Ville à ta couleur (La) : Critiques

Kimi ni Somaru Machi no Iro

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 13 Mars 2025

Alors qu'on la retrouvera dans quelques jours aux éditions Hana avec le one-shot Mimasaka et le petit cochon égaré, la mangaka Miso Umeda a eu droit à sa toute première publication française en janvier dernier avec ce qui est l'un des premiers mangas de sa carrière: La ville à ta couleur, une oeuvre dont l'unique volume broché est sorti au Japon en décembre 2019 sous le titre "Kimi ni Somaru Machi no Iro" (dont le titre français est une traduction littérale), après une prépublication dans le magazine Dear+ des éditions Shinshokan.

Composée de trois chapitres et d'un épilogue pour un total d'environ 130 pages, l'histoire principale de cet ouvrage nous immisce dans une ville entre mer et montagne, là où le lycéen Yoshiyuki Miyamori a emménagé dix ans auparavant. Au départ moqué et brimé par certains autres élèves menés par Miura, ce tokyoïte de naissance a pourtant soigneusement tenu le coup jusqu'à attirer l'attention de Daiki Chiba, garçon populaire et héritier d'un fabricant de tissus pour kimonos. Depuis, au fil des années, ces deux-là sont devenus les meilleurs amis du monde, totalement inséparables. Même lorsque Daiki sortait avec des filles, il a toujours privilégié son précieux meilleur ami. Mais à l'heure où, désormais, la fin du lycée approche, les deux garçons sont sur le point de suivre des voies différentes, avec ce que ça peut impliquer de distance. Et la situation est d'autant plus difficile à vivre pour Yoshiyuki que, pendant toutes ces années, il n'a jamais pu avouer à son ami qu'il est tombé amoureux de lui...

Miso Umeda nous propose donc ici une histoire somme toute très classique du genre, où elle joue correctement sur trois sujets en particulier: la fin des années lycéennes avec ce qu'elles peuvent impliquer en termes de séparation et de distance, la crainte de passer de l'amitié à l'amour au risque de perdre quelque chose, et la difficulté pour Yoshiyuki, secrètement homosexuel (seul Miura l'a percé à jour et garde le secret), de vivre ses sentiments pour Daiki, hétéro. Un brin mélancoliques au départ, ces sujets apparaissent d'autant plus efficaces que, dans sa narration, l'autrice prend le parti de nous faire vivre les choses depuis le point de vue de Yoshiyuki dans le premier tiers de son histoire, tandis que dans la suite elle focalise plutôt sa narration sur Daiki et sur ses prises de conscience, le tout étant naturellement intéressant puisque contrairement à lui on connaît alors déjà les sentiments de Yoshiyuki à son égard.

Néanmoins, il faut avouer que La ville à ta couleur souffre un peu de sa brièveté: en particulier, les personnages secondaires manquent un peu de travail malgré leur intérêt initial (il aurait clairement fallu développer un peu Miura, par exemple, car il semble avoir bien changé au fil des années), et les rebondissements de la dernière partie finissent par être un peu précipités et faciles (surtout via l'irruption opportune de la dénommée Yui). Il aurait peut-être été appréciable aussi que le sujet de l'outing, événement souvent délicat à vivre, ne soit pas traité comme un simple ressort pour faire avancer l'histoire.

Ajoutons à ça "Tes sentiments en cage", histoire courte de quarante pages sympathique à suivre sans être spécialement originale elle non plus, et on obtient un ouvrage qui se lit tout seul mais auquel il manque un peu plus de consistance pour être vraiment marquant. On passe un moment globalement sympathique à la lecture, mais ça s'arrête là.

Côté édition, enfin, on a droit à une jaquette soigneusement adaptée de l'originale japonaise, à deux jolies illustrations en couleur sur papier glacé en début de tome, à un papier assez souple, épais et opaque, à une impression correcte, à une traduction assez claire de Célia Grosjean, et à un lettrage propre de la part de Galohan.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction