Sukedachi 09 Vol.1 - Actualité manga
Sukedachi 09 Vol.1 - Manga

Sukedachi 09 Vol.1 : Critiques

Sukedachi 09

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 08 Juillet 2016

Critique 1

Seishi Kishimoto (le jumeau de Masashi Kishimoto, auteur de Naruto...ça, c'est fait, on ne reviendra plus dessus), nous revient avec un nouveau titre, déjà son quatrième en France.
Après le très sympathique Satan 666, le très discutable Blazer Drive et le très dispensable Crimson Wolf, cette fois l'auteur s'oriente vers un titre plus mature, s'apparentant à un seinen, une fois n'est pas coutume, qui ne devrait pas dépasser les cinq tomes au Japon. Il est actuellement toujours en cours, mais la fin étant annoncée pour bientôt, il s'agira d'une nouvelle série courte… Est-ce un nouveau constat d'échec pour celui qui court après le même succès que son frère (on avait dit qu'on en reparlerait plus) ?
Le fait est que sa série la plus longue fut la première, son coup d'essai, qui était pour le moment aussi son meilleur essai...mais ne soyons pas défaitistes, car Sukedachi 09 part plutôt bien, et on ressort confiant de la lecture de ce premier opus…
Voyons ça de plus près…

Dans un futur plus ou moins proche, alors que le taux de natalité du Japon diminue grandement, le taux de criminalité augmente proportionnellement...Et alors que la peine de mort ne suffit plus à endiguer les crimes les plus atroces, le gouvernement fait voter une nouvelle loi autorisant les familles des victimes à se venger des criminels en leur faisant subir exactement ce qu'ils ont fait endurer à leurs victimes.
Une section spéciale de la police est alors créée, les Sukedachi, dont la mission est de tuer les criminels en reproduisant leurs crimes.
Yuji Yamagishi est l'un d'entre eux, âgé de seulement 24 ans, il possède toutes les compétences pour endosser ce rôle difficile : il a été victime d'un crime atroce lui ayant laissé des séquelles, lui permettant d'avoir à la fois une haine profonde envers les coupables et une réelle empathie envers les familles de victimes.
On va donc suivre son quotidien, cachant sa profession à ses proches, pour les protéger, mais aussi pour se protéger lui même, cette loi ne faisant pas l’unanimité auprès de la population…

Sacré changement de décor pour Seishi Kishimoto qui sort du cadre shonen qu'il affectionnait jusque là (avec plus ou moins de réussite) pour tenter l'expérience seinen, et force est de constater que cela part plutôt bien.
On ressent malgré tout quelques relents de shonen, notamment au niveau de l'équipe des Sukedachis, neuf au total (d'où le titre), chacun possédant une apparence bien reconnaissable, avec un nombre défini de membres, et même dans la relation entre les personnages, notamment avec ce statut de mentor que va devoir endosser Yuji très rapidement dans le récit…
C'est donc une première pour l'auteur, mais c'en est d'autant plus intrigant de le suivre dans cette expérience nouvelle pour lui.
Le thème lui-même se veut dur, la mort et la vengeance sont au centre du récit, la violence et la souffrance y sont omniprésentes...rien de bien joyeux en apparence. 

Pour l'occasion l'auteur est parti puiser dans le passé du Japon : durant l'ère Meiji existait une loi de « réparation », permettant aux familles de faire appel à des guerriers pour réclamer vengeance...l'exemple parfait de l'application de la loi du talion…
Derrière cette justice violente se cachent de véritables questions que l'auteur ne manque pas de soulever dans ce premier tome !
Les familles des victimes peuvent suivre l'exécuteur via une technologie les immergeant dans l'action, ainsi ils ont le sentiment de se venger eux-mêmes. Mais si le Sukedachi venait à échouer, la peine du criminel serait alors commutée. La seule échappatoire pour les criminels de s'en sortir étant alors de commettre un autre meurtre.
Survient alors un moment purement régressif, à la fois jouissif et culpabilisant, où la conscience des familles des victimes est tiraillée entre le désir de vengeance primaire et l'horreur du meurtre et de la violence qui l'accompagne…, ils sont à la limite de la folie...c'est clairement dérangeant.
Et à la lecture de ce premier tome, le lecteur est obligé de se poser des questions, de se positionner, d'autant que l'auteur alimente la polémique avec des manifestants s'opposant à la loi, avec une journaliste (une amie de Yuji) qui est elle aussi choquée et outrée par cette loi…

Il ne s'agit donc pas d'un simple titre d'action privilégiant la violence gratuite, c'est une véritable approche d'anticipation qui pourrait concerner nos sociétés, et de ce fait, cette lecture s'en montre d'autant plus prenante.
Cependant l'auteur ne nous épargne pas certaines maladresses, comme le fait que la journaliste qui s'oppose à cette loi finisse entre les mains d'une psychopathe, ce qui va très certainement influencer son questionnement. Il y a surtout, ce qui était évoqué auparavant, l'auteur a du mal a abandonné totalement l'approche shonen et ne part peut être pas assez loin dans la démarche de réflexion.

Pour le moment le titre se présente sous la forme de plusieurs histoires courtes, plusieurs cas de « réparations » permettant d'introduire les protagonistes et l'univers (qui se veut pour le moment absolument cohérent), mais on peut déjà trouver dommage que l'auteur nous présente les autres membres de l'équipe pour les laisser systématiquement en retrait.

A l'issue de ce premier tome, on est plus qu'agréablement surpris, on aurait pu entamer la lecture avec une certaine appréhension au vu des précédentes séries de l'auteur, mais pour le moment le titre se montre riche et intéressant...en espérant sincèrement que la fin au bout du cinquième tome soit un souhait de l'auteur et non pas de l'éditeur.
Pour le moment c'est maîtrisé et prenant, mais difficile de s'avancer sur la suite...il n'y a qu'un moyen de savoir...la lire !


Critique 2

Alors que Masashi Kishimoto est sans aucun doute un des mangakas les plus populaires notamment avec Naruto qui fut rapidement un succès international, ce n'est pas vraiment le cas de son frère jumeau, Seishi Kishimoto, tout aussi mangaka. Si le premier a fait une longue série s'étalant sur 72 tomes, le second a plutôt enchaîné des histoires de plus en plus courtes, au succès plus ou moins important mais sans jamais égaler celui de son frère. Véritable pouliche de Kurokawa, l'éditeur nous a fait parvenir ses trois premières séries et c'est donc dans une logique notable que débarque chez nous la dernière série en date de l'auteur : Sukedachi 09.

Nous voici en plein dans notre époque actuelle. Alors que la population actuelle vieillit et diminue de jour en jour, la criminalité se voit elle beaucoup trop grandir. La peine de mort ne suffisant plus à prévenir le crime, le gouvernement vote une loi, "la peine de réparation", qui permet aux familles des victimes d'utiliser une unité spéciale du gouvernement pour les venger et tuer les assassins à leur place, et ce de la même manière qu'ils ont commis leur crime. Mais avec cette telle loi, où s'arrête la justice et où commence la vengeance...?

Avec ses deux premiers mangas (Satan 666 et Blazer Drive), Seishi Kishimoto nous avait habitué au shonen pur et dur, avec baston à la clé, personnages forts charismatiques et aspect nekketsu très prononcé. Si la première série s'est avérée plutôt plaisante, la seconde l'était bien moins avec des concepts mal exploités, des personnages qui étaient des copies ridicules des héros de Satan 666 et un scénario très bancal. Avec Crimson Wolf l'auteur a su se renouveler avec un shonen d'un nouveau genre et des personnages déjà plus plausibles. Et c'est avec Sukedachi 09 que nous voici surpris puisque le registre du récit se veut bien plus sombre, bien plus mature, et avec un auteur qui semble avoir réellement cherché à apporter du neuf dans son travail !

Tout commence avec le scénario. L'idée est donc de reprendre l'histoire des Sukedachi, de véritables guerriers d'élites ayant existé par le passé qui étaient employés pour tuer un assassin de la même manière que celui-ci avait commis ses crimes. On se retrouve donc avec un récit qui replace dans notre société actuelle une pratique que l'on peut considérer aussi juste que barbare. Et c'est justement là que le titre peut prendre en qualité : tout comme les personnages du manga, le lecteur est amené à se poser la question de savoir si la justice est elle justement juste ou non, ou sinon jusqu'à quelles limites.

Sukedachi 09 se veut donc bien plus violent comme série par rapport aux précédentes de l'auteur, et ce sur le plan physique comme sur le plan moral. On le remerciera avant tout d'avoir réussi à éviter globalement de nous pondre de nouveaux les mêmes personnages et d'en faire justement des plus travaillés qu'à l'accoutumée. Alors certes, nous ne sommes encore qu'au premier volume, mais nous sentons que le héros a déjà un certain passif avec visiblement un évènement qui a bouleversé sa vie, ce qui lui permet désormais de savoir réagir comme il se doit face à son métier.
Pour revenir sur la violence, il faut bien comprendre ici que nous sommes plus dans un seinen qu'un shonen. L'humour déjà se veut bien moins présent, et ensuite le manga met quand même en scène plusieurs peines de mort. Ce qui se veut particulièrement intéressant également, c'est le fait que chaque criminel ait droit à une certaine ultime lutte : un criminel capturé se retrouve face à un Sukedachi qui tentera de le tuer de la même manière dont laquelle il s'est servi pour faire son crime puni; cependant il peut lutter et tenter de tuer son adversaire ce qui lui permettra de vivre trois ans de plus et d'être tué par une mort dite douce. Bien évidemment chacun ne se laissera pas faire mais nos héros ont plus d'un tour dans leur sac pour punir pour la dernière fois ces criminels.

Les affrontements ne sont donc pas forcément les moments les plus importants du récit. Il est intéressant de voir comment l'auteur travaille ici surtout le background plutôt que l'action pure, c'est même d'ailleurs pour cela qu'on ne trouve pas de super pouvoirs ou autres ici. Si les héros ont tous un type de crime qu'ils traitent, ils n'ont juste au mieux que des capacités assez passives, comme une qui peut ressentir la présence des gens malgré le fait d'être aveugle, une autre très souple, ou encore un qui ne ressent pas la douleur dans ses membres. Plus que les combats, ce sont donc surtout les relations entre Sukedachi, victime et criminel qui nous intéressent ici, notamment du fait que chacun ne réagira pas pareil selon la situation. Pour le moment nous avons eu droit à plusieurs histoires plutôt dans la même veine, on a donc hâte de voir d'autres affaires plus corsées et mettant en scène d'autres Sukedachi.

N'ayant pas peur des mots, Seishi Kishimoto se veut vraiment bluffant pour le coup. Peut être que si vous n'avez pas lu ses oeuvres précédentes vous le remarquerez moins, mais l'auteur a particulièrement évolué sur tous les points. Il en est de même pour son dessin qui s'affine de plus en plus ainsi que son chara design qui arrête de partir dans l'improbable pour faire des personnages plus conventionnels, ce qui colle très bien pour ce genre de récit. Sa mise en scène, déjà bonne sur ses autres mangas, s'est améliorée aussi et se veut très poignante encore une fois, bien qu'elle puisse l'être encore plus pour ce titre mais nous verrons sans doute ça par la suite !

En clair, Sukedachi 09 est une très bonne surprise. Premièrement cela fait vraiment plaisir de voir l'auteur évoluer dans ce sens et de réussir à sortir de ses anciennes limites pour aller sur de nouveaux terrains de jeux. De plus, notons que le concept de l'histoire se veut particulièrement sympa et à de quoi nous proposer de très bons passages pour la suite. La série étant terminée au Japon en cinq volets, espérons juste que cela soit synonyme d'une série courte et intense et non d'un arrêt soudain par l'éditeur.

Dernier petit mot sur l'édition qui est très bonne et sans faille, ce qui est une habitude chez Kurokawa. On sent que l'éditeur aime son auteur chouchou, que ce soit par le travail du livre tout comme le petit bandeau de publicité sur le tome qui fera sourire les fans de l'auteur de la première heure.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs