Anthologie Tatsuki Fujimoto 17-21 : Critiques

Fujimoto Tatsuki Tanpenshû

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 30 Mai 2022

Tatsuki Fujimoto est l'un des artistes qui fascinent le plus, aujourd'hui. Non seulement les lecteurs francophones, mais aussi ceux du monde entier, y compris le lectorat nippon. Après un Fire Punch fascinant, Chainsaw Man a été un déclencheur indéniable, popularisant davantage l'auteur grâce à sa prépublication dans l'ultra célèbre Shônen Jump. Puis, en juillet 2021, la parution de l'histoire courte Look Back sur internet a fait l'effet d'une bombes. Des auteurs n'ont pas caché leur admiration envers ce récit qui dépassera les trois millions de lecture en seulement vingt-quatre heures.


Shûeisha, l'éditeur, avait bien conscience de l'intérêt que suscitait l'un de ses plus jeunes poulains. Ainsi, tandis qu'une parution papier de Look Back est actée pour septembre 2021 au Japon, la maison n'en reste pas là et propose à l'auteur de compiler ses travaux de jeunesses à travers deux ouvrages qui paraissent respectivement en octobre et novembre de la même année, afin de créer une véritable dynamique autour du mangaka sur la période automnale. A travers deux recueils, les histoires courtes que dessina Tatsuki Fujimoto de ses 17 à ses 26 ans sont de nouveau rendues disponibles pour tout un lectorat. Une aubaine aussi idéale pour les fans étrangers de l'artiste, puisqu'une telle publication en recueil implique une possible acquisition par les éditeurs des autres pays. Ca n'a pas échappé à Kazé qui, quelques mois après avoir publié Look Back, s'intéresse à ces deux recueils dont le premier chapitre, « 17-21 », nous est offert en ce mois de mai 2022.


Si le parti-pris est classique, nous proposer ces histoires courtes dans leur ordre de parution a du sens puisque l'idée du diptyque est d'établir un véritable portrait de jeunesse d'artiste d'un auteur pourtant réticent à une telle publication, à la base. Là est d'ailleurs l'un des intérêt de ces recueils : S'ils proposent au format physique les œuvres d'un mangaka débutant, ils s'enrichissent de quelques notes furtives de ce dernier, nous permettant de comprendre le contexte de création de chaque intrigue, et des réflexions qui ont traversé Fujimoto par rapport à son expérience et sa considération de ses travaux et de la démarche de compilation de ceux-ci. Il ne suffit d'ailleurs que d'une lecture de ces lignes pour saisir la complexité du maître et de ses démarches qui ont évolué avec le temps. Les lecteurs de l'ensemble de son œuvre comprendront la portée de certaines de ses paroles, tandis que d'autres notes amuseront tout en prouvant le terrain d'expérimentation que peut être le format de l'histoire courte pour un artiste qui ne manque pas d'idées créatives et narratives.


Voilà donc ce qu'est « 17-21 », cette première partie compilant quatre récits que nous vous laissons le loisir de découvrir par la lecture de l'ouvrage. Par ce premier témoignage, c'est indéniablement l'évolution du trait de Tatsuki Fujimoto que nous sommes amenés à apprécier, mais par seulement. Au fil des pages, c'est l'expérience de l'auteur qui évolue telle une fresque chronologique, si bien que chaque chapitre se démarque du précédent en terme de cachet, de style, de densité des cases... et d'audace. Car si le maître montre dès sa première histoire une certaine excentricité (qui va de pair avec un sous-texte parfois bien mélancolique), on sent que la maturité l'a gagné au fil des planches, au point qu'il tente quelques élans de mise en scène dans les deux derniers chapitres, proposant les balbutiements d'une narration véritablement cinématographique sur certaines planches qui épatent par leur composition.


Et, tout simplement, ce premier one-shot est l'occasion de découvrir l'imaginaire de jeunesse de l'auteur qui mélange les influences et les tons, n'hésitant pas à partir dans des directions surprenantes, tout en s'enrichissant de propos bien nourris en filigrane, donnant à chaque œuvre différents degrés de lecture. Les connexions avec ses travaux plus ambitieux, ses séries longues, se font assez naturellement, ce qui n'empêche pas cette sélection d'être une bonne proposition pour un lecteur souhaitant découvrir le talent du maître. Peut-être même que l'exercice de lecture de ces travaux dans un ordre chronologique s'avèrera judicieux, « 17-21 » étant alors le point de départ idéal pour découvrir l'ascension d'un mangaka aux multiples facettes.


Impossible donc de ne pas conseiller ce premier ouvrage, que ce soit à un fan de l'artiste qui en redemanderait qu'à un néophyte qui aimerait découvrir un auteur unique dans sa large palette de styles, de ton, d'inspirations et d'idées. Et concernant l'édition, Kazé offre un format poche somme toute classique, conforme aux formats de Chainsaw-Man et de Look Back. Nous salurons au passage le travail de traduction de Sébastien Ludmann (transcrire les ambiances des œuvres de Fujimoto dans un texte français devant être un sacré exercice) ainsi que le lettrage bien calibré d'Erwan Lossois et le design de Clémence Perrot qui offre une couverture extrêmement fidèle à l'originale, ne la dénaturant à aucun moment.



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs