Sengoku – Chronique d'une ère guerrière Vol.4 : Critiques

Dans le conflit du château de Kagamiya qui constitue leur première vraie expérience sur un champ de bataille, Kuhé et Jinsuke se voient accorder une chance par le général Amago: celui-ci a accepté de leur laisser quelques heures pour tenter d'éviter un carnage. Pour cela, ils doivent trouver le moyen d'atteindre Kurata, de trouver son frère aîné et de le capturer, le tout donnant alors lieu à une sorte d'infiltration... hem, ridicule. Soyons clair: de base, la confiance qu'Amago choisit d'accorder à deux novices complets, et qui pourraient donc tout faire rater, est assez invraisemblable. Mais le déroulement n'est donc pas bien mieux, notamment au vu de la facilité déconcertante avec laquelle les deux jeunes frères arrivent jusqu'au chef ennemi, du rôle très gros donné à Ikkei par nos deux héros, et de la cruauté de Fusanobu Kurata envers son frère qui est si exagérée qu'elle en devient plus ridicule qu'autre chose (la cruauté d'Amago à la fin de cette bataille, elle, est un peu plus crédible et logique dans ce contexte chaotique, même si là aussi c'est amené sans la moindre finesse).

Garni de rebondissements trop faciles, trop rapides et trop "too much", dans un enchaînement d'événements bien gros et éculés qui ont 15-20 ans de retard pour du shônen de ce type, ce conflit ne convainc pas... mais ce n'est malheureusement pas le pire, puisque la suite aura de quoi décevoir encore plus. Comme on le disait dans la chronique du tome 3, on sentait d'avance que Sengoku sentait fortement la série avortée, et ça ne manque pas: comme on pouvait d'y attendre, l'oeuvre ne comporte aucune fin. On aurait, à la limite, pu s'en contenter comme d'une introduction sur la jeunesse fantasmée de la figure historique de Hisahide Matsunaga, si toute la première partie du volume 1 ne nous avait pas promis une grande fresque historique sur de nombreuses années pour suivre cet homme jusqu'à son vieil âge. Mais ici, il n'y a rien de tout ça. Pire encore: face à la fin précipitée de son manga, Kouji Megumi ne semble jamais savoir sur quel pied danser dans la dernière partie. Elle aurait par exemple pu choisir de limiter la casse en abordant plus soigneusement la dernière phase du récit pour essayer de cristalliser ce que deviendra Kuhé, mais non. La mangaka se contente d'enchaîner à l'arrache quelques étapes sans trop savoir quoi faire, jusqu'à nous laisser sur une none-fin totale. En somme rien ne va.

Là où Sengoku - Chronique d'une ère guerrière aurait au moins pu être un petit divertissement éculé mais sympathique, chaque tome de la série nous a un petit peu plus fait sentir l'échec annoncé du projet, jusqu'à aboutir à ce "dernier" tome catastrophique, très mal mené et n'aboutissant à rien. Un gâchis de temps, d'argent, de papier et de main d'oeuvre, à ranger parmi ces séries anecdotiques voire sans intérêt que Pika Edition, à force de vouloir nous noyer sous un trop grand nombre de sorties, nous propose de temps à autre.