Vinland Saga Vol.18 : Critiques

Au bout d'un affrontement tendu, Thorfinn a obtenu un sursis de la part de Hild, la jeune femme balafrée dont il a autrefois tué la famille et ruiné la vie. Bien que toujours rongée par une soif de vengeance, Hild ne peut que patienter et accompagner Thorfinn et ses compagnons dans leur voyage, jusqu'au jour où ce dernier pourra enfin honorer sa promesse de bâtir un monde en paix au Vinland. A l'instant où il aura accompli son but, il acceptera de se faire tuer par Hild, si tant est que d'ici là, le désir de vengeance de la jeune femme soit toujours présent.

C'est donc en compagnie d'une nouvelle tête, et après quelque temps de repos pour Thorfinn que nos héros reprennent leur route... non sans quelques accrochages avant de partir ! Sur ce terrain-là, on peut compter sur Gudrid et Gros-Yeux pour animer les pages de façon un peu humoristique. Mais Thorfinn et les siens sont loin d'être les seuls à se mettre en mouvement. Car en cette année 1019, dans l'Angleterre désormais conquise par Knut, un certain guerrier devenu Comte d'Est-Anglie s'ennuie mortellement en ce temps de paix...

Le tome est assurément marqué, dès le début, par le retour en force d'un personnage ! On reconnaît d'abord sa silhouette ruminante, avant de la voir surgir brutalement chez des habitants du coin à la recherche désespérée de bagarre : pas de doute, Thorkell n'a pas changé, et reste le parfait opposé de Thorfinn, tant il prouve qu'il ne vit encore et toujours que pour la guerre. Et quand bien même Knut l'a fait Comte, ce n'est pas ça qui empêchera cet homme incontrôlable de reprendre le chemin des mers jusqu'à Jelling au Danemark. Jelling, qui sera précisément le lieu où nombre de visages se retrouveront...

Clairement, Makoto Yukimura installe un nouvel arc et le fait bien. Utilisant efficacement ses vieux personnages revenants comme Thorkell et Floki, l'auteur tisse de nouveaux problèmes autour de conflits de succession au sein des Jomsvikings, et pour cela il continue d'exploiter en filigranes certains éléments historiques, par exemple le lien de Thorkell avec l'ancien chef des Jomsvikings Sigvaldi Strut-Haraldsson. Et dans ce nouveau conflit qui risque d'animer la mer Baltique, Thorfinn pourrait bien se retrouver à avoir un rôle, bien malgré lui, car comme le dit Einar, "Il a beau vouloir vivre une vie honnête, les gens ne le laissent jamais tranquille...". Pourtant en quête de rédemption et devenu pacifique, Thorfinn est encore et toujours poursuivi par ses vieux démons, dans cet univers viking où s'extirper de la violence semble décidément bien compliqué. Et ici, en plus d'être sollicité pour ses talents de guerrier qu'il ne veut plus utiliser, le jeune homme pourrait devenir la cible d'un homme qui ne peut tolérer sa présence, tant il retrouve dans son regard les mêmes yeux que le défunt Thors... Révélant sournoisement son vrai fond, Floki semble devenir un nouvel ennemi de poids dans la quête de Thorfinn, et il le démontre dès la dernière partie du tome, où l'on appréciera la fidélité de notre héros à ses nouveaux principes : il doit certes affronter de puissants Jomsvikings, il ne tue plus et se contente de les mettre hors d'état de nuire en exploitant sa vitesse.

La densité des designs et la précision des décors d'époque restent exemplaires et continuent de justifier à eux seuls le rythme de parution assez lent de la série au Japon.

A l'heure où il ne cherche plus qu'à accomplir son rêve d'un pays de paix, voici Thorfinn encore rattrapé par son passé belliqueux et par ses vieux démons, pris dans un nouveau conflit qui ne le concerne pas ou plus.