deuxième recueil de la carrière de l'auteur, et nous fait découvrir 9 histoires différentes, pouvant aller de seulement 4 à près de 40 pages, dont certaines sont en deux parties là aussi de longueurs variables, voire qui ne sont pas forcément à la suite: ainsi, la toute dernière histoire de 6 pages du recueil est un épilogue de la toute première histoire de 26 pages.

Si les récits en 4 et quelques pages ne sont évidemment que de petites friandises, la plupart des récits prennent le soin de poser très vite un petit contexte souvent efficace, quitte à ce que l'auteur soigne de plus belle l'immersion en accordant une réelle importance aux décors, ceux-ci sont très présents voire omniprésents et permettent franchement bien d'installer les lieux et, si besoin, l'ambiance qui peut en découler par la même occasion: une forêt en pleine montagne où le surnaturel semble pouvoir débarquer, l'Enfer, un love hotel, un bâtiment scolaire, une bibliothèque...

Voila de quoi instaurer des cadres propices pour ensuite voir l'une des principales qualités du recueil: Akagi cherche à apporter des petites idées parfois assez originales permettant d'offrir des histoires toutes bien différentes. Que ce soit une divinité prenant une autre forme pour assouvir ses désirs avec les humains, une demoiselle qui a fait le choix d'être une "Yes Man" disant toujours oui comme Jim Carrey dans le film éponyme mais qui ferait peut-être mieux parfois d'apprendre à dire non, une présidente du conseil des élèves cachant bien son jeu et cherchant à "corrompre" le trop droit vice-président, une adepte de sucreries, un drôle de jeu de société poussant trois ami à aller toujours plus loin, les ébats de deux adeptes de romans érotiques, une étudiante en art qui a une passion tout à fait particulière pour les belles courbes, deux jeunes adultes se retrouvant en Enfer et devant assouvir ensemble leurs désirs inassouvis avant de pouvoir se réincarner, ou une bibliothèque aussi belle que froide en apparence mais ayant peut-être des penchants précis la faisant devenir tout autre, il y a un peu de tout, ce qui fait vraiment le principal intérêt de l'ouvrage. Les histoires assez classiques côtoient des idées moins courantes voire originales (cette passion des courbes, cette façon de dire "oui" à tout...), l'auteur ne se limite pas à un genre, il se plaît aussi à alterner plus d'une fois les points de vue entre fille et garçon, cela amène aussi des ambiances assez diverses pouvant aller d'une certaine légèreté à un côté très humoristique, ça permet aussi au mangaka de jouer sur divers petits fantasmes spécifiques (de la gyaru à la bunny girl en passant par la fille en apparence froide, etc...)... Et finalement, dans tout ceci, ce que l'on regrette le plus est que ces différentes histoires plutôt séduisantes dans leur idée de base finissent parfois par devenir plus standards sur la longueur, avec des scènes de sexe qui parfois finissent par être amenées un peu trop artificiellement.

Mais c'est peut-être aussi sur le plan visuel que l'oeuvre ne plaira pas à tous, ce qui reste typique des hentai où les goûts personnels sont on ne peut plus importants. A titre personnel, pour comparer à Désir d'obéir puisqu'il est sorti chez NihoNiba en même temps, même si Doumou est un auteur un tout petit peu plus réputé, j'ai largement préféré Vivid Honey: les idées de départ sont plus originales et m'ont semblé plus immersives, les filles sont plus variées autant dans leur personnalité que dans leur look (et puis on a une gyaru au top, ce n'est probablement pas pour rien que la première page en couleurs lui est dédiée), et dans leurs formes (généreuses, un peu plus sveltes, gros seins, seins plus petits, ou mensurations plus réalistes aussi...)... Mais au niveau du dessin en lui-même, même si ces demoiselles ont souvent leur charme, il faut reconnaître que l'auteur a des lacunes: certains visages se ressemblent un peu trop ou s'avèrent un peu inégaux d'une planche à l'autre, les parties génitales (masculines comme féminines) ne sont pas spécialement bien dessinées et ont aussi des inégalités... et, selon les goûts, il sera possible de trouver certaines planches chargées, puisqu'en plus des personnages et des décors Akagi accumule parfois un peu trop les onomatopées. En revanche, il y a chez lui une volonté tout à fait louable de varier les angles de vue et les postures.

L'auteur le dit lui-même dans sa postface: il a voulu travailler les scénarios plus que les dessins, et cela peut effectivement se ressenti dans les petites inégalités et faiblesses relevées. Néanmoins, On a tout de même ici un recueil de fort bonne facture grâce à une certaine variété et à plusieurs petites idées bienvenues.

Côté édition, NihoNiba a mis les bouchées doubles avec pas moins de 20 pages couleurs ! A part ça, ce recueil de 195 pages jouit d'une bonne qualité de papier et d'impression, ainsi que d'une traduction assez efficace de Vincent Zouzoulkowsky.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction