Tokyo fin d'un monde Vol.1 : Critiques

Kiseki no Shônen

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 09 Mars 2011

Curieusement, le mangaka Jun'ichi Noujou était resté très discret dans nos contrées, cet auteur pourtant incontournable d'environ une trentaine d'oeuvres dans son pays pour à peu près autant d'années de carrière n'ayant eu, jusqu'à présent, qu'une seule chance en France, avec Dr Koh dans les années 90, chance vite annihilée puisque la série sera stoppée après seulement 2 tomes parus sur les 5 qu'elle compte. Aujourd'hui, les éditions Akata/Delcourt font preuve d'une excellente idée en redonnant une vraie chance aux lecteurs français de découvrir ce mangaka prolifique, à travers une courte série conçue en 2004: Tokyo, fin d'un monde, petit shônen perdu au beau milieu de la carrière remplie de seinen de l'auteur.

Homme énigmatique que Yuma Oda: quand il était au lycée, le jeune garçon avait lévité puis disparu sans laisser de traces après avoir laissé ses camarades de classe dans une hypnose collective. Seule Miho Omori, une ancienne camarade de classe, semble se rappeler de lui, au moment même où il refait surface de manière énigmatique. Pour le "Bureau de recherche des communications futures" où travaille Miho et qui s'occupe de tout ce qui concerne le paranormal, une enquête s'impose, menée par la jeune femme et son chef Taro. Alors même que l'enquête suit son cours, des évènements étranges commencent à survenir à Tokyo, et une date synonyme de fin du monde est évoquée pour très bientôt... Yuma Oda, présenté comme un homme venant du futur, aurait-il un rôle à jouer dans tout ça ? Et Miho et Taro ?

C'est sur ces bases totalement énigmatiques que se déroule le début de ce premier volume. Rapidement, les mystères planent sur l'identité de Yuma Oda et sur les raisons de sa réapparition, mais pas pour très longtemps, puisqu'au fil du volume, les principales clés de ces énigmes sont dévoilées, si bien qu'arrivé à la fin du tome, le lecteur cerne déjà quasiment toutes les grandes ficelles, tous les enjeux de cette intrigue qui ne semble finalement pas très originale, mais qui est bien conçue et reste intéressante de par sa vision de l'homme du futur et son opposition entre avenir et présent. On a donc assurément un tome qui va à bon rythme et qui sait entretenir l'intérêt du lecteur, même si l'on est un peu étonné de voir que les plus gros mystères sont déjà tous dévoilés après un seul tome, à tel point que l'on en vient à se demander ce que va nous réserver la suite. Grâce à l'arrivée de quelques autres énigmes, notamment autour du rôle que joueront Miho et Taro, et sur l'identité du tueur venu du futur, l'intérêt reste bien présent. On espère donc que l'on n'est pas déjà au bout de nos surprises, et que le titre ne va pas tomber par la suite dans une banale guéguerre entre bien et mal.

Le principal point fort de ce début de série est probablement son style visuel. Très fin et précis, le coup de crayon de Jun'ichi Noujou nous offre un univers bourré de détails d'un réalisme saisissant, si bien que l'on croirait les personnages et les décors sortis de photographies. Ici, le mot photoréalisme n'est aucunement volé pour qualifier le travail de l'auteur. De plus, la mise en scène, inspirée, offre souvent des plans ingénieux, certains en mettant plein la vue, comme les contreplongées sur la chute de la tour de Tokyo. Le tout est efficace, séduit par son esthétisme, la narration est fluide et joue volontiers sur quelques éléments renforçant la menace planant sur Tokyo, comme ces visions du futur et la prolifération des corbeaux.
Egalement, on ne peut que constater une certaine originalité graphique, étant donné que l'on n'est clairement pas habitués à voir de tels dessins dans le paysage shônen. Un fait trouvant probablement sa source dans la plus grande expérience de Noujou dans le genre seinen, cela venant également expliquer le rendu très mature de l'ensemble pour un shônen. Oui, visuellement, Tokyo fin d'un monde s'avère bien différent de pléthores d'autres manga de son genre, et constitue en cela une expérience intéressante. Malgré tout, certains pourront être rebutés par la froideur que dégage le style de l'auteur, le tout révélant une certaine froideur et peinant à offrir une vraie profondeur à des personnages en eux-mêmes peu charismatiques.

En attendant de voir ce que nous réserve la suite de ce récit a priori moins original que prévu mais très bien conçu, ce premier tome séduit facilement de par son esthétisme et son impact visuel. Shônen mature flirtant avec ce genre à la mode qu'est le young seinen, Tokyo fin d'un monde a le mérite d'intriguer, et c'est avec intérêt que l'on découvrira la suite.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs