Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 11 Juin 2024
Le jeune Oniyasha, futur Zeami (le créateur historique du théâtre Nô), vit comme un véritable échec son premier grand spectacle au sanctuaire Imakumano de Kyoto, où il a le sentiment d'avoir fait très pâle figure à côté des talents de son père Kan'ami. La performance de ce dernier vaut toutefois à la troupe de sarugaku d'attirer l'attention du shôgun en personne. Est-ce là le premier pas du groupe de Kan'ami vers une plus grande reconnaissance de son art ?
Toute une part de ce deuxième volume est assurément consacrée auxdites évolutions que la troupe pourrait connaître sous l'impulsion du shôgun, un homme que l'on aura l'occasion de découvrir sous des traits parfois étonnants au fil des pages Tout en travaillant brièvement mais avec limpidité le contexte historique (qui s'offre encore des explications concises quand c'est nécessaire), le mangaka Kazuto Mihara évoque soigneusement ce qu'impliquera la nouvelle position du groupe de Kan'ami auprès du souverain Ashikaga, à la fois d'un point de vue interne avec des exigences nouvelles pour Oniyasha (ne serait-ce que dans le besoin d'avoir une attitude plus rigoureuse), et d'un point de vue plus ample via les rivalités politiques qui existaient alors dans un Japon coupé en deux.
Le contexte reste ainsi assez clair, mais tout ceci ne reste (pour l'instant, en tout cas) qu'un emballage devant pousser Oniyasha à s'interroger toujours plus sur son art, sur la danse, sur le besoin qu'ont les corps de s'agiter pour exprimer des choses ou simplement pour le plaisir. Suivre les réflexions de notre jeune héros reste assez passionnant, d'autant plus que l'auteur a la bonne idée de lui faire travailler lesdites réflexions par le prisme de différentes expériences, une nouvelle fois: influence du shôgun qui lui impose de nouvelles choses, découverte de ce qu'implique l'acte sexuel, rencontre avec un étranger à la couleur de peau différente, naissance d'une possible rivalité avec le pratiquant de dengaku Zôjirô (personnage historique qui deviendra plus tard Zôami, un danseur de la même génération que notre personnage principal)...
On sent alors très bien que le corps et la danse sont loin d'avoir fini de faire cogiter le passionné Oniyasha, et c'est d'autant plus efficace sous les jolies envolées visuelles du mangaka !