Shinjuku Lucky Hole Vol.1 - Actualité manga

Shinjuku Lucky Hole Vol.1 : Critiques

Shinjuku Luckyhall

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 21 Août 2017

Avec sa jaquette décomplexée et colorée, Shinjuku Lucky Hole a de quoi attirer l'oeil des amatrices et amateurs de boy's love. Publiée pendant deux ans à partir de 2012 chez Shodensha dans le magazine On Blue (où sont nés plusieurs très bons titres du genre comme Rendez-vous à Udagawachou et L'étranger de la plage), cette oeuvre en 5 chapitres (plus un bonus) est le premier manga publié en France de Haruko Kumota, une artiste officiant également dans le josei et dont la série phare est Le rakugo ou la vie (Shouwa Genroku Rakugo Shinjuu), qui est inédit en France en version papier, mais qui a été adapté en un très bel anime diffusé sur ADN.


Le pitch de ce one-shot est on ne peut plus simple, en nous invitant à suivre une petite entreprise de films porno gay où travaillent trois membres. Kumi, ancien acteur dans le domaine, en est le producteur, tandis que Sakura est le recruteur. Quant au jeune Saiki, il fait office de monteur.


Les choses partent sur un schéma assez simple, où chacun des trois premiers chapitres va mettre en avant l'un des trois hommes. On découvre ainsi en Kumi un homme en apparence enjoué, gentil et un peu exubérant, mais sa manière de se comporter dans le premier chapitre avec son naïf client, qu'il traite de con dans son dos, tend à aussi laisser deviner une autre facette en lui. Puis on découvre le recruteur Sakuma, un ex yakuza au passé un peu tourmenté et sombre, qui a quitté son boss pour certaines raisons. Enfin, on trouve en Saiki un jeune homme de 22 ans qui se révèle être complètement et secrètement amoureux de Kumi depuis qu'il l'a découvert dans ses films... mais quelle sera la réaction de Sakuma en devinant cela ? Les deux derniers chapitres, eux, s'intéressent plus spécifiquement au passé commun de Kumi et de Sakuma.


Les chapitres sont assez malicieusement narrés, car chacun d'eux laisse deviner certaines choses qui se confirment dans le chapitre suivant via certains développements. Si bien qu'au bout du compte, le principal élément devient la liaison assez sulfureuse qui existe entre Sakuma, un peu sadique et autoritaire, et Kumi, cachant derrière son côté enjoué une passion pour le yakuza/ex-yakuza. L'ambiance varie pas mal d'un chapitre à l'autre : par exemple, alors que le premier chapitre se veut assez amusant et plutôt léger, le suivant est un peu plus brut, et la suite offre certaines parts sombres. Dans tous les cas, le trait de Kumota fait bien le job si l'on aime le style un peu épuré. Ses personnages dégagent à la fois une certaine élégance et un côté très sexy lors des moments plus chauds. Et ces moments chauds se veulent clairement décomplexés, à l'image d'une scène de plan à trois.


Il y a pourtant comme une grosse pointe de déception qui se profile au fil de la lecture. Alors qu'on nous promettait une immersion dans le monde du porno gay, ce qui aurait pu être très intéressant, en réalité c'est très peu le cas, on peut même dire que ça se limite surtout au premier chapitre via certaines techniques de recrutement. Il apparaît aussi très vite que la mangaka cherche simplement à se faire plaisir, en faisant finalement assez peu de cas d'une histoire globale : en dehors du passé de Kumi et Sakuma, il n'y a pas de trame précise, et au bout de la lecture on ne peut même pas dire que le portrait de cette relation soit vraiment abouti, car il manque beaucoup de choses.


Shinjuku Lucky Hole n'atteint pas vraiment ses ambitions, est plutôt inabouti à plus d'un égard, mais constitue une lecture à même de plaire à celles et ceux recherchant un petit boy's love sans prétention, décomplexé, un brin sulfureux par moments, et porté par des héros sexy à souhait. Il ne faut malheureusement pas en attendre beaucoup plus.


L'édition est de bonne facture avec un papier et une impression corrects, 4 pages en couleur, et une traduction soignée de Delphine Desusclade.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs