Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 11 Avril 2019
"J'ai passé ma vie à me battre, et ça n'a jamais rien changé."
Le siège de la forteresse de Jomsborg commence à s'enliser, les deux camps campant sur leurs positions pour placer à la tête des Jomsvikings soit Thorfinn, soit le jeune Baldur, soit deux garçons qui n'ont absolument rien demandé et qui ne veulent pas de ce poste. Certains guerriers s'amusent à tirer des flèches sur les combattants déjà morts, d'autres commencent à exécuter des prisonniers comme pour passer le temps, parmi ces prisonniers certains commencent à sérieusement se demander à quoi toute cette guerre rime... et pendant ce temps, la situation est critique du côté d'Einar, Leif et Gudrid, dont la fuite aidée par Baldur n'a que partiellement réussi: Si Einar est sorit indemne de la forteresse via le passage secret, Leif, lui, a été blessé par une flèche. Quant à Gudrid, elle n'a pas eu le temps de sortir... En apprenant la nouvelle, Thorfinn, toujours suivi par Hild, se met évidemment en tête d'aller secourir la jeune femme, en passant par le même passage secret. La situation s'annonce dangereuse. D'autant plus que bientôt, d'autres éléments perturbateurs risquent de s'inviter à la fête. Tout d'abord Sigurd, missionné par Asgerd pour voir si un passage secret existe vraiment, et toujours décidé à retrouver Gudrid. Mais aussi l'électron libre Garm, qui guette plus ou moins sagement l'heure où il pourra enfin en découdre avec Thorfinn...
La Guerre en mer Baltique se poursuit, n'en finit toujours pas, et il est donc possible de commencer à trouver le temps un peu long à quelques reprises, d'autant plus que Makoto Yukimura tend à prendre quelques petits détours qui rallongent encore la sauce, au risque de parfois laisser son lecteur légèrement sur sa faim. Qui plus est, tout le monde ne sera pas forcément convaincu par certains petits éléments en particulier, qui parfois peuvent légèrement faire sortir de la lecture, même le temps d'une ou deux pages, par exemple concernant certaines brèves notes d'humour peu finaudes, ou surtout concernant Garm, personnage autour duquel l'auteur tend à faire un peu trop de surenchère, chose qui se confirme ici quand on le voit parvenir à grimper un rempart censé être infranchissable simplement en courant très vite... Gné ?
Pourtant, malgré ces quelques détours et limites, il est dans l'ensemble très difficile de bouder son plaisir à la lecture.
Tout d'abord, parce que sur le plan visuel Yukimura est toujours aussi rigoureux: ses planches sont riches, fluides et immersives, sont également dynamiques et limpides lors des moments d'action avec quelques angles, plans et perspectives canons (ne serait-ce que pour une flèche décochée)... et l'artiste ne néglige jamais ses personnages, costumes et décors en lesquels il glisse toujours le même souci de réalisme.
Mais également parce qu'en filigranes, il y a certains moments de tension dingues, en tête desquels le plein milieu du volume, marqué par les retrouvailles de Thorfinn avec l'homme qui a orchestré l'assassinat de son père, et où on retrouve alors un héros en colère, sombre, assoiffé de sang et de vengeance... Sous le regard de Gudrid, la peur de Baldur et l'arc de Hild, celui qui s'est tourné vers le pacifisme va-t-il alors craquer ?
Enfin, il y a toujours chez Yukimura ce désir d'approfondir ses personnages jusqu'à pousser à la réflexion, et ici cela tourne surtout autour d'une idée: le fait que plusieurs personnages ne sont pas maîtres de leur vie et s'en retrouvent prisonniers de la guerre. Il y a d'abord ce simple prisonnier en début de tome qui, enfermer dans les traditions guerrière de son peuple depuis toujours, s'interroge désormais sur l'utilité de tout ça du Valhöll (si rejoindre celui-ci en mourant équivaut à se battre de plus belle aux côtés des dieux, à quoi bon ? ). Puis, bien sûr, Baldur et Thorfinn, à qui ont veut imposer un poste de commandant dont ils ne veulent pas. Mais un autre personnage, quand il ne fait pas office d'éternel bouffon, pourrait commencer à s'interroger aussi: Sigurd. Que veut-il réellement ? Souhaite-t-il vraiment rattraper Gudrid contre son gré ? Agit-il simplement par un "honneur de guerrier" mal placé ? par peur face à Halfdan ? Sig-Sig ne se remet pas forcément énormément en question, mais ces interrogations sont lancées.
Le siège de la forteresse de Jomsborg commence à s'enliser, les deux camps campant sur leurs positions pour placer à la tête des Jomsvikings soit Thorfinn, soit le jeune Baldur, soit deux garçons qui n'ont absolument rien demandé et qui ne veulent pas de ce poste. Certains guerriers s'amusent à tirer des flèches sur les combattants déjà morts, d'autres commencent à exécuter des prisonniers comme pour passer le temps, parmi ces prisonniers certains commencent à sérieusement se demander à quoi toute cette guerre rime... et pendant ce temps, la situation est critique du côté d'Einar, Leif et Gudrid, dont la fuite aidée par Baldur n'a que partiellement réussi: Si Einar est sorit indemne de la forteresse via le passage secret, Leif, lui, a été blessé par une flèche. Quant à Gudrid, elle n'a pas eu le temps de sortir... En apprenant la nouvelle, Thorfinn, toujours suivi par Hild, se met évidemment en tête d'aller secourir la jeune femme, en passant par le même passage secret. La situation s'annonce dangereuse. D'autant plus que bientôt, d'autres éléments perturbateurs risquent de s'inviter à la fête. Tout d'abord Sigurd, missionné par Asgerd pour voir si un passage secret existe vraiment, et toujours décidé à retrouver Gudrid. Mais aussi l'électron libre Garm, qui guette plus ou moins sagement l'heure où il pourra enfin en découdre avec Thorfinn...
La Guerre en mer Baltique se poursuit, n'en finit toujours pas, et il est donc possible de commencer à trouver le temps un peu long à quelques reprises, d'autant plus que Makoto Yukimura tend à prendre quelques petits détours qui rallongent encore la sauce, au risque de parfois laisser son lecteur légèrement sur sa faim. Qui plus est, tout le monde ne sera pas forcément convaincu par certains petits éléments en particulier, qui parfois peuvent légèrement faire sortir de la lecture, même le temps d'une ou deux pages, par exemple concernant certaines brèves notes d'humour peu finaudes, ou surtout concernant Garm, personnage autour duquel l'auteur tend à faire un peu trop de surenchère, chose qui se confirme ici quand on le voit parvenir à grimper un rempart censé être infranchissable simplement en courant très vite... Gné ?
Pourtant, malgré ces quelques détours et limites, il est dans l'ensemble très difficile de bouder son plaisir à la lecture.
Tout d'abord, parce que sur le plan visuel Yukimura est toujours aussi rigoureux: ses planches sont riches, fluides et immersives, sont également dynamiques et limpides lors des moments d'action avec quelques angles, plans et perspectives canons (ne serait-ce que pour une flèche décochée)... et l'artiste ne néglige jamais ses personnages, costumes et décors en lesquels il glisse toujours le même souci de réalisme.
Mais également parce qu'en filigranes, il y a certains moments de tension dingues, en tête desquels le plein milieu du volume, marqué par les retrouvailles de Thorfinn avec l'homme qui a orchestré l'assassinat de son père, et où on retrouve alors un héros en colère, sombre, assoiffé de sang et de vengeance... Sous le regard de Gudrid, la peur de Baldur et l'arc de Hild, celui qui s'est tourné vers le pacifisme va-t-il alors craquer ?
Enfin, il y a toujours chez Yukimura ce désir d'approfondir ses personnages jusqu'à pousser à la réflexion, et ici cela tourne surtout autour d'une idée: le fait que plusieurs personnages ne sont pas maîtres de leur vie et s'en retrouvent prisonniers de la guerre. Il y a d'abord ce simple prisonnier en début de tome qui, enfermer dans les traditions guerrière de son peuple depuis toujours, s'interroge désormais sur l'utilité de tout ça du Valhöll (si rejoindre celui-ci en mourant équivaut à se battre de plus belle aux côtés des dieux, à quoi bon ? ). Puis, bien sûr, Baldur et Thorfinn, à qui ont veut imposer un poste de commandant dont ils ne veulent pas. Mais un autre personnage, quand il ne fait pas office d'éternel bouffon, pourrait commencer à s'interroger aussi: Sigurd. Que veut-il réellement ? Souhaite-t-il vraiment rattraper Gudrid contre son gré ? Agit-il simplement par un "honneur de guerrier" mal placé ? par peur face à Halfdan ? Sig-Sig ne se remet pas forcément énormément en question, mais ces interrogations sont lancées.
Au bout du compte, cet arc commence à montrer quelques limites dues à sa longueur et à quelques surenchères, mais dans l'ensemble Makoto Yukimura ne perd pas le fil, conserve ses talents visuels et ses grandes idées, jusqu'à nous offrir enfin dans la dernières partie du volume une véritable montée de tension, un climax d'une redoutable efficacité et laissant penser que désormais cette longue guerre en Baltique va atteindre son point culminant... Espérons que ce sera le cas !
09/11/2023 