Toutes les raisons de s’aimer Vol.1 - Manga

Toutes les raisons de s’aimer Vol.1 : Critiques

Futari de Koi wo Suru Riyû

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 11 Avril 2024

Chihiro Hiro fait partie des autrices de shôjo manga à avoir été publiées à plusieurs reprises par Akata. Il faut dire que l'éditeur entretient une politique d'auteur, tout à son honneur, ce qui permet de suivre l'évolution de certains artistes. Jusqu'à présent, nous avions pu découvrir de la mangaka "Plus jeune que moi" et "Ces nuances entre nous", deux comédies sentimentales aux tons feel good qui ont lui ont permis de bénéficier d'une petite notoriété. Mais il manquait chez nous son titre le plus long, et par conséquent le plus ambitieux potentiellement, chose corrigée en ce début de printemps 2024.

"Toutes les raisons de s'aimer" fut publié au Japon entre 2018 et fin 2022 dans la célèbre revue Margaret des éditions Shûeisha, sous le titre original "Futari de Koi wo Suru Riyû". Avec ses 12 volumes, l'œuvre est donc bien la plus longue de la carrière de Chihiro Hiro à ce jour, et il est encore bien trop tôt pour savoir si sa série actuelle, "Kimi to Barairo no Hibi", débutée l'année dernière, dépassera ce record.

Urara Andô, une lycéenne somme toute ordinaire, est secourue par un beau jeune homme d'un vieillard agressif dans le train. Un étudiant, sans doute, tant le bel éphèbe semble mature. Pourtant... Urara va vite découvrir que le garçon n'est autre qu'Aiji Okaniwa, un élève de son lycée particulièrement populaire auprès de la gent féminine. En jetant son dévolu sur lui, la demoiselle s'attire la méfiance de Jun Misono, une connaissance du lycée et fidèle ami d'Okaniwa. Des années après avoir connu une grande frustration amoureuse au collège, Urara est déterminée à ne pas taire ses sentiments. Mais étant donné l'étrange attitude protectrice dont fait preuve Misono, rien ne sera simple pour elle...

Avec ce premier volume, Chihiro Hiro aborde une comédie romantique lycéenne dans sa définition la plus pure. C'est par une galerie de personnages proche de plusieurs archétypes que se développe les premiers temps de l'histoire, à commencer par une Urara plutôt chétive, douce, tombant sous le charme d'Okaniwa qui n'est autre que son "sauveur" et le beau garçon de l'établissement. Pour compléter le groupe, le caractériel Misono s'ajoute à l'équation, lui qui semble vouer une sorte de méfiance vis-à-vis de la demoiselle. Le synopsis comme le descriptif de groupe semble laisser peu de place à l'innovation, aussi les premiers moments de la série ne sortent guère des sentiers battus. Pour autant, est-ce ce que la mangaka cherche à accomplir ? Non. Et c'est en cela que ce premier volume se révèle réussi.

Plutôt que de vouloir une sorte d'originalité, Chihiro Hiro aborde sincèrement son trio de personnages, en mettant en évidence leurs sentiments respectifs, les uns après les autres. Fidèle à ce à quoi l'artiste nous a habitués, "Toutes les raisons de s'aimer" cherche une bienveillance, une tonalité feel-good qui justifie la sortie du titre à la saison printanière, période des plus mignons des émois. Si les trois personnages que sont Urara, Okaniwa et Misono peuvent avoir l'air de véritables clichés de comédie sentimentale, l'autrice leur donne une vie toute particulière grâce à quelques premiers développements chaleureux et plusieurs tentatives de sortir les protagonistes de leur zone de confort, et enlever quelques ficelles classiques qu'on pensait leur voir attribuer. À titre d'exemple, l'héroïne elle-même gagne une sorte d'assurance dès ce premier ouvrage, quand Misono nous étonne par ses quelques nuances, jusqu'à devenir particulièrement touchant sur le dernier tiers du tome. Du côté d'Okaniwa, on sent très clairement que des choses nous sont cachées, et qu'elles feront le sel des prochains volumes. Rien que pour ça, un sentiment d'impatience se forme déjà chez nous !

Trois personnages, donc, développés sur différentes scènes qui se suivent à un rythme excellent. Si le récit s'empare efficacement de nous, c'est aussi pour le style global de Chihiro Hiro, à la fois son trait fin et doux et sa narration à la fois pétillante et épurée, afin de faire ressortir les moments d'émois et d'humour tout en entretenant la tonalité globalement positive de ce début d'œuvre. Le découpage du récit rend donc justice à ces personnages attachants, au cours de différentes situations bien trouvées pour développer leurs individualités et mettre en avant certains points qui permet au petit groupe de déjà évoluer. Certaines évolutions sentimentales peuvent sauter aux yeux pour quiconque est habitué aux romances shôjo, mais rien n'interdit à la mangaka de nous surprendre par la suite. C'est justement parce que le titre a atteint les 12 volumes que l'on est curieux de découvrir ce que l'intrigue nous réserve, et quels développements de personnages et de sentiments permettront au récit de nous captiver sur le long terme.

Alors, si ce premier tome ne semble pas sortir des sentiers battus à la lecture de son pitch, tout est affaire d'équilibre, de subtilités et d'ambiance, des éléments que Chihiro Hiro entretient très bien sur ce volume de démarrage. On attendra avec une belle curiosité la suite du périple sentimental d'Urara, Okaniwa et Misono !

Du côté de l'édition, Akata reste fidèle à sa formule pour le format shôjo, à savoir un ouvrage aux dimensions poches et un papier certes fin, mais qualitatif. Signée Mathilde Vaillant, la traduction semble propre, et parvient à mettre en avant l'énergie des personnages et les jolis tons du récit. Du côté de la couverture, Clémence Aresu offre une adaptation fidèle de la jaquette japonaise, même si le logo français s'avère assez différent, tout en reprenant certains gimmicks du titre nippon. Enfin, saluons le lettrage bien calibré d'Elsa Pecqueur, de manière à garantir un confort de lecture optimal sur ce type de format.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction