Sherlock Holmes et Dr Watson - L'aventure du concussoris Magnus - Actualité manga

Sherlock Holmes et Dr Watson - L'aventure du concussoris Magnus : Critiques

The adventure of the concussoris magnus

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 09 Septembre 2010

Tout le monde connait l’illustre Arthur Conan Doyle et son très estimé Sherlock Holmes, qui a bien souvent été décliné. Mais peu de gens ont sans doute encore eu le plaisir de découvrir la relation entre Holmes et Watson, revisité façon comic, en images et avec beaucoup d’humour ! L’histoire est simple, et s’inspire d’une nouvelle de l’auteur d’origine. C’est donc un récit très fidèle que l’on retrouve, associé à une interprétation tout sauf farfelue de la relation entre les deux personnages principaux. Après tout, il est bien connu qu’un vent d’incertitude flottait autour de ces deux mythes de la littérature... Holmes et Watson reçoivent la requête de lady Eva Brackwell, afin de négocier en douceur le passage à silence de tendres lettres envoyées en secret à quelqu’un d’autre que son futur mari … Pour ne pas compromettre le mariage de cette femme, les gentlemen créés par Doyle vont devoir affronter Charles Augustus Milverton, qui se targue d’être un expert dans le chantage des grands de ce monde, contre lettres compromettantes et autres témoignages embarrassants. L’interprétation n’est donc pas libre, comme on pourrait le penser, puisque le cadre est très largement défini par l’original. Un contexte qui apparait alors surprenant, permettant simplement un autre point de vue sur la situation … et surtout une très belle mise en images de Holmes et de son compagnon biographe. Le plus original et impressionnant étant bien évidemment l’exercice très difficile d’avoir voulu respecter entièrement le texte original. Cela montre bien que rien n’est tiré d’une imagination débridée, puisque l’auteur de ce manga atypique se calque sur Conan Doyle pour l’entière réalisation de son histoire. Un défi pas évident, et parfaitement exécuté !

Pas de grosse critique possible sur le scénario, donc, puisqu’il est d’origine. Il convient d’avantage de saluer la dextérité de Yayoi Neko pour avoir adapté cette histoire avec habileté, donnant l’illusion très réussie de ne faire qu’un avec des dialogues qui ne sont pas d’elle. Le tout reste parfaitement fluide, sans se douter un instant que les graphismes ne sont, eux, pas nés en même temps que le reste. Parlons-en justement, des graphismes ! Ils sont le point d’orgue de ce titre, en jouant sur les contrastes et les oppositions. Les personnages sont très typés dans leurs traits : Watson respirant l’intelligence et l’assurance, malgré la bonhommie qu’on lui prête trop souvent par habitude, tandis qu’Holmes est rayonnant. Rayonnant car acéré, réaliste. Pas de beau jeune homme aux courbes féminines comme on en voit trop souvent, mais un visage taillé à la serpe qui lui donne un air magistral. Ce qui dénote fortement, peut être un peu trop, ce sont les effets donnés aux émotions. Il n’est pas toujours utile de recourir à des SD très marqués dans la honte, la surprise ou la tendresse. Un peu, oui ! Autant … Cela reste correct, toutefois il est parfois plus compliqué de se remettre dans le bain de l’enquête et du sérieux quand Holmes affiche un visage aussi détendu et surpris que par certains moments. Un étalage réussi des émotions, donc, qui s’abandonne un peu parfois pour casser la dynamique très appliquée du scénario. D’un point de vue plus global, le trait est à la fois adapté à un lectorat féminin et étonnamment viril et affirmé, dans les traits d’Holmes dont on a déjà parlé mais également dans le soin accordé aux différents autres protagonistes, même les femmes. On peut également apprécier les contrastes de lumière, très présents dans le manga-comic que voici, ainsi que les dégradés très bien exécutés. Souci des détails, spontanéité, émotion et réalisme sont au rendez vous dans le seul style de l’auteur, et l’on peut l’en applaudir des deux mains.

Un mot sur le travail éditorial … Les Editions Muffins proposent diverses œuvres d’amateurs, autour du BL. Ce premier titre sous forme de comic ouvre une nouvelle perspective, loin des romans s’adressant à une autre catégorie de lecteurs. Mais leur avantage considérable, si l’on aimerait toujours plus de titres dans leur catalogue, est de rendre un travail exemplaire. Un prix un peu élevé, mais à peine, et bien en deçà des demandes d’autres éditeurs pour un travail moindre. Papier immaculé, impression excellente, contact agréable et commandes facilitées par un site internet et un service rapide : que des bons points ! Peut être un seul bémol au niveau des onomatopées non traduites, mais le reste est tellement excellent que ce serait exagéré d’en tenir rigueur. Vraiment une excellente découverte en tout points pour cette édition, rigoureuse et qui devrait servir d’exemple à plus d’un. Il suffit d’apprécier un tant soit peu ce duo mythique et ne pas être totalement réfractaire au BL pour y trouver une découverte de l’œuvre sous un jour plus jeune, plus frais et surtout plus ambigu. Une adaptation qui se pose donc comme réussie, essentiellement grâce à un style intéressant, une édition splendide et un univers nostalgique qui donnera rapidement envie de se plonger de nouveau dans l’œuvre de Conan Doyle. Vraiment un excellent travail. Peut être un léger manque de personnalisation du scénario, mais c’est le principe de ce titre et il serait malvenu de lui reprocher. En tous les cas, auteur à surveiller ! Et ce même pour les puristes qui n’auront pas été satisfaits par l’absence de scènes plus sensuelles entre Holmes et Watson. On vous a dit relation suggérée et exploitée sans piétiner sur les idées de l’auteur original, pourtant ! Dommage que de telles œuvres ne soient pas pléthore en librairie, et que seuls les initiés puissent se les procurer facilement ...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs