Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 16 Août 2012
Le talent d’un auteur telle que Kazue Kato n’est plus à démontrer, sa série « Blue Exorcist » en cours de parution chez Kaze est une véritable perle, remplie d’excellentes idées, surfant sur les codes du shonen de manière intelligente… Mais comme tous les auteurs, il a bien fallu commencer, faire ses premières armes, il n’est pas donné à grand monde de faire un hit du premier coup dés ses premiers essais.
Kaze, toujours lui, nous propose donc de découvrir les premières œuvres du maître mangaka avec ce recueil d’histoires courtes, symbolique de l’évolution de l’auteur…et déjà on reconnaît sa patte !
En découvrant la table des matières on observe qu’il n’y a pas moins de onze histoires contenues dans ce tome, de quoi largement satisfaire notre curiosité…mais à y regarder de plus prés on constate que certaines d’entre elles ne s’étendent que sur quelques pages voir sur une seule…on peut difficilement faire plus court comme « histoires courtes » !
On passera donc sur « La princesse et le mode d’emploi » qui est juste une blague d’une page, tout comme on passera vite sur « Usa Boy », là aussi une petite comédie de cinq pages (mais qui reflète un esprit digne de Toriyama)
On va par contre s’attarder un peu plus sur trois autres histoires très courtes, qui pourraient apparaîtrent insignifiantes mais qui sont loin de l’être !
La première « Un guerrier des terres rouges », superbement mise en couleurs, est saisissante et nous surprend grandement. Le trait est déjà très mature, particulièrement réussi, et on s’attend à un récit un minimum développé, mais il n’en sera rien. Il s’en dégage pourtant une grande poésie, saupoudré d’un ton de mélancolie.
Il en sera de même pour les deux autres : « Nirai » où on découvre un monde sous marin mystique et enchanteur et « La prière de la jeune fille » où on suit le parcours dramatique d’une jeune fille (comme le titre l’indique justement). En seulement quelques pages l’auteur arrive à communiquer de fortes émotions et à nous entraîner dans ses univers. Pas de dialogues dans ces histoires, juste une voix off…mais les images parlent d’elles mêmes !
Pour ce qui est des six autres histoires ces dernières sont un peu plus longues et plus travaillées, mais ne sont pas toutes pour autant plus intéressantes. Voyons ça dans l’ordre :
Celle qui ouvre le recueil « Le lapin et moi », raconte les aventures d’un lycéen qui remplit des contrats en tuant des victimes désignés par ses clients. Il doit assassiner le père d’un de ses camarades de classe. On commençant par ce récit on a une première approche très sombre du tome, car celle ci est justement assez noire, pessimiste même. Malgré une fin plutôt amusante et positive, l’ensemble de récit est assez sombre, ce qui peut surprendre. Mais déjà on reconnaît le talent de narration de l’auteur (et on découvre sa passion pour les lapins…quelle drôle d’idée !)
Vient ensuite « Tomate », l’histoire de deux ronins qui doivent protéger un champ de tomates mais aussi les souvenirs de leur cliente ! On retrouve encore des lapins dans ce récit, des lapins à forme humaine…difficile ici de ne pas faire de rapprochement avec Toriyama et ses personnages, d’ailleurs la ressemblance ne s’arrête pas là, le récit en lui même aurait pu être né sous la plume de Toriyama. L’histoire n’est pas passionnante, elle est cependant amusante. Elle est surtout intéressante pour voir l’évolution du travail de l’auteur ainsi que pour découvrir ses influences qui sont ici flagrantes !
On trouve par la suite « La voie du repentir », l’histoire d’un jeune voyou qui se range pour s’occuper de sa petite fille. Très courte, cette histoire apparaît sans grand intérêt, si ce n’est pour le traitement du personnage principal, un voyou borderline culpabilisant mais ayant malgré tout un sens des priorités et des responsabilités. On trouve déjà ici les personnages complexes et torturés chers à l’auteur. On note que même sur une histoire très courte, l’auteur privilégie ses personnages, gage de qualité indéniable !
« Mon maître et moi » nous plonge dans un univers fantastique, univers affectionné par l’auteur où on suit le destin d’un homme pauvre qui voit ses vœux exaucés par le bol de riz dont il se sert depuis quinze ans ! Histoire sympathique avec une morale plutôt parlante sur la simplicité. Pas grand chose à retenir ici mis à part l’ambiance qui s’en dégage qui nous rappelle sans hésiter celle que l’auteur arrive à distiller dans ses histoires…entre rêve et dure réalité, mélancolie et espoir… C’est assez fort !
L’avant dernière histoire « Hoshi Ota » nous fait partager le quotidien d’un geek fan d’astronomie qui veut paraître tout ce qu’il y a de plus banal pour séduire une camarade de classe. Et bien entendu il est sélectionné par des extra terrestres pour être le dernier humain qui sera exposé dans un zoo une fois la race humaine détruite ! Là encore on retrouve L’influence de Toriyama, mais on pense également à Keroro… Bref, un coté burlesque assumé pour une histoire intéressante, bien loin de ce dont l’auteur nous a habitué. On retrouve bien entendu la force de caractère de son personnage, mais cela diffère peu des shonen classiques. Pas l’histoire la plus passionnante mais intéressante cependant car elle nous montre une autre facette de l’auteur.
Enfin « L’affaire Miyama Uguisu » n’est pas sans rappeler « Blue Exorcist » que se soit au niveau de la thématique, du traitement ou même des personnages : Un jeune exorciste vient en aide à une fille qui est menacée par un démon… Evidemment l’exorciste fait grandement penser à Rin. A ce stade le design des personnages est en tout point identique à ceux créés actuellement par l’auteur, elle avait déjà atteint son niveau actuel. Même la narration et la mise en page sont très semblable à son travail d’aujourd’hui. Sans être une préquelle, ni même une version différente du titre phare de l’auteur, il apparaît clair que cette dernière histoire a servi de modèle, de base à Blue Exorcist !
Ce recueil, passionnant, nous permet d’observer l’évolution de l’auteur, tant au niveau du trait que dans sa façon de raconter des histoires. Si le graphisme a peu évolué (elle était déjà très doué dés ses débuts), sa narration a elle gagnée en maturité au fil des années. Pour autant le ton semble être resté le même. Ses influences ne sont plus un mystère et on la sait capable de burlesque comme de d’histoires graves et dramatiques…
En plus d’être une mine d’informations, ce recueil nous propose des histoires de qualités et souvent touchantes !