The rising of the shield Hero Vol.1 - Actualité manga
The rising of the shield Hero Vol.1 - Manga

The rising of the shield Hero Vol.1 : Critiques

Tate no yûsha no nariagari

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Juin 2016

A l'origine de The Rising of the Shield Hero, on trouve Tate no Yuusha no Nariagari, un light novel démarré en 2012 par l'écrivain Aneko Yusagi et illustré par Minami Seira. Inédite en France, cette série de romans connaît à partir de 2014 l'adaptation manga ici présente, pour laquelle on retrouve le mangaka Kyu Aiya, artiste que nous avions découvert en 2013 (déjà chez Doki-Doki) avec un Antimagia ponctué de bonnes idées, mais un brin confus et avorté dans l'oeuf après deux petits tomes.

En nous offrant l'aventure d'un jeune garçon un peu otaku sur les bords qui, après avoir feuilleté un livre, se retrouve projeté malgré lui dans un univers se rapprochant d'un RPG de fantasy, le récit s'inscrit dans une veine très populaire actuellement, où ses trouvent par exemple Sword Art Online, Log Horizon, ou plus anciennement la saga .Hack. Mais nous allons voir qu'au-delà de son pitch de base qui a quelque chose de largement déjà vu, l'oeuvre ici présente se démarque rapidement et facilement.

Pourtant, les choses démarrent de façon pas forcément convaincante à cause d'une introduction qui... n'existe pas vraiment. A peine présenté, à peine a-t-il feuilleté son livre, que notre héros, Naofumi, se retrouve expédié vite fait bien fait dans cet autre monde après même pas dix pages. Et une fois sur place, la découverte des choses s'avère tout aussi expéditives, puisqu'étonnamment Naofumi ne se pose pas de questions quant au pourquoi du comment il a atterri là. Plutôt déstabilisant...
Néanmoins, une fois cette première impression peu positive passée, les choses sérieuses ont le mérite de démarrer vite et bien, en expliquant comme il se doit et avec fluidité les enjeux de ce monde : pour repousser les calamités menaçant le monde, la légende dit que quatre saints hommes arriveront d'un autre univers pour combattre, après avoir chacun pris possession de l'arme qui lui est vouée : l'épée, l'arc, la lance, et... le bouclier ?! Tandis que  trois autres jeunes garçons, récemment débarqués eux aussi, s'accaparent les trois armes offensives, Naofumi, lui, hérite du bouclier, un objet défensif qui lui vaut rapidement les moqueries de ses "compagnons". Et quand l'heure est venue pour les nombreux coéquipiers de choisir lequel de ces quatre héros ils serviront, personne ne va vers le combattant au bouclier... sauf si cela peut permettre de le manipuler pour le voler et faire courir les pires ragots sur lui.

Au bout de cette phase d'introduction assez rapide, le lecteur l'aura déjà compris : l'une des originalités de la série, c'est sans nul doute le fait que Naofumi soit affublé d'une arme défensive, qui ne sert pas à se battre, mais uniquement à se protéger... plutôt délicat, pour un combattant !
Mais c'est loin d'être la seule chose intéressante de ce premier volume, car là où les héros de SAO ou de Log Horizon font réellement figure de héros et fiers combattants dans le monde où ils se retrouvent projetés, c'est carrément l'inverse pour Naofumi. En plus d'être moqué et écarté par les trois autres héros à cause de son "arme", les manipulations et ragots d'une demoiselle peu scrupuleuse font qu'il est vite rejeté au rang d'individu ignoble, de violeur, de traître, enclenchant dès lors son bannissement et les regards haineux de la population... mais le jeune garçon le leur rend bien ! Et ça, c'est quelque chose que l'on va beaucoup apprécier : loin de se laisser faire ou de déprimer, Naofumi va montrer une certaine force de caractère, quitte à jouer un peu le jeu des autres en se montrant réellement un peu badass et en n'hésitant par à dire ouvertement ce qu'il pense.

Apparaissant comme un antihéros aux yeux des autres personnages, mais pas aux yeux du lecteur, cela en fait un personnage vraiment prometteur, que l'on va alors adorer suivre dans sa quête pour progresser et peut-être redorer son blason. Cela passe d'abord par nombre d'éléments typiques de RPG, comme acquérir de l'expérience et monter en niveaux en dégommant des monstres, ou essayer de se trouver des compagnons de voyage.
Le premier point s'avère assez chouette, de par les bouilles rigolotes des créatures un peu moisies que Nao est obligé de combattre au tout début (pensez-vous, un "guerrier" n'ayant qu'une arme défensive, ne pouvant pas être offensif, et étant encore un niveau le plus bas, est bien contraint de maraver à la chaîne les créatures les plus inoffensives, à l'image de ces délirantes sortes de pacman vénères ! ).
Mais c'est le deuxième point qui finit vite par occuper l'essentiel de l'attention, dès lors que Nao parvient à se payer, en guise de compagne, une... jeune esclave demi-humaine affaiblie et qui semble proche de la mort. De son nom Raphtalia, la gamine permet d'accentuer encore un peu plus l'aspect hostile et pas forcément accueillant de se monde, via la vie terrible et tragique qu'elle a menée jusque là : "racisme" envers les demi-humains, esclavage, absence parentale douloureuse, traumatismes... Kyû Aiya parvient à exposer tout cela en peu de temps et sans en faire trop, mais de façon suffisamment marquante pour que l'on ressente bien l'importance que Naofumi devrait prendre pour elle. Et pourtant, fidèle à son caractère, Nao ne se montrera pas forcément tendre avec elle. Certes plutôt bienveillant pour la requinquer, la nourrir et lui redonner confiance en la vie, mais également autoritaire et sévère dans l'entraînement qu'elle devra connaître pour devenir l'atout offensif qui manque tant à notre héros. Et en toile de fond, on devine également que la petite-fille-raton, sous ses airs chétifs, pourrait cacher des ressources insoupçonnées...

Tout ceci fait office d'introduction parfois rapide, mais très rythmée et redoutablement efficace. Cette efficacité doit beaucoup à la narration très fluide du mangaka, qui peut se baser pour ça sur les romans originaux. Mais il ne faudrait pas oublier les dessins, et sur ce point, Kyû Aiya a fait de sacrés progrès depuis Antimagia. Très vivant et expressif, l'ensemble profite de design variés, que ce soit côté humains/demi-humains ou bestiaire (on a déjà évoqué ces sortes de pacman colériques aux bouilles plus rigolotes qu'effrayantes, mais suit aussi, par exemple, une sorte de gros lapins qui apparaît déjà vaguement plus dangereux... S'instaure alors un schéma où, fort logiquement, on devine de futures apparitions de bébêtes d plus en plus dangereuses). Les scènes d'action, elles, s'avèrent fluides. Et l'artiste montre des choses très prometteuses du côté de son trait assez riche et de son encrage très soigné et contribuant beaucoup à l'immersion. Certaines planches profitent de tout ça pour offrir de jolies sensations de profondeur, entre autres.

Surfant sur un type de récit particulièrement en vogue, The Rising of the Shield Hero, une fois passée son intro trèèès rapide, tire donc aisément son épingle du jeu en offrant des idées plutôt atypiques savamment exploitées, comme le statut strictement défensif de Naofumi et son côté "faux antihéros" vilipendé de toutes parts. Visuellement très efficace, l'oeuvre possède dès lors tout ce qu'il faut pour devenir par la suite un excellent divertissement. Affaire à suivre !

L'édition est dans les standards de Doki-Doki, c'est à dire très agréable à prendre en main. Le papier à la fois souple et épais permet de bien mettre en valeur le travail visuel du mangaka, tandis que la version française servie par le traducteur/adaptateur Jean-Benoît Silvestre s'avère très vivante et claire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs