Sun-Ken Rock Vol.25 - Actualité manga
Sun-Ken Rock Vol.25 - Manga

Sun-Ken Rock Vol.25 : Critiques

Sen Ken Rokku

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 09 Novembre 2016

Au bout de plusieurs combats et sacrifices, Ken est enfin parvenu jusqu'à la suite de son ultime ennemi, Yoshizawa, le boss de Hakuryu-kai et père de Yumin. Accompagné de cette dernière, de l'amour de sa vie, notre héros, avant de mettre la main sur Yoshizawa, doit d'abord se débarrasser de son meilleur homme de main Fujimi Rain, un homme qui a longtemps eu un lien étroit avec Yumin. Tandis que le combat final fait rage, Yumin, elle, s'interroge sur son rôle, face aux trois hommes qui ont le plus marqué sa vie en bien ou en mal et qui sont en train de s'entredéchirer devant elle...

La suite et l'affrontement entre Ken et Rain assure le spectacle grâce à l'habituelle intensité visuelle dont est capable Boichi. Pourtant, au-delà des coups violents qui sont échangés, c'est tout autre chose qui intéresse le plus et qui va avoir sur la suite des conséquences aussi dramatiques qu'inattendues. Cela concerne en premier lieu Yumin, sur laquelle Boichi parvient vraiment à intriguer dans ses prises de conscience et ses choix faits un peu sur le coup. Mais plus encore, l'heure est venue une dernière fois pour l'auteur de mettre en avant les motivations de Ken. Pourquoi s'est-il battu jusqu'à présent ? Est-ce uniquement pour venger ses parents ? Par amour pour Yumin ? La réponse est tout autre et cristallise définitivement Ken en tant que figure de soulèvement, de contestation, de révolution face aux tares de la société que Boichi a pu aborder au fil des tomes : le rôle critique de l'Etat, le passé honteux de son propre pays dans des conflits comme la guerre du Vietnam, le drame des immigrés et laissés-pour-compte...

La conclusion de Sun-Ken Rock peut dès lors prendre une tournure aussi puissante qu'imprévisible, de par les choix faits par l'auteur. Des choix loin d'être idéaux pour les personnages, ne serait-ce que pour les actes de Yumin ou pour le sort tragique de certaines figures que l'on avait appris à aimer pendant 25 tomes. Des choix qui cachent surtout des ambitions folles chez le mangaka, présentant pendant toute la deuxième grosse moitié du tome des événements se déroulant sur plusieurs années, souvent teintés d'une profonde mélancolie, et qui surtout mettent avant tout l'accent sur le rôle de Ken en tant que bâtisseur d'un empire colossal et défenseur des opprimés.

Dans tout ceci, il y aurait pourtant de quoi s'agacer une nouvelle fois face aux quelques scènes d'humour coquin pas finaudes, mal amenées et tendant à trop briser l'ambiance.
Egalement, le fait d'exposer en seulement une grosse centaine de pages des évolutions sur plusieurs années pourrait laisser circonspect certains lecteurs de par la rapidité des événements décrits. En réalité, il faut y voir autre chose : toute cette deuxième partie de tome conclut à merveille la naissance d'une figure symbolique des idées du mangaka. Non, Sun-Ken Rock n'était pas un simple manga de baston, mais plutôt le récit de l'émergence d'une figure contestataire dans son désir de faire changer les choses. Une figure qui a énormément changer depuis le tout début de l'oeuvre, dans laquelle Boichi a mis beaucoup de lui-même... et qui semble seulement naître dans Sun-Ken Rock. Car au long de ce tome, on constate aussi que Boichi semble nourrir bien d'autres ambitions pour une série qui pourrait devenir une saga : pas mal de pistes pourraient être largement approfondies dans des spin-off ou des récits crossover, une chose que l'auteur a d'ores et déjà commencée en rattachant bel et bien ici l'univers de Sun-Ken Rock à celui de Wallman. Dès lors, on se prend à rêver que cette ambition, Boichi la poursuive dans la suite de sa carrière, même si Sun-Ken Rock peut tout à faire se suffire à lui-même.

Série globalement très efficace, Sun-Ken Rock a pu connaître autant d'excellents moments que de passages à la limite du pathétique malgré leurs idées (difficile d'oublier le naufrage que fut en grande partie l'arc des idols), le problème étant souvent venu du goût de Boichi pour l'érotisme humoristique outrancier, mal placé et véhiculant parfois une vision de la gente féminine dont on sait pourtant qu'elle est fausse chez cet auteur (on va mettre ça sur le compte de la maladresse et du désir de flatter le lecteur). Au-delà de ses défauts, la série a pourtant su captiver, développer des personnages que l'on a appris à apprécier et que l'on quitte ici de façon parfois très triste et mélancolique, aborder un certain nombre de sujets de société forts (en les approfondissant plus ou moins bien)... et cette conclusion cristallise parfaitement toutes ces qualités. Qu'on se le dise, l'ultime coup de poing de Ken Kitano se fait en plein coeur.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs