Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 20 Décembre 2011
A la fin du tome précédent, nous avions laissé la belle-fille du professeur Noguchi dans un état critique. Percutée par un scooter, une côte lui transperçait le coeur. De plus, son bébé, non encore né et atteint d'une malformation cardiaque congénitale, était susceptible de subir des dommages collatéraux de cet accident. Au début de ce dix-huitième opus, on retrouve le fils du Dr Noguchi, qui, paniqué, téléphone au Dr Kato, qui est aussi son ancienne petite-amie. Il lui demande de sauver à la fois sa femme et son bébé. Malgré les interdictions de Noguchi, qui veut confier l'opération à une chirurgienne enceinte aux prises avec des nausées importantes, Akira Kato arrive en salle d'opération. Qui sauver ? Noguchi a fait son choix, mais Kato refuse de laisser mourir l'un des deux patients.
« J'ai l'impression que quelque chose bouge dans le service. Un vent nouveau commence à souffler ». Cette citation, tirée de ce dix-huitième tome, illustre à merveille l'ambiance qui s'en dégage. Il se passe des choses très importantes. Cela fait déjà 2 à 3 tomes que Team Medical Dragon est sorti de sa phase d'inertie qui lui a tant été reprochée (souvent à tort), pour nous proposer du très grand seinen, n'ayons pas peur des mots. Entre la problématique de l'eugénisme, évoquée dans un cas pratique avec circonspection, réflexion sur l'équilibre vie privée-vie professionnelle, relations poussées entre les personnages, cet opus voit le scénario de la série effectuer un grand bond en avant. Car si les élections tiennent toujours une place capitale, des révélations sur le professeur Noguchi ont tôt fait de tout chambouler.
On retiendra particulièrement dans ce tome les pensées du professeur Noguchi, qui apparaît comme un être toujours plus opportuniste et carriériste, mais aussi manipulateur et vil : la problématique de l'eugénisme ressort en effet des réflexions qu'il peut avoir autour des choix à effectuer concernant l'opération de sa belle-fille et de son bébé. Un chapitre dans les pensées du professeur est lui-aussi particulièrement marquant, puisque sous des apparences douces prises lorsqu'il est en compagnie de sa femme, il ne cesse de penser au jeu pervers des élections politiques et à comment annihiler ceux qui le gênent, qu'il perçoit comme des pièces de shôgi (la métaphore est habile et a un excellent rendu par le biais du trait exagéré de Taro Nogizaka).
Dans tout ça, Asada apparaît en retrait et l'accent est mis sur Kato, Noguchi et beaucoup de personnages secondaires (un très bon point !). La fin de tome est remplie de promesses et au vu de l'évolution de la série au cours des derniers tomes, on peut assurer sans se tromper que Team Medical Dragon va s'achever de façon tonitruante, puisqu'il ne reste que 7 tomes. L'auteur se permet un double cliff hanger dans les dernières pages. On reste stupéfait et impatient face à ce qui semble être la dernière carte jouée par Noguchi, et on attend les premières conséquences. Les médecins, invités aux banquets de fin d'année des trois candidats aux élections, doivent enfin choisir pour qui ils penchent... Le dix-neuvième tome pourrait être, sans doute, celui qui posera les bases de la fin de la série, du dénouement des élections, pour voir enfin si Kato peut accéder au titre de professeur et réformer le service pour une amélioration des soins et des conditions de travail, ce qui était l'idée de départ de la série.
Un tome qui secoue, un scénario qui avance, des personnages qui interagissent intelligemment. Et, surtout, l'absence totale, depuis le début de la série, de toute idée de néo-management sauvage dans un établissement de santé. La réforme voulue par Kato se fera pour les malades et les médecins, ou ne se fera pas. Il n'est pas question ici de coupes budgétaires, fermeture de bloc et j'en passe, ou d'un langage hypocrite qui ferait passer des loups pour des agneaux. L'auteur sait prôner une vraie bonne réforme des soins, de vrais changements... rien que pour ça, Team Medical Dragon est un manga pertinent.
Sachant que l'édition de Glénat est toujours aussi recommandable (aucune dérogation n'a été faite depuis le début de la série à la rigueur apportée au lexique médical en fin de tome), on ne saurait que trop vous recommander la lecture de cette série, trop caricaturée par des personnes qui ne se basent que sur leur lecture des premiers tomes, qui en effet, étaient parfois maladroits. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis !