Space Duck RG - Manga

Space Duck RG : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 06 Novembre 2017

Couplées avec la plateforme de prépublication digitale Weekly Comics, les éditions HT2 continuent d'éditer physiquement les différents titres du catalogue. Après Euterpe, D'Encre et de Feu et Hana no Breath, trois titres qui compteront deux volumes, H2T voit paraître son premier one-shot : Space Duck RG. Derrière ce titre assez original se cache Redjet, auteur italien aimant l'humour et les titres jeunesse.



Space Duck RG, c'est l'histoire de Renoir Germain Paris Saint-Germain, dit RG, un canard tout ce qu'il y a de plus ordinaire... en apparence. En réalité, RG pense aussi bien qu'un humain, et est parfois même plus intelligent qu'un humain. Le canard est élevé au sein d'une école maternelle, comme un élève ordinaire auquel on confie quelques tâches domestiques. Et comme tous les enfants de son environnement, il a un rêve : aller dans l'espace. En parallèle, RG est aussi amoureux de son institutrice, Axelis, mais comment attirer l'attention sa maîtresse quand on est un simple canard ?



Les déboires de RG semblent ordinaires, mais quand une organisation du nom de Météor s'en prend ) Alexis, soyez-sûr que le canard redoublera d'inventivité pour mettre en déroute ces criminels.



Pour se lancer, les éditions H2T explorent différents registres : le shônen, le shôjo, le jôsei... et le kodomo avec Space Duck RG. Le one-shot de Redjet réunit les ingrédients pour un titre apte à séduire un jeune lectorat : un mignon petit canard en guise de héros, une organisation criminelle dans la lignée des gangs de Pokémon, un zeste de romande, de grands actes de bravoure... et un ton très souvent décalé. Les jeunes lecteurs ont donc de quoi être conquis, mais aussi les plus grands tant le titre a le mérite d'être accessible pour tous les aspects évoqués.



Et il faut dire que le cocktail de Space Duck RG fonctionne dès les premières pages, à partir du moment où un canard du nom de Renoir Germain nous est présenté. Difficile de faire plus absurde, et c'est justement cette mise en scène d'un canard doué de pensées qui amènera des situations farfelues, y compris lorsque le ton se voudra plus sérieux, ne serait-ce lorsque notre cher RG mènera l'assaut sur le yacht d'un criminel, avec l'aide d'un poisson aussi intelligent que lui.



On rit donc à la lecture du one-shot, la bonne humeur restant très présente au sein du titre, tout en se mariant avec des tonalités plus émotionnelles par moments, et d'autres instants plus épiques. Dans les faits, RG respecte bien le schéma de la fiction pour enfant, présentant un protagoniste faible sur l'une de ses caractéristiques (ici le fait d'être un canard), étant amené à être accepté progressivement par son prochain, tout en trouvant le moyen de briller auprès de la personne qu'il aime. Le tout amène quelques prises de conscience, des discours assez caractéristiques de ce genre de titres, mais qui collent bien au ton du récit et a le mérite d'apporter sa petite morale pour les lecteurs les plus jeunes.



Au-delà du ton, Redjet développe aussi une histoire et des personnages dans son récit. L'intrigue est centrée sur les méfaits de l'organisation Météor qui, à la manière d'une Team Rocket, se mettra de différentes manières sur la route de RG. Le combat contre l'organisation pointe quelques mystères tandis que l'institutrice du canard, Axelis, sera vite montrée comme liée à tout ce qui se trame. Et en parallèle, l'auteur tease d'une certaine manière une énigme, celle d'animaux plus intelligents que la normale, de quoi apporter du piment à l'univers et pourquoi pas relier cette mécanique aux desseins de Météor.



Et toutes ces caractéristiques constituent aussi le défaut du titre : sa fin très abrupte, comme si elle avait été forcée. En un seul tome, il semblerait que Redjet n'ait pas pu traiter toutes les pistes qu'il souhaitait. Aussi, le combat contre l'organisation ennemie est inachevé à la fin du titre et beaucoup de mystères demeurent encore. On se soulagera alors que la conclusion symbolique en ce qui concerne la relation entre RG et Axelis, ce qui conforte sur l'idée que le titre a su bien gérer ses personnages. L'institutrice, d'abord, se montrera très attachante, mais aussi touchante par les liens qu'elle parviendra à tisser avec un canard, mais c'est aussi le vieux Monsieur Mémo qui se montrera d'une grande sympathie, l'archétype du vieil homme se battant pour un rêve étant respecté. Difficile par contre de s'exprimer sur les ennemis, le côté inachevé du scénario nous empêchant de pouvoir correctement les juger.



Visuellement, Redjet possède un style efficace, élégant sur ses personnages et très vif en ce qui concerne les scènes d'action. A l'image du titre, son trait sur les figures principales correspond aux standards du manga jeunesse, ne serait-ce pour la présence de jolies filles ou d'ennemis robotisés très stylisés. Le travail sur RG est aussi soigné que fun, le canard montrant différentes expressions humaines, très réussies lors des instants dramatiques d'ailleurs, tout en conservant une allure mignonne.



Les quelques moments d'action sont aussi efficacement dépeints dynamiques et explosifs. On sent alors que derrière le simple manga humoristique, il y a un auteur qui a cherché à se faire plaisir. Chose réussie, d'autant plus que la confrontation de fin de tome demeure très efficace dans sa mise en scène, montrant le récit sous un jour un peu plus grave et surprenant.



Côté édition, le travail de H2T reste très efficace, notamment sur son papier d'excellente qualité, et l'inévitable présence de pages couleur qui permettent de souligner l'art de chaque auteur. Rien redire sur la copie de l'éditeur, justifiant ainsi un tarif un peu plus élevé qu'un titre jeunesse chez un autre éditeur, mais le prix en vaut la chandelle, ne serait-ce pour soutenir la création française.



Alors, on rit souvent à la lecture de Space Duck RG, on frissonne aussi devant les quelques moments intenses et séquences émotionnelles un peu naïves, mais sincères. La seule frustration viendra alors de la fin qui semblera précipitée aux yeux du lecteur, certains aspects du scénario paraissant clairement inachevés. Dommage... mais peut-être pouvons-nous espérer une suite, un jour ? Après tout, le voyage de Renoir Germain ne fait que commencer, et le canard a encore beaucoup à faire pour aller dans l'espace !

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs