Sky-High Vol.1 - Manga

Sky-High Vol.1 : Critiques

SkyHigh

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Juillet 2023

Tous les fans de l'illustre Tsutomu Takahashi espéraient sans doute cette belle nouvelle: la célèbre saga Sky High de l'auteur fait en fin son retour dans notre pays chez Panini en cette fin juin, en commençant cette fois-ci par la toute première série en deux tomes ! Rappelons que Sky High est une saga de mangas à tendances horrifique/surnaturelle que l'auteur de Sidooh, de Bakuon Rettô ou encore de NeuN a initiée en 2001. Plusieurs saisons ont vu le jour au Japon dont la deuxième, Sky High Karma, fut jusque-là la seule éditée autrefois en France, déjà par Panini, en 2006. D'ailleurs, signalons qu'après Sky High, Panini a d'ores et déjà prévu d'offrir une nouvelle édition à Sky High Karma à partir de l'automne prochain.

Prépubliée au Japon en 2001-2002 dans le magazine Young Jump de Shûeisha, Sky High se présente en réalité comme une succession d'histoires courtes tournant toutes autour de la même idée: après leur mort généralement par meurtre, des âmes arrivent devant Izuko, la gardienne des portes de l'au-delà, chargée de guider les âmes des morts. Les défunts ont alors le choix entre trois possibilités: accepter leur mort et aller au paradis en attendant leur réincarnation, retourner dans le monde des vivants sous forme de fantôme en y errant pour l'éternité, ou retourner temporairement chez le vivants pour se venger et tuer une personne de leur choix. Mais si cette troisième possibilité peut permettre au personnes mortes injustement d'évacuer quelque chose, elle les condamne aussi à ensuite être envoyées aux Enfers, pour y vivre une souffrance éternelle...

Dans ce premier volume d'environ 230 pages, cinq chapitres pour autant d'histoires sont alors au rendez-vous.
Alors qu'elle vivait heureuse auprès de son époux Masaru et qu'elle devait accoucher le mois suivant, Noriko Sekikawa a été retrouvée morte dans une rivière, visiblement assassinée, mais par qui ?
Tomoji Minami, lui, est un jeune garçon qui regrette profondément, en compagnie de deux horribles frères, d'avoir longtemps abusé d'une jeune fille meurtrie par la solitude, avant que celle-ci ne meure sous les sévices des deux frangins. Tué à son tour par ces derniers pour qu'il ne parle pas, il retrouve la fille en question face à Izuko, et n'ont plus qu'à choisir quelle voie prendre...
Murata, lui, a donné sa vie pour sauver une femme agressée dans la rue. Mais tandis que tout le monde le dresse en héros, est-il vraiment si parfait, ou avait-il lui aussi ses zones d'ombre ?
De son côté, l'adolescente Asami Kinoshita, avec l'aide de sa plus proche camarade de classe, choisit de mourir dans l'espoir d'ensuite pouvoir venir se venger des trois filles qui la brimaient en permanence. Mais sa vengeance va-t-elle se passer comme prévu ?
Enfin, sous le lit d'un love hotel, git le cadavre d'une femme violemment tuée par l'homme riche et ingrat qu'elle courtisait. Tandis que son corps n'est toujours pas retrouvé et que les couples enchaînent les ébats au-dessus d'elle, quelque chose bout de plus en plus en elle...

L'histoire courte est un registre où l'on a peu l'habitude de voir Tsutomu Takahashi, et le moins que l'on puisse dire est que l'auteur, sans forcément chercher à pousser très loin ses histoires, maîtrise très bien se format: chaque histoire se suffit fort bien à elle-même, l'auteur ne s'y égare jamais et va toujours à l'essentiel dans ses idées, et en prime il peut évidemment toujours compter sur son dessin sombre et charbonneux pour entretenir une ambiance très noire, même si certaines planches un peu trop voyeuristes et peu fines apparaissent un petit peu plus inhabituelles chez l'auteur.

Si chaque histoire se suit toute seule, c'est aussi voire surtout parce qu'elles ne sont pas gratuites dans les quêtes vengeresses des défunts: au fil des récits; Takahashi distille différentes faces sombres ou tristes de l'être humain: l'amour fou confinant à l'envie et à la jalousie, le sentiment de culpabilité avec ce que ça implique de regrets, l'isolement et la solitude, certaines perversions comme le voyeurisme, le harcèlement, l'argent, le narcissisme masculin... Nous voici alors face à un certaine portrait humain peu reluisant, comme Takahashi les aime dans plusieurs de ses oeuvres. Et avec aussi, toujours, une vision de la condition humaine face à la vie et à la mort qui est rendue assez détachée sous l'oeil d'Izuko, gardienne souvent observatrice, parfois conseillère avisée face aux âmes faisant le mauvais choix, mais ne se permettant jamais d'agir car elle doit rester neutre.

Tant d'années après Sky High Karma (pour les plus vieux d'entre nous qui avaient craqué sur cette série à l'époque), c'est un plaisir de replonger dans l'univers de Sky High, qui plus est avec la série initiale. Ce premier volet se révèle efficace, dans des formats courts assez maîtrisés et où l'on a peu l'habitude de voir Takahashi. Il n'y a plus qu'à attendre le tome 2 de cette première série puis la réédition de Karma, avant d'espérer l'arrivée des saisons suivantes de la saga.

Côté édition, Panini livre une copie honnête: la jaquette se veut fidèle à l'originale japonaise, les six premières pages en couleurs sur papier glacé sont un bonus sympathique, le papier est souple et suffisamment opaque, l'impression est correcte, le lettrage de Lara Iacucci est convaincant, et la traduction d'Arnaud Takahashi est fonctionnelle.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs