Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 25 Novembre 2013
Accusés à tort d'un vol de cerfs, Will et John se retrouvent enfermés chez Sir Thomas Lucy, qui finit par les convoquer devant lui pour mieux les rabaisser. Humiliés, les deux jeunes garçons sont confrontés aux dures réalités liées au rang social, et c'est l'occasion pour Harold Sakuishi de parfaire son portrait des conditions sociales de l'époque. A chaque instant, le sentiment d'injustice et la rage des deux garçons se ressent bien à travers le coup de crayon hyper expressif de l'auteur, et à la sortie de cette épreuve, Will et John ont clairement changé. Ce qu'ils pressentaient s'est confirmé : s'ils veulent pouvoir se tailler une belle place dans la vie et prouver que le rang social peut être changé, il leur faut montrer des ambitions claires, et pour cela, il leur faut partir ailleurs... dans le Lancashire, le comté de Liverpool, où ils commenceront une nouvelle vie.
Après nous avoir un peu baladés, Harold Sakuishi relie bel et bien, avec une cohérence exemplaire, l'enfance de Will et Lance aux événements des premiers tomes. Dans leur parcours, les deux garçons sont évidemment amenés à croiser ceux qui les accompagneront ensuite, Mill en tête, et c'est avec grand intérêt que l'on suit ces évolutions, le mangaka en profitant toujours pour approfondir sa vision de l'époque. Ici, après les rangs sociaux, il sera question avec force des pressions de plus en plus précises sur les Catholiques, toujours plus chassés comme des criminels par les Protestants sous la protection de la Reine.
Le dernier chapitre, en revenant à l'époque des premiers tomes et en expliquant de façon concise le conflit entre Elizabeth et Marie Stuart puis la guerre entre l'Espagne et l'Angleterre (fruits des conflits religieux entre Protestants et Catholiques, évidemment), jette sur cet excellent édifice qu'est cette première partie de 7 Shakespeares une dernière pierre pleine de promesses, qui annonce une suite passionnante pour les aventure de nos héros. Mais il faudra toutefois s'armer de beaucoup de patience pour découvrir la suite, car la deuxième partie de la série n'a toujours pas commencé au Japon et n'est même pas encore annoncée par Harold Sakuishi, qui s'affaire sur d'autres projets. Au Japon, la série attend d'être reprise depuis bientôt deux ans.
Du côté de l'édition française, le rapport qualité-prix n'est plus vraiment là. L'épaisseur des volumes a baissé au fil des tomes pour ne plus atteindre que 190 pages dans ce sixième tome, ce qui n'empêche pas le prix de rester le même. La bonne qualité du papier (bien épais), ainsi que la conversion des onomatopées (bien intégrées) et la qualité de la traduction tendent à sauver les meubles, mais dommage toutefois que l'impression souffre autant de problèmes de moirage.