Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 12 Avril 2024
La production en série de l'assiette qu'Aoko et Tatsuki ont imaginée ensemble a débuté pour leur plus grande joie, et par la force des choses les deux jeunes adultes continuent de se rapprocher. Mieux encore, Tatsuki commence enfin à s'ouvrir un petit peu plus aux autres, sous l'oeil réjoui d'Aoko ! Mais alors que le moral est au beau fixe, c'est dans ce contexte que la joie d'Aoko risque soudainement d'être troublée par le retour à Hasami, après trois ans d'absence, d'un homme qui semble avoir un lien étroit avec elle... Qui est-il, que représente-t-il pour elle, et que lui a-t-il fait autrefois pour que Shinobu s'oppose à ce qu'il la revoie ?
Bien sûr, on vous laisse le soin de découvrir la réponse, assez prévisible mais soigneusement amenée, à ces questions, pour plutôt nous intéresser à l'impact qu'a l'arrivée de Kumahei, en qui on aura par ailleurs l'occasion de découvrir quelqu'un de très serviable et gentil malgré ce qu'il a pu faire à Aoko, ce qui a au moins le mérite d'éviter certains écueils habituels. Cet impact, il est assez évident, car même si Aoko fait mine que tout va bien, personne n'est dupe: elle a moins faim que d'habitude, elle travaille plus vite au point de stresser les autres, elle se blesse... Et face au comportement inhabituel de notre héroïne, deux personnages en particulier viennent se démarquer.
L'une n'est autre que Shinobu, qui veille sur Aoko parfois presque comme le ferait une grande soeur. Femme très protectrice envers son amie, n'ayant pas sa langue dans la poche et faisant tout pour changer les idées de notre héroïne, on prend énormément de plaisir à la voir gagner subtilement en importance en tant qu'amie précieuse, d'autant plus qu'elle sait aussi être une belle confidente au cas où Aoko aurait besoin de parler de Kumahei ou de vanter les qualités de Tatsuki.
Quant à l'autre, il s'agit évidemment de Tatsuki, justement, tant celui-ci est lui-même troublé en voyant Aoko déconcentrée par le retour de Kumahei. Cherchant alors à la soutenir à sa manière, il se rapproche d'elle tout naturellement en pouvant être quelqu'un devant qui elle n'a pas besoin de faire semblant... Et cela continue dans la suite du tome où, entre autres, il veille sur elle lors d'une soirée arrosée pour fêter la production des assiettes, puis compte récidiver à l'aube d'un camp d'été qui s'annonce mouvementé. Tout au long de ce volume, Yuki Kodama, avec une subtilité folle, nous fait bien sentir que quelque chose naît dans le coeur de Tatsuki vis-à-vis d'Aoko: on le voit enfin sourire à son contact, il continue de s'ouvrir à elle, il a des regards, des petits rougissements et des gestes qui ne trompent aucunement et que l'on observe avec beaucoup d'attention... mais comment faire, désormais, pour accepter ces sentiments naissants, qui plus est envers une femme qui affirme elle-même ne plus accorder le moindre intérêt aux relations amoureuses ?
En attendant de le savoir, on se régale d'un bout à l'autre de ce tome, une nouvelle fois, tant Yuki Kodama brille à la fois dans son abord subtil et naturel de ses personnages, dans ses nouvelles mises en valeur de l'artisanat via des dessins clairs et méticuleux, et dans sa narration visuelle toujours très fine et bourrée de sens.