Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 20 Juin 2022
La renaissance du Syndicat de Jade est en marche. Kenshirô et Ye ont retrouvé Pan Guanglin, résigné à mourir. Mais l'héritier du Hokuto n'est pas de cet avis et permet au chef du clan de survivre à ses graves blessures. La contre-attaque est donc proche, et l'Union du Pavot n'a qu'à bien se tenir. De son côté, Ken doit en découdre avec Lingwang, héritier du Hokuto Sonkaken et présumé assassin de Yuling...
Nous atteignons une véritable fin d'arc narratif avec ce troisième tome de Sôten no Ken qui ne déçoit pas, par rapport aux opus précédents. L'intrigue est maintenant en marche, et l'ancêtre du Ken que nous connaissons touche du doigt la résurrection du Syndicat de Jade, clan accueillant les pengyou de l'actuel héritier du Hokuto Shinken. C'est par ce fil rouge que Tetsuo Hara et Buronson nous offrent un troisième volume particulièrement dense et surtout passionnant, tant il semble boucler une première partie en atteignant une résolution de certains enjeux, ce qui passe forcément par quelques scènes d'anthologie.
Car si le contexte et les personnages diffèrent de la série d'origine, Sôten no Ken reste du « Ken », aussi la conclusion de cette étape significative ne surprend pas spécialement dans la tournure de son intrigue. L'intensité dramatique récurrente connecte Hokuto no Ken et sa préquelle, aussi Buronson n'hésite pas à dresser quelques parallèles permettant de maintenir l'ambiance poignante de l’œuvre culte. Certes, pas de grosses surprises en terme d'écriture pour quiconque a déjà lu ou vu Ken, mais cette recette qui a fait ses preuves reste suffisamment bien maîtrisée pour qu'on y adhère toujours autant.
Ainsi, Kenshirô se frotte de nouveau à Lingwang dans un combat décisif et qui amènera son lot de révélations. Là où on tire volontiers notre chapeau aux auteurs, c'est dans leur capacité à présenter de nouvelles écoles aux talents variés, la puissance de l'antagoniste du tome étant voué à poser son lot de difficulté à Ken. Et même si on ne doute jamais vraiment de la victoire du héros, toute cette construction demeure aussi réussie que dans l'original. Certes pas aussi prenant qu'un duel face à Raoh ou Sother, mais percutant par le dessin de Tetsuo Hara qui dégage force et émotion.
Mais malgré tous ces points de liaison avec Hokuto no Ken, Sôten no Ken conserve ses idées et son contexte, impliquant une trame de vendetta mafieuse sur fond historique, avec son lot d'assassinats revanchards. En ce sens, malgré toute la noblesse de Kenshirô, l'héroïsme de la série première est atténué, ce qui permet à la préquelle de briller pour ce qu'elle est.
Et parce qu'une étape décisive est atteinte, la suite se met convenablement en marche, avec de nouvelles pistes scénaristiques avancées. Des idées classiques dans la forme, mais dont le font s'avère prometteur vis à vis des enjeux dramatiques présentés et des aspects politico-historiques. Se déroulant dans les années 1930, la série joue clairement dans une zone sensible, et aucun ratage ne sera toléré. Néanmoins, par cette idée de terre promise, la série aborde à sa manière les opprimés et laissés pour compte, plantant une potentielle histoire où ce Kenshirô devra jouer les sauveurs, ce qui serait une bonne idée de réinterprétation des codes de Hokuto no Ken dans un tout autre décor.