Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 27 Mars 2025
La bataille de Juyongguan a été particulièrement violente, et semble avoir scellé le sort des Jin et celui de plusieurs personnages. Le prince Naran est mort sans pouvoir accomplir sa révolte, Yurul est lui aussi considéré comme décédé en laissant Shut Hell complètement anéantie, l'état de Harabal reste opaque... Quant à Grand Khan, même s'il a perdu un bras lors de ce conflit, ses cicatrices se sont quelque peu apaisées, et c'est ainsi qu'il reprend son double objectif: vaincre une bonne fois pour toutes les Jin avant d'aller conquérir d'autres territoires à l'ouest, et mettre la main sur les écritures tangoutes qu'il est toujours aussi déterminé à détruire. Comme le souverain pourrait-il, alors, imaginer que c'est désormais Veronika, son bras droit, qui a récupéré une partie du Gyokuondô, sans oser le lui dire pour l'instant ? La jeune femme est effectivement en plein doute quant à sa place et à son avenir, tiraillée entre d'un côté ses propres desseins vengeurs que l'on découvre un peu plus (et pour lesquels elle a besoin de l'armée mongole), et de l'autre côté la crainte de ce qui lui arrivera quand elle ne sera plus utile au souverain. C'est dans ce contexte délicat qu'elle voit apparaître devant elle une surprenante silhouette: Shut Hell... ou plutôt Sudô, revenu dans le corps de la tangoute suite à la mort supposée de Yurul.
Elément majeur de ce volume, le rapprochement entre Shut Hell/Sudô et Veronika se fait particulièrement intéressant: derrière la consolation et le réconfort que les deux personnages cherchent l'un auprès de l'autre alors qu'ils sont censés être dans des camps ennemis, le tout dans une forme de douceur qui est même proche de rallumer le coeur éteint depuis si longtemps de Veronika, Yu Ito ne perd pas du tout de vue ses développements et véhicule beaucoup de choses à travers le ressenti de ces deux-là, dans leurs visions des choses parfois conflictuelles, et en même temps dans la considération qu'ils se portent, certains aspects un petit peu symboliques (comme le passage avec les fleurs) étant même très beaux pour ça. Chacun d'eux deux doit à présent faire des choix qui seront cruciaux et peut-être fatals pour la suite, entre Veronika qui tait à son maître le fait qu'elle possède une part du Gyokuondô, et Sudô qui entretient l'espoir de revoir Yurul vivant au point de se lancer dans une nouvelle quête.
On ne vous en dira alors pas beaucoup plus sur le déroulement des choses et sur le sort qui les attend dans ce tome. Mais ce que l'on peut en revanche dire, c'est que Sudô et Veronika ne sont évidemment pas les seuls personnages très en vue dans ce tome. D'un côté, le prince Torui, qui quelque part reste troublé par la mort de Naran, souhaite poursuivre le mystérieux but que s'était fixé son frère, et se met à son tour en quête du Gyokuondô, avec là aussi déjà quelques rebondissements importants. Et de l'autre côté, un certain personnage dont on va taire le nom (même si bon, la surprise est inexistante au vu de la jaquette) refait son apparition dans des circonstances troubles, en montrant désormais une façon d'être radicalement différente de tout ce qu'il véhiculait avant: si son but est toujours le même, ses méthodes changent, au risque d'entraîner une nouvelle spirale de violence, de morts et de sacrifices puisque ce sont encore certains visages de premier plan de l'oeuvre qui vont disparaître ici.
Avec une dernière page nous laissant juste sur le petit suspense qu'il fallait, ce douzième volume voit la mangaka poursuivre sans faillir son histoire, à la fois sur le plan historique via la poursuite de la conquêt mongole, au niveau de l'abord des personnages qui s'interrogent, évoluent et changent avec logique, et du côté des grandes thématiques de l'oeuvre autour de l'importance de la transmission et de la vanité de la haine. Voila qui nous promet deux derniers tomes passionnants pour cette fresque !