Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 06 Juin 2019
Les serres de l’aigle républicain américain se resserrent sur Hollywood avec sa chasse aux sorcières. Trumbo et ses camarades se retrouvent sans défenses lorsque le Comité des producteurs change brusquement de discours et décident non seulement de les licencier, mais également de les inscrire sur une liste noire, les empêchant ipso facto pouvoir participer d’une quelconque façon à l’industrie cinématographique de l’Oncle Sam.
Osamu Yamamoto continue de nous livrer ici une intrigue bien ficelée au travers de ses nombreux protagonistes, réels et fictifs au sein d’une version romancée et souvent uchronique. Mais l’essentiel est là, la chasse aux rouges à contraint Trumbo et les Dix d’Hollywood à abandonner tout projet scénaristique. Mais va-t-il se laisser abattre ? Bien sur que non ! Mais comment le vilipendé de Los Angeles réussira à trouver un travail avec son pédigrée ? Après tout les producteurs se sont calés sur Washington pour éviter un boycott général du public contre tout œuvre comportant un nom de la liste noire, et Trumbo le sait, écrire sous un faux nom ne lui permettra pas d’attirer l’œil des célèbres réalisateurs d’Hollywood.
Et c’est à ce point que l’auteur prend de grandes libertés sur l’Histoire pour rentrer dans une uchronie. En effet, pour remonter la pente, Trumbo commence l’écriture d’un scénario, celui des « Vacances romaines » qui sera plus tard réalisé par Wyler. Cependant aucuns indices ne portent à croire qu’il a vraiment participé au scénario. Pourtant, Yamamoto donne des ailes à son personnage, le voilà désormais dans l’ivresse de l’écriture, une transe poétique dans laquelle il doit atteindre la perfection pour que son histoire soit appréciée et réalisée par un grand d’Hollywood. Mais pour cela il doit se référer à une œuvre qui a déjà fonctionnée ; il en reprend alors les principaux traits comme les personnages types, l’intrigue, la morale de celle-ci. Les axes directeurs analysés, il peut modifier en substance l’histoire de base pour la renouveler et y apporter des modifications conséquentes pour qu’elle surpasse l’œuvre d’inspiration. Mais la cerise sur le gâteau ce n’est pas le changement de paradigme mais bien les sentiments que l’histoire véhicule, et ceux-ci sont calqués sur l’humeur actuelle de Trumbo, en quête de confiance dans sa traversée du désert.
C’est ce qui marque davantage ce volume au précédent, le trait de l’artiste véhicule les sentiments des personnages à un moment précis, que ce soit la frénésie de créativité du scénariste enfermé dans son bureau, le désespoir de Wyler qui croyait en les idéaux de justice et de liberté d’expression, ou encore de la confiance mutuelle pour une seule et même cause. Cela se reflète également davantage chez Wyler qui ne souhaite pas que les acteurs « jouent » une émotion, pour lui il est nettement plus beau et juste de « vivre » l’émotion car cela permet au spectateur d’être touché par celle-ci. La raison intrinsèque est que les caméras de tournages « capturent » les émotions précises, les artifices sont donc plus visibles qu’au théâtre par le spectateur, mais cela demande alors un investissement destructeur et un esprit déjà tourmentée par des expériences antérieures. Parmi la ribambelle de personnages présentés au sein du premier volume, c’est bien Wyler, Trumbo, Hepburn et Lester qui sont les plus travaillés et qu’on peut considérer comme principaux, la justesse de certaines scènes est particulièrement palpable, on ressent toute la difficulté de jouer une scène pour le bon plaisir d’un réalisateur imbu non pas de sa personne, mais de sa vision de l’art cinématographique.
Osamu Yamamoto continue de nous livrer ici une intrigue bien ficelée au travers de ses nombreux protagonistes, réels et fictifs au sein d’une version romancée et souvent uchronique. Mais l’essentiel est là, la chasse aux rouges à contraint Trumbo et les Dix d’Hollywood à abandonner tout projet scénaristique. Mais va-t-il se laisser abattre ? Bien sur que non ! Mais comment le vilipendé de Los Angeles réussira à trouver un travail avec son pédigrée ? Après tout les producteurs se sont calés sur Washington pour éviter un boycott général du public contre tout œuvre comportant un nom de la liste noire, et Trumbo le sait, écrire sous un faux nom ne lui permettra pas d’attirer l’œil des célèbres réalisateurs d’Hollywood.
Et c’est à ce point que l’auteur prend de grandes libertés sur l’Histoire pour rentrer dans une uchronie. En effet, pour remonter la pente, Trumbo commence l’écriture d’un scénario, celui des « Vacances romaines » qui sera plus tard réalisé par Wyler. Cependant aucuns indices ne portent à croire qu’il a vraiment participé au scénario. Pourtant, Yamamoto donne des ailes à son personnage, le voilà désormais dans l’ivresse de l’écriture, une transe poétique dans laquelle il doit atteindre la perfection pour que son histoire soit appréciée et réalisée par un grand d’Hollywood. Mais pour cela il doit se référer à une œuvre qui a déjà fonctionnée ; il en reprend alors les principaux traits comme les personnages types, l’intrigue, la morale de celle-ci. Les axes directeurs analysés, il peut modifier en substance l’histoire de base pour la renouveler et y apporter des modifications conséquentes pour qu’elle surpasse l’œuvre d’inspiration. Mais la cerise sur le gâteau ce n’est pas le changement de paradigme mais bien les sentiments que l’histoire véhicule, et ceux-ci sont calqués sur l’humeur actuelle de Trumbo, en quête de confiance dans sa traversée du désert.
C’est ce qui marque davantage ce volume au précédent, le trait de l’artiste véhicule les sentiments des personnages à un moment précis, que ce soit la frénésie de créativité du scénariste enfermé dans son bureau, le désespoir de Wyler qui croyait en les idéaux de justice et de liberté d’expression, ou encore de la confiance mutuelle pour une seule et même cause. Cela se reflète également davantage chez Wyler qui ne souhaite pas que les acteurs « jouent » une émotion, pour lui il est nettement plus beau et juste de « vivre » l’émotion car cela permet au spectateur d’être touché par celle-ci. La raison intrinsèque est que les caméras de tournages « capturent » les émotions précises, les artifices sont donc plus visibles qu’au théâtre par le spectateur, mais cela demande alors un investissement destructeur et un esprit déjà tourmentée par des expériences antérieures. Parmi la ribambelle de personnages présentés au sein du premier volume, c’est bien Wyler, Trumbo, Hepburn et Lester qui sont les plus travaillés et qu’on peut considérer comme principaux, la justesse de certaines scènes est particulièrement palpable, on ressent toute la difficulté de jouer une scène pour le bon plaisir d’un réalisateur imbu non pas de sa personne, mais de sa vision de l’art cinématographique.
Et en prime nous avons en postface de ce volume les précisions du mangaka sur ses sources bibliographiques ainsi que informations relatives à la construction de son récit. Il nous avoue que beaucoup d’éléments sont historiquement vrais, fruit d’un travail de rat de bibliothèque d’œuvres de références sur la période ; ainsi il dévoile les éléments uchroniques de son intrigue, la construction des personnages par rapport à l’Histoire et à ses envies personnelles. Au final ce va et vient constant entre réalité et fiction permet non seulement de découvrir le contexte sulfureux de l’époque et des enjeux politiques des personnages mais donne aussi cette fragrance d’originalité, cette once de fiction qui nous permet de prendre goût au récit, aux personnages.