Mobile Suit Zeta Gundam Define Vol.1 - Actualité manga

Mobile Suit Zeta Gundam Define Vol.1 : Critiques

Kidô Senshi Z Gundam Define

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 19 Juin 2025

Absente depuis trop longtemps de nos librairies, la saga Gundam profite d’une présente particulièrement appuyée depuis octobre dernier, ceci grâce aux éditions Vega qui multiplient les parutions de cette fresque si dense, mais si captivante. Il y a fort à parier que la présence du groupe japonais Kadokawa Shoten en tant que détenteur de 51 % des parts de la maison française joue dans la balance. Parce que Gundam est un monument au Japon, il semble logique que le mastodonte nippon cherche à imposer la saga chez nous. Et si le pari semble risqué, le public français s’étant montré très fermé à la licence pendant très longtemps, les fans peuvent se réjouir d’un tel programme qui était inespéré il y a à peine dix ans de ça.

Ainsi, après The Origin et Unicorn, Vega lance un troisième titre intimement lié aux deux précédents : Mobile Suit Zeta Gundam Define. Derrière ce titre se cache une adaptation de la deuxième série animée Gundam, Mobile Suit Zeta Gundam, par Hiroyuki Kitazume, artiste issu du monde de l’anime qui a officié en tant que directeur de l’animation sur cette fameuse série et qui a chapeauté le character-design de sa suite directe, Mobile Suit Gundam ZZ. Tout comme le choix de Yoshikazu Yasuhiko était logique pour dessiner Gundam The Origin, adaptation de la toute première série par son charadesigner, appeler Hiroyuki Kitazume pour un manga-fleuve tiré du chapitre Zeta a du sens.

En cours depuis 2011 dans le magazine Gundam Ace des éditions Kadokawa Shoten, Zeta Gundam Define prend une forme similaire à The Origin dans le sens où il s’agit d’une réinterprétation du matériel de base par un auteur qui a sa propre vision de l’oeuvre. The Origin n’est pas un pur décalque de Gundam premier du nom, loin de là, et Zeta Gundam Define opte lui aussi pour des choix narratifs qui sont propres à son auteur. Hiroyuki Kitazume se livre d’ailleurs grandement sur ses choix d’adaptation dans une belle interview croisée avec Shûichi Ikeda, voix japonaise emblématique de Char Aznable, ce qui permet d’en apprendre plus sur la direction de ce premier opus qui a de quoi surprendre les fans de l’anime. De début de Define reprend les bases du récit, mais les tritures, amène les événements différemment et opte pour une approche encore plus différente que celle de The Origin. Étant donné que Zeta est un anime parfois clivant par son rythme et sa manière de faire évoluer son scénario (pourtant passionnant) tout en plaçant la figure de Quatro Bajeena au premier plan, c’est une approche que nous pouvons saluer. Alors, Define est un manga qui se destine autant aux inconditionnels de Gundam qui aimeraient découvrir ce morceau de la fresque sous un jour différent qu’aux néophytes qui découvrent ce riche univers. Concernant l’insertion de ce manga dans les publications de Vega, Zeta Gundam Define se place quelques années après la fin de The Origin (fin que nous n’avons pas encore à l’écriture de ces lignes), avant le début de Char contre-attaque – Beltorchika’s Children qui sera inauguré chez nous le mois prochain, et anticipe encore plus Gundam Unicorn dont les trois premiers opus sont disponibles. Si aujourd’hui cette publication hachée peut déstabiliser un nouveau lecteur, elle aura du sens dans quelques années, une fois les parutions achevées, puisque le public français pourra apprécier le pan le plus riche de Gundam sous sa forme papier.

Enfin, aborder ce récit implique de spoiler des événements de Gundam The Origin. Soyez prévenus…

Siècle Universel, année 0087. 7 ans se sont écoulés depuis la victoire de la Fédération Terrienne sur Zeon, marquant la fin de la Guerre d’Un An. Afin de s’assurer que le spectre de Zeon ne tentera pas un nouveau coup d’éclat, la Fédération met sur pieds un corps armé spécial : les Titans. Au fil des mois, ces derniers ont pris une ampleur forte au point de prendre l’ascendant sur l’armée terrienne elle-même. Au sein des colonies, les Titans exercent une autorité de fer, pour ne pas dire tyrannique. C’est pour s’opposer à eux qu’un groupe de résistants est né : l’AEUG. Parmi ses membres clés, un certain Quatro Bajeena, un homme blond au visage caché par des lunettes de soleil, et qui semble porter le poids du conflit précédent et de son combat contre l’équipage du White Base.
Quand Quatro et son escadron infiltrent une colonie pour tenter de dérober de nouveaux prototypes de Gundam, le jeune Kamille Bidan se retrouve pris entre deux feux. Lui qui méprise les Titans, il fait le choix le plus lourd de son existence en se ralliant à l’AEUG, et découvre ainsi les affres de la guerre. À ses côtés, son amie Fa Yuiri suit le même chemin, tandis que les héros de la guerre passée s’impliquent eux aussi dans la bataille.

Ce premier tome a comme idée bienvenue de recomposer les éléments de base des débuts de la série animée, quitte à prendre quelques libertés, ce qui en fait une vraie découverte pour tous les profils de lecteurs. Avec un vrai talent, Hiroyuki Kitasume rend assez fluide et claire les premiers temps de la trame riche et complexe de Zeta Gundam, ce qui implique néanmoins quelques acquis. Le récit ne nous tient pas forcément par la main en ce qui concerne l’immense cadre du Siècle Universel, aussi une lecture de The Origin en amont est plus que conseillée, au risque de ne pas comprendre les enjeux et les rapports de force politiques. Define est donc l’une de ces œuvres qui impliquent quelques devoirs à faire pour être comprise, un jeu qui en vaut la chandelle tant le récit s’avère déjà saisissant.

Car ce nouveau contexte est particulièrement lourd de sens. L’ennemi d’hier est l’allié d’aujourd’hui au sein d’un contexte où les opprimés demeurent. Le cadre de Define paraît alors manichéen puisqu’entre les Titans et l’AEUG, c’est bien le second camp qui s’attire notre empathie. Heureusement, la présence de personnage plus gris apporte de la densité à l’ouvrage, tout comme ce fut le cas du côté de The Origin où tout membre de Zeon n’était pas forcément bon à emprisonner. Et afin de rendre ces enjeux plus évidents, le récit n’hésite pas à prendre son temps, dépeindre des escarmouches plus secondaires et traiter des épisodes non présents dans la série animée. Une qualité… comme un défaut. On sent que Kitazume n’est pas un homme issu du manga et que sa maîtrise du rythme et de la narration patinent un peu par moments. Ses idées sont excellentes, mais elles amènent quelques ventres mous, ce qui est assez cocasse pour une version qui tend à gommer certains soucis de rythme de la série télévisée. En somme, ce premier tome efface quelques problèmes pour en amener d’autres, certes légers. Gageons pour que l’auteur prenne de l’assurance sur les opus à venir.

Autre gros point fort de ce début d’intrigue, le focus sur Quatro Bajeena (dont la vraie identité nous est rendue évidente) en fait un personnage encore plus nuancé que dans le récit d’origine, un être plus humain qui a un regard critique sur celui qu’il était dans la première série. En ce sens, cette version un tantinet remaniée de Zeta se sert à 100 % des connaissances que le lecteur peut avoir de l’univers, ce qui en fait un manga exigeant, comme nous l’avons soulevé. Il en résulte néanmoins une profondeur, un récit qui ne se suffit pas de son statut de suite et qui pousse les réflexions déjà assez loin. Non seulement le manga met en vedette le personnage le plus apprécié de la saga, mais il aborde les choses avec beaucoup d’idées. Malheureusement, là aussi, ces bonnes pistes mènent à des aspects que certaines reprocheront immanquablement à cette version. Car avoir Quatro en héros inclut une mise de côté de Kamille dont les actions sont fondamentales, mais ne mènent pas le jeune homme sur la voie du personnage central pour l’instant. Tête brûlée dans la série télévisée, presque irritant au départ, Kamille est grandement adouci et gagne une sensibilité qui dénote complètement du matériel original. C’est un aspect que les vieux de la vieille auront certainement du mal à appréhender, mais qui sera invisible aux yeux du lecteur néophyte, au même titre que Kamille qui sera malheureusement assez transparent pour eux.

Il y a donc beaucoup de choses à tirer de ce premier volume au global très intéressant. Les ajustements du récit sont pertinents, mais il demeure quelques maladresses de la part de l’auteur, Hiroyuki Kitazume, dont la patte plus lisse aura aussi du mal à passer derrière un monstre du manga tel que Yoshikazu Yasuhiko et son visuellement extraordinaire The Origin. Mais redécouvrir le chapitre Zeta sous ce format est un réel plaisir tant les richesses du début du scénario demeurent et sont parfois poussées plus loin. On est donc plus que curieux de suivre cette adaptation sur le long terme puisque notre édition devrait comporter au bas mot 11 volumes, la série étant toujours en cours au Japon. Et si elle semble approcher de l’acte final de l’histoire, il lui reste encore quelques tomes à développer.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction