Übel Blatt - Collector Vol.23 - Actualité manga
Übel Blatt - Collector Vol.23 - Manga

Übel Blatt - Collector Vol.23 : Critiques

Übel Blatt

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 21 Octobre 2019

En mai 2007, quelques années seulement après leur création, les éditions Ki-oon lançaient en France la série de dark fantasy Übel Blatt avec son tome 0, suivi deux mois plus tard du tome 1, arrivé pour Japan Expo. A une période où le rythme de parution du cultissime Berserk se ralentissait en laissant pas mal de lecteurs "orphelins", et où il n'y avait pas vraiment d'autre concurrence dans le registre du manga de dark fantasy (qui, depuis, s'est bien rattrapé), on peut dire que l'éditeur a eu du nez et a bien joué son coup, l'oeuvre étant arrivée chez nous au bon moment pour combler un manque, et étant rapidement devenue la première série longue réellement "best seller" de Ki-oon. Ce succès fut d'autant plus impressionnant qu'au Japon, Übel Blatt n'a jamais eu la même aura, et que pendant une certaine période la série fut un peu décriée: on se souvient de la longue pause qu'il y a eu à un moment, des difficultés que l'auteur a connues ensuite pour relancer réellement son histoire après cette pause... mais il reste que, plus de 12 ans plus tard, tandis que Ki-oon continuait sa progression en enchaînant les blockbusters (My Hero Academia, pour n'en citer qu'un), Shiono s'appliquait à redonner le coup de boost attendu aux derniers volumes de sa série, jusqu'à enfin en signer la conclusion.

En ce mois d'octobre, avec la parution du 23e et dernier opus d'Übel Blatt, c'est donc une série historique de Ki-oon qui tire sa révérence, une série qui pendant ces 12 années a été le témoin de la progression de l'éditeur. Et les éditions Ki-oon semblent en avoir bien conscience, en ayant voulu lui rendre un dernier hommage à travers une sympathique petite édition collector, sortie en parallèle de l'édition standard. En supplément de cette édition limitée, un seul bonus: un carnet de travaux préparatoires de l'auteur, au concept assez simple, puisqu'il nous propose une sélection d'illustrations de jaquettes, de pages couleur d'ouverture de chapitres et de planches avec, à côté, le croquis préparatoire. Avec également, à la fin, quelques croquis de personnages, de créatures et de vaisseaux. Sur 32 pages, l'ensemble est agréable à parcourir, même si l'on y regrettera: que le mangaka, que l'on sait peu bavard, n'y fasse aucun vrai commentaire explicatif, par exemple sur ses recherches visuelles. Les quelques annotations sont vraiment très brèves en se limitant quasiment toujours aux nom des personnages. Néanmoins, observer tout ça est d'autant plus sympathique que ce carnet est servi dans une édition exemplaire: couverture cartonnée, papier de qualité supérieure à effet glacé, excellente impression... Pour 2,25€ de plus par rapport à l'édition standard, il n'y a pas de quoi bouder son plaisir.

Mais revenons à présent sur ce dernier tome en lui-même. Dans la bataille finale, nous laissions un Koinzell ma parti dans son combat contre Rangzatz... du moins, jusqu'à l'irruption d'un allié inattendu en la personne de Rosen ! Changeant son épée de camp, celui-ci abat la menace, mais suscite par la même occasion la colère noire d'un autre ennemi: Ischüdien.

Rangzatz, Ischüdien, et bien sûr Glenn: tels sont les ultimes adversaires d'ampleur qui sont à vaincre dans cette dernière ligne droite on ne peut plus linéaire. Shiono suit un schéma très simple dans la bataille, et même s'il propose quelques brefs rebondissements un petit peu plus surprenants autour d'Ischüdien et de Glenn dans la deuxième moitié du volume, concrètement les choses restent prévisibles d'un bout à l'autre, et la tension pourrait même sembler retomber chez une part du lectorat dans la mesure où, pour une bataille aussi ample qui va décider du destin d'une contrée tout entière, il n'y a pas de sacrifice vraiment marquant. De même, malgré la présence des plus importants alliés de Koinzell comme Ikfes, Ato, Peepi et bien sûr Elsaria qui ont tous leur petit rôle à jouer, aucun de ces visages n'est réellement mis en valeur à un moment ou à un autre de façon forte, leurs actes de bravoure étant très vite passés en revue. Mais ne nous plaignons pas trop: au moins, Peepi, pourtant présente depuis le début de la série, sert enfin un petit peu à quelque chose.

Au programme, donc, pas de grosse surprise, et un déroulement globalement très standard dans cet ultime volume. L'auteur ne se foule pas forcément beaucoup au niveau du déroulement scénaristique et ce contente d'accomplir le minimum syndical pour que ce soit efficace... En revanche, là où il bluffe à plus d'une reprise, c'est dans ses qualités graphiques, où l'on sent un dessinateur en pleine forme et qui se fait bien souvent plaisir. Pas forcément au niveau des personnages à allure humaine qui restent tels qu'on les a connus, mais plutôt dans certaines transformations riches et amples et, surtout, dans plusieurs décors et certains vaisseaux. On a aussi pu le voir dans ses autres séries Zelphy et Winged Mermaids: Shiono adore imaginer et dessiner des engins volants au design assez riche, travaillé voire original, et il le démontre encore ici. Même topo pour beaucoup d'éléments architecturaux comme les forteresses qui jouissent jusqu'au bout d'un vrai travail, le tout étant encore renforcé par un bon travail d'encrage et de tramage qui densifie le tout, et par une certaine variété dans les angles de vue montrant un mangaka assez à l'aise pour dessiner sous divers angles ce qu'il a imaginé en termes d'engins et de bâtiments.

Il faut donc quand même bien l'avouer: on en prend parfois plein les mirettes de la part d'un mangaka qui a clairement eu à coeur d'offrir un final globalement à la hauteur, et cela jusque dans la toute fin assez réussie. Pas du tout surprenante et même très classique, mais suffisante, et même assez jolie dans ses dernières pages couleurs claires cristallisant assez bien la quête de Koinzell depuis la fameuse trahison qui fut le début de tout.

Au bout du compte, Übel Blatt s'offre une conclusion classique, peu surprenante, voire même un peu trop sage dans son déroulement, mais tout de même suffisamment aboutie et, surtout, portée par un dessinateur globalement très en forme sur le plan visuel. La série a certes connu des hauts et des bas, surtout juste après son retour de pause, mais globalement le mangaka a su la mener à terme comme il se doit et sans frustrer.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction