The sound of my soul Vol.1 - Actualité manga
The sound of my soul Vol.1 - Manga

The sound of my soul Vol.1 : Critiques

Suishô no Hibiki

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 15 Septembre 2022

Deux ans après la conclusion du manga Running Girl qui nous faisait suivre avec passion le parcours d'une jeune fille amputée dans le monde du handisport, les éditions Akata abordent à nouveau le parcours d'une personne handicapée voulant vivre sa passion et se faire sa place avec, cette fois-ci, la musique en ligne de mire. Prépubliée dans le magazine Be Love de Kôdansha (le magazine de Running Girl, d'ailleurs), The Sound of my Soul était à l’origine une histoire courte sortie au Japon en 2018 sous le nom Suishô no Oto, en format « manga documentaire », et inspirée de la vie du violoniste Mizuki Shikimachi, un musicien existant réellement. Lorsque ce dernier signe son deuxième album, chez un label majeur en 2019, les éditions Kôdansha et la mangaka Rin Saitô (jusque-là inédite en France, mais dont la carrière dure au Japon depuis le milieu des années 1980) profitent de l’occasion pour transformer cette histoire en série sous le titre Suishô no Hibiki. Au final, l'oeuvre totalise 4 volumes et s'est achevée en 2021. Et il s'agit donc d'une oeuvre toute particulière puisque, même si elle a une part fictive, elle s'inspire très largement du parcours de Mizuki Shikimachi, un homme qui a su surpasser son handicap pour se hisser parmi les grands noms du violon.

L'oeuvre démarre donc en nous narrant les jeunes années de Mizuki, un enfant à qui l'on a diagnostiqué, dès l'âge de 3 ans, une hypoplasie du cervelet, maladie dont ne ne guérit pas, qui pourrait tout à fait s'aggraver au fil du temps, et qui provoque une paralysée cérébrale dont les conséquences sont multiples: mouvements affectés, épuisement arrivant rapidement en cas d'efforts physiques, asthme, vue pouvant être aussi touchée avec risque de devenir aveugle plus tard... Le petit garçon ne s'est toutefois jamais laissé abattre, en particulier après ses premières années en école spécialisée où il a noué une amitié forte avec Natsuki, un autre enfant qui, lui, a des problèmes de reins et est malentendant voire sourd, mais qui n'a jamais cessé d'être énergique et positif. Ayant pris goût dès son plus jeune âge pour le violon où il a visiblement un vrai don (comme quoi, sa maladie n'empêche pas cela), Mizuki, après avoir assisté à n concert particulièrement vibrant du violoniste professionnel Toshihiro Nakayoshi, s'est promis de devenir aussi bon que lui en violon, pour pouvoir faire ressentir sa musique du plus profond de son âme à son ami qui a pourtant perdu l'ouïe. Mais en entrant dans une école normale à son arrivée au collège, Mizuki va découvrir toutes les limites que la société validiste impose aux personnes considérées comme handicapées...

Abordant une part de l'enfance de Mizuki, ce premier tome fait tout d'abord office de bonne entrée en matière en présentant le jeune garçon, le courage et la maturité qu'il peut déjà avoir (il a conscience de sa maladie et fait très bien avec, sans perdre son optimisme et sa volonté), son amitié avec Natsu et ce que celle-ci lui apporte en détermination, son désir de se perfectionner en violon auprès de Nakayoshi... Et même si certains éléments sont plutôt rapides, tout s'avère clair pour nous faire ressentir au plus profond le désir et la passion du jeune garçon. Cependant, cette volonté communicative ne pourra que connaître des premières épreuves difficiles avec l'entrée de notre héros au collège, dans une classe ordinaire où il risque bien de ressentir tout le poids de la société valide. Entre les regards des autres élèves face à un garçon "différent", le fait que l'adulte qui l'accompagne exige de lui qu'il reste constamment dans son fauteuil roulant pour "éviter des problèmes" alors qu'il sait marcher, les difficultés à s'adapter à un rythme "normal" autant en cours que dans des activités comme la cantine sans que l'enfant soit vraiment accompagné, et de façon encore plus prégnante la méchanceté gratuite de camarades de classe commençant à le brimer, Mizuki commence à ressentir fortement la façon dont on ne rabaisse constamment à un statut de handicapé, pour un résultat ayant forcément quelque chose à dénoncer sur nos sociétés encore trop validistes. Alors face à ça, Mizuki trouvera-t-il une lumière où il pourra montrer sa valeur ? Une début de réponse pourrait bien se dessiner dans les toutes dernières pages... soit un peu avant que l'on atteigne les 120 pages, puisque dans le dernier quart de ce premier tome la mangaka et son éditeur ont eu la très bonne idée de nous inviter à découvrir le manga-documentaire initial de 2018, qui nous narre la naissance et les toutes premières années de vie de Mizuki Shikimachi à travers les yeux et pensées de celle qui le connaît le mieux: sa ère. le tout offrant un très joli et touchant portrait d'amour maternel, de mère-courage et de lien maman-fiston.

Sur le plan visuel, on peut dire que Rin Saitô accompagne de façon simple mais efficace le récit. La dessinatrice révèle effectivement des décors généralement simples voire parfois peu présents, laissant ainsi surtout la place à des personnages où les traits sont certes parfois approximatifs dans l'anatomie et dans les mouvements, mais où le côté simple profite surtout à une expressivité exemplaire. Couplé à un découpage souvent rythmé, efficace voire même très vibrant lors des quelques brefs instants musicaux, l'ensemble n'a aucune difficulté à frapper juste et à nous communiquer ses émotions.

Le nouveau shôjo de société des éditions Akata est donc assurément sur de bons rails avec ce premier volume intéressant. Le récit n'en est encore qu'à ses débuts, mais la découverte par le jeune Mizuki des limites imposées aux "handicapés" par la société est pleine d'impact, et l'on a forcément très envie de découvrir comment l'apprenti violoniste y fera face.

Côté édition, on retrouve le petit format shônen/shôjo typique d'Akata avec un papier souple et fin mais sans grosse transparence, une qualité d'impression correcte, un grand soin accordé au lettrage et à la traduction de la part de Sarah Balmer et Alexandre Goy, et une jaquette bien pensée de la part de Tom "spAde" Bertrand qui, tout en restant proche de l'origine japonaise au niveau de l'illustration, offre un très joli logo-titre agrémenté de traits de partition pour bien rester dans le thème.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction