Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 31 Mai 2017
Critique 2
Morinaga reçoit une invitation à une réception de mariage d’un de ses anciens amis de Fukuoka. Il en profite pour convaincre Sô-ichi de l’accompagner. En effet, ce qui le tient à cœur c’est de faire son premier voyage en amoureux. Même si Sô-ichi accepte après d’âpres négociations, la tension sera à son comble quand ils se retrouveront tous les deux seuls dans la chambre d’hôtel.
La relation entre Morinaga et Sô-ichi est toujours aussi compliquée malgré le temps qui passe. Morinaga est toujours éperdument amoureux. Malgré les refus de son cher est tendre, il puise dans ses réserves pour toujours se montrer positif et fédérateur dans leur relation. Pourtant, les rejets successifs parfois violents face à ses demandes de tendresse blessent Morinaga. Même si nous avons l’impression que peu de choses changent, l’auteur fait quand même un peu évoluer Sô-ichi. En effet, alors que Morinaga dévoile un peu plus de son passé, en amenant Sô-ichi dans sa région natale, l’auteur en profite pour aborder sa souffrance suite au rejet de la part de sa famille liée à son orientation sexuelle. Habituellement Sô-ichi se soucie peu de Morinaga. Or, il se montrera présent et ira jusqu’à lui proposer son aide. Mais ce n’est pas tout ! Enfin Sô-ichi commence à mettre des mots sur ce qu’il ressent que ce soit vis-à-vis de ses sentiments ou de ses réticences. Un pas finalement énorme pour cet homme si introverti !
Il aura fallu attendre deux ans et demi pour avoir la suite des aventures de « The tyrant who fall in love ». Et c’est toujours un réel plaisir de suivre notre petit couple si particulier même si nous aurions aimé que l’auteur fasse évoluer un peu plus ses personnages et leur relation sentimentale.
Critique 1
Longtemps restée une série emblématique du catalogue boy's love de Taifu Comics, The tyrant who fall in love est désormais devenue une sorte d'arlésienne, à laquelle la mangaka Hinako Takanaga offre des nouveaux chapitres à son rythme et pour le plaisir. Il faut dire que l'oeuvre reste sûrement la pièce maîtresse de sa carrière dans le genre, et qu'elle avoue elle-même avoir beaucoup de mal à s'en détacher, à y renoncer, à dire définitivement au revoir à So-Ichi et à Morinaga, alors même que le récit principal est grosso modo bouclé depuis la sortie du volume 8 en 2012. Depuis ce tome, l'artiste nous offre donc des sortes de bonus qui jusque là ont su conserver le charme de la série, tout en continuant d'approfondir très succinctement les relations des personnages. Et après un volume 9 paru il y a déjà deux ans et demi en France, la série revient enfin tout en franchissant la barre symbolique des 10 tomes... avec réussite ?
L'avantage de ces tomes "bonus", c'est que Hinako Takanaga y offre des récits plus ou moins auto-conclusifs : ainsi les volumes ne proposent pas de gros suspense, et il n'y a donc pas de grosse frustration liée à l'attente très longue entre chaque tome, même si cela joue aussi sur l'épaisseur des volumes : après un tome 9 plutôt bien épais, on n'a droit ici qu'à 150 pages de "récit principal", la vingtaine de dernières pages offrant ensuite des petits récits bonus "anniversaires" (l'un pour le 100è numéro du magazine Gush, l'autre pour les 10 ans de la série, plus une "Side: S") anecdotiques.
L'enjeu de base de ce nouveau tome est simple : l'un des vieux amis de Morinaga est sur le point de se marier à Fukuoka, et notre héros est convié à la réception ! Seulement, Morinaga n'a aucune envie d'y aller seul : pour lui, ce serait là l'occasion idéale d'effectuer son premier voyage avec son So-Ichi... mais encore faut-il réussir à convaincre ce dernier !
Concrètement, au fil de ce voyage, le tome joue sur des éléments désormais bien connus, à commencer par le caractère très changeant de So-Ichi, qui une nouvelle fois va en faire voir quelques-unes à Morinaga ! L'humour est bien au rendez-vous, comme souvent dans la série, et doit beaucoup aux moments de "désaccord" entre Morinaga et So-Ichi. Par exemple, ils ont encore et toujours du mal à être en accord sur le plan du contact corporel, So-Ichi pouvant très facilement s'énerver, passer d'une certaine gentillesse à la colère. A cette relation, Takanaga ajoute par-ci par-là quelques autres éléments légers, notamment autour de la fameuse réception de mariage.
Il y a quand même une évidence dans tout ça : en se basant globalement sur les mêmes recettes que d'habitude, Hinako Takanaga commence à peiner à se renouveler. Bien sûr, l'attachement à ce duo de héros si savoureux dans les tomes précédents est toujours là, le mélange d'humour et de sentiments est toujours bien rendu par le trait expressif et par la narration focalisée sur Morinaga (qui tombe parfois des nues devant les réactions positives ou négatives d'un So-ichi capable d'être autant bienveillant que colérique, même s'il reste toujours bourru), et il est plaisant de continuer de voir So-Ichi s'adoucir à sa manière parfois, quand il s'inquiète pour Morinaga (le voir expliquer le fond de sa pensée à Morinaga alors que d'habitude il prétexte que ça le fatigue, c'est plutôt sympa). Mais concrètement, rien de neuf et pas vraiment d'évolution.
Le point le plus intéressant dans tout cela, celui qui pourrait amener de nouvelles choses, est à chercher du côté du rapport qu'a Morinaga avec ses parents qu'il n'a pas vus depuis très longtemps... et qu'il ne veut pas revoir. Il a peur de les rencontrer aujourd'hui et de briser l'équilibre qu'il s'est trouvé, pense que ça ne lui apporterait rien de bon et qu'ils le repousseront. Pourtant, que ressentirait-il s'il devait perdre ses parents sans les revoir ? Les idées sont lancées... mais ce n'est pas dans ce tome qu'elles seront approfondies, Takanaga restant pour l'instant en surface. Peut-être y reviendra-t-elle dans le prochain tome, qui sortira on ne sait quand, mais que l'on attendra patiemment.
C'est un fait, Hinako Takanaga commence à avoir du mal à renouveler réellement son oeuvre, mais elle peut toujours compter sur ses talents et sur l'attachement acquis pour ses deux héros afin de nous faire passer un bon moment. Le meilleur de The tyrant who fall in love est clairement déjà passé, mais la série conserve encore du charme.