Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 14 Octobre 2010
Maiko Hananokôji est en apparence une lycéenne comme les autres, mais détient en réalité le pouvoir lutter contre les Jureiki. Ces esprits démoniaques se délectent des âmes humaines, plus particulièrement des personnes qui commettent des crimes divers, personnes devenant à leur tour des esprits déchus, et ainsi de suite. Ryo, lycéen aux mauvaises habitudes cleptomanes, pourrait bien être leur prochaine cible... mais c'est sans compter sur l'intervention de Maiko ! Intrigué par le charme de sa sauveuse, Ryo se met à la courtiser et à s'en rapprocher, quitte à s'attirer des ennuis. C'est ainsi que se forme un tandem de choc pour la chasse au démons !
Kayono est une auteur inconnue en France, ou presque (un seul de ses titres, Royal17, a passé nos frontières), et habituée au genre du "shojo-pouffe", comprenant de beaux mâles forts entreprenants pour courtiser de jeunes héroïnes innocentes, et finissant rapidement sous la couette. Avec Shinrei Gakuen, court récit en deux volumes, la mangaka s'éloigne de son sujet de prédilection en partant sur le domaine du fantastique, en dépoussiérant quelque peu le folklore nippon, et pouvant rappeler des séries comme Togari par son concept. Malheureusement, les bonnes idées s'arrêteront là. En effet, l'idée se retrouve mal desservie par une narration brouillonne, enchainant les scènes les plus improbables les unes derrière les autres. Dans le top des situations navrantes, nous avons la mort des deux amis de Ryo, traitée en à peine une page, et sans que notre héros ne s'en affecte outre mesure, ou encore cette lycéenne accouchant dans ses toilettes à l'insu de tous, ou presque...
On le comprend bien vite, la série ne sera pas un chef-d'œuvre, et on se replie alors vers une lecture d'un nanar sympathique au dixième degré. Mais là encore, ça ne marche pas, tant les personnages sont tous aussi agaçants les uns que les autres ! A commencer par Ryo, bellâtre de service, accumulant les poncif du genre : dragueur, prétentieux, arrogant, le jeune homme semble toujours foncer sans réfléchir, le pic étant atteint dans cette scène au comble de l'affligeant où il joue les Michael Scofield du pauvre en se tatouant des sutras sur le torse... Maiko, quant à elle, apporte un peu plus d'espoir au début de l'histoire, mais cela ne dure guère : son caractère sérieux, porté par sa lutte contre les esprits, se fait rapidement déborder par celui de Ryo, et bien évidemment en tombera très vite amoureuse... Particulièrement creuse, elle ne sert en réalité qu'à révéler les esprits dans les environs, puis de se faire peloter par Ryo dans toutes les positions possibles. Mais attention, pas de passage à l'acte, l'auteur jouant sur l'attente de ce moment fatidique. Même sur ce point, le lecteur ne trouvera pas son compte !
Le graphisme de la série s'avère de bonne facture, léché et usant honorablement le jeu du tramage, mais n'évite pas tous les clichés propre au style : une mise en page confuse, des visages crispées aux mentons pointus, des tenues "top fashion" et surtout une ode à l'anorexie au vu de l'étirement à l'extrême de la morphologie des personnages. Le design des Jureiki n'a rien d'exceptionnel, puisque restants dans une forme humanoide. Bref, ce n'est pas une catastrophe non plus, mais le dessin ne suffira pas pour sauver le reste, et risque plutôt d'en rajouter à la lassitude ambiante. L'adaptation offerte par Kaze se révèle de bonne facture, dans les standards du genre, et avec un lettrage réussi.
Au final, que reste-t-il à sauver dans Shinrei Gakuen ? Pas grand chose. Les fans des œuvres de l'auteur (s'il y en a) ne trouveront pas leur compte en scènes chaudes, quant aux amateurs de yokais ou de mysticisme japonais... mieux vaut qu'ils passent directement leur chemin ! Véritable succession de clichés ou de scènes ridicules, porté par un rythme assommant et des personnages détestables, ce manga n'a vraiment pas grand chose pour lui. Fort heureusement, la qualité majeure de cette série est sa taille relativement réduite, afin de minimiser son fiasco... On se consolera avec ça ?