Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 09 Février 2022
Lancée il y a désormais deux ans quasiment jour pour jour, la collection Moon Light des éditions Delcourt/Tonkam accueille aujourd'hui sa première nouveauté de 2022: Le Secret des écailles bleues. Il s'agit d'un récit bouclé en 2 tomes, qui fut prépublié au Japon en 2013-2014 dans feu le magazine You de Shûeisha, sous le titre Aoi Uroko to Suna no Machi. L'oeuvre nous permettra de découvrir pour la première fois en France la mangaka Yôko Komori, une autrice spécialisée dans le shôjo/josei depuis le début des années 2010.
Cette nouvelle oeuvre nous immisce auprès de Tokiko Aoyama, une fillette qui, alors qu'elle va rentrer en dernière année d'école primaire, arrive depuis Tôkyô avec son père pour vivre dans un cadre bien différent de la capitale, le village de bord de mer où vit sa belle-mère, chez qui elle va désormais habiter. C'est une nouvelle vie, dans une nouvelle école, qui attend donc la petite fille, au sein de ce tout petit bourg où elle n'était venue qu'une fois par le passé, en s'en souvenant peu puisqu'elle avait alors 4 ans. Et pourtant, dans sa tête trotte toujours un souvenir un peu flou de cette époque: celui où, alors qu'elle allait se noyer dans l'océan, elle aurait été sauvée par une sirène, dont elle se rappelle encore la beauté des écailles...
Le récit de Yoko Komori se présente tout d'abord comme une tranche de vie où, sur un rythme calme et posé, notre jeune héroïne doit tout d'abord s'acclimater à sa nouvelle école. Un cadre scolaire où elle parvient assez vite à sympathiser avec plusieurs camarades de classe comme la déléguée Mikumo, la dénommée Sayu, ou encore le distant Yôsuke Narumi. Mais en filigranes de cette nouvelle vie qui commence, bien des interrogations se posent autour de cette petite fille, interrogations apparaissant au gré de ses propres pensées/souvenirs ou des interrogations de ses camarades. Pourquoi a-t-elle changé d'école à une période aussi surprenante, à savoir la dernière année de primaire ? Qu'est-ce qui les a poussés, elle et son père, à quitter Tôkyô pour Ce petit village de bord de mer ? Où est passée sa mère, que la fillette évoque de temps à autre dans ses songes sans nous en révéler beaucoup ? Et, enfin, quelle part de vérité y a-t-il dans ce souvenir nébuleux où une sirène lui aurait sauvé la vie ?
Assurément, la mangaka joue beaucoup la carte du mystère dans ce premier opus, et c'est une chose qu'elle fait plutôt bien en passant, avant tout, par deux éléments-clés et sans doute connectés: les vagues souvenirs qu'a Tokiko de ce village, et l'importance que semble avoir ce bord de mer, pour une ambiance qui a, au final, quelque chose d'à la fois énigmatique et assez poétique. Mais la fillette n'est pas la seule à intriguer dans ce premier tome où, en particulier, le jeune Narumi est lui aussi entouré de mystère. Pourquoi notre héroïne a-t-elle le sentiment que son visage lui est familier alors qu'elle le voit pour la première fois ? Pourquoi son odeur rappelle-t-elle à Tokiko le parfum des embruns ? Qu'est-ce qui le pousse à être quelque peu distant et à refuser catégoriquement de croire aux sirènes ? Certains éléments de réponses, dévoilant là aussi une part de drame familial, finiront par arriver bien assez vite vers la fin du tome, quitte à déjà nous permettre de faire quelques grosses hypothèses évidentes sur la possible identité de la sirène ayant autrefois sauvé notre héroïne. Si tant est, bien sûr, que les sirènes existent.
Visuellement, malgré quelques petites baisses de régime sur certaines pages (surtout au niveau de certains décors ou du rendu très basique de l'océan), la dessinatrice dévoile un rendu global assez atypique et collant vraiment bien à l'ambiance voulue. Sur des décors tantôt aérés tantôt un peu plus foisonnants, Yoko Komori propose des designs un peu rond, un brin épurés et enfantins, qui contribuent beaucoup à l'envoûtante douceur poétique et parfois nostalgique qui semble se dégager de l'histoire. On e laisse alors facilement bercer par le récit, comme on le ferait au rythme des vagues.
A l'arrivée, Le Secret des écailles bleues devra forcément confirmer dans son deuxième et déjà dernier tome, mais en attendant de découvrir cela on a droit ici à un premier volume facilement convaincant où, entre l'atmosphère réussie, la part de mystère et les secrets autour des principaux personnages, on se laisse doucement emporter.
Concernant l'édition française, on reprochera juste une traduction parfois plan-plan et peu naturelle de Josua Lafitte, même si elle reste toujours claire. A part ça, le papier est souple et sans transparence, l'impression est d'honnête qualité, le lettrage d'Erwan Charlès est propre, et la jaquette bénéficie de quelques jolis effets brillants sur les écailles.
Cette nouvelle oeuvre nous immisce auprès de Tokiko Aoyama, une fillette qui, alors qu'elle va rentrer en dernière année d'école primaire, arrive depuis Tôkyô avec son père pour vivre dans un cadre bien différent de la capitale, le village de bord de mer où vit sa belle-mère, chez qui elle va désormais habiter. C'est une nouvelle vie, dans une nouvelle école, qui attend donc la petite fille, au sein de ce tout petit bourg où elle n'était venue qu'une fois par le passé, en s'en souvenant peu puisqu'elle avait alors 4 ans. Et pourtant, dans sa tête trotte toujours un souvenir un peu flou de cette époque: celui où, alors qu'elle allait se noyer dans l'océan, elle aurait été sauvée par une sirène, dont elle se rappelle encore la beauté des écailles...
Le récit de Yoko Komori se présente tout d'abord comme une tranche de vie où, sur un rythme calme et posé, notre jeune héroïne doit tout d'abord s'acclimater à sa nouvelle école. Un cadre scolaire où elle parvient assez vite à sympathiser avec plusieurs camarades de classe comme la déléguée Mikumo, la dénommée Sayu, ou encore le distant Yôsuke Narumi. Mais en filigranes de cette nouvelle vie qui commence, bien des interrogations se posent autour de cette petite fille, interrogations apparaissant au gré de ses propres pensées/souvenirs ou des interrogations de ses camarades. Pourquoi a-t-elle changé d'école à une période aussi surprenante, à savoir la dernière année de primaire ? Qu'est-ce qui les a poussés, elle et son père, à quitter Tôkyô pour Ce petit village de bord de mer ? Où est passée sa mère, que la fillette évoque de temps à autre dans ses songes sans nous en révéler beaucoup ? Et, enfin, quelle part de vérité y a-t-il dans ce souvenir nébuleux où une sirène lui aurait sauvé la vie ?
Assurément, la mangaka joue beaucoup la carte du mystère dans ce premier opus, et c'est une chose qu'elle fait plutôt bien en passant, avant tout, par deux éléments-clés et sans doute connectés: les vagues souvenirs qu'a Tokiko de ce village, et l'importance que semble avoir ce bord de mer, pour une ambiance qui a, au final, quelque chose d'à la fois énigmatique et assez poétique. Mais la fillette n'est pas la seule à intriguer dans ce premier tome où, en particulier, le jeune Narumi est lui aussi entouré de mystère. Pourquoi notre héroïne a-t-elle le sentiment que son visage lui est familier alors qu'elle le voit pour la première fois ? Pourquoi son odeur rappelle-t-elle à Tokiko le parfum des embruns ? Qu'est-ce qui le pousse à être quelque peu distant et à refuser catégoriquement de croire aux sirènes ? Certains éléments de réponses, dévoilant là aussi une part de drame familial, finiront par arriver bien assez vite vers la fin du tome, quitte à déjà nous permettre de faire quelques grosses hypothèses évidentes sur la possible identité de la sirène ayant autrefois sauvé notre héroïne. Si tant est, bien sûr, que les sirènes existent.
Visuellement, malgré quelques petites baisses de régime sur certaines pages (surtout au niveau de certains décors ou du rendu très basique de l'océan), la dessinatrice dévoile un rendu global assez atypique et collant vraiment bien à l'ambiance voulue. Sur des décors tantôt aérés tantôt un peu plus foisonnants, Yoko Komori propose des designs un peu rond, un brin épurés et enfantins, qui contribuent beaucoup à l'envoûtante douceur poétique et parfois nostalgique qui semble se dégager de l'histoire. On e laisse alors facilement bercer par le récit, comme on le ferait au rythme des vagues.
A l'arrivée, Le Secret des écailles bleues devra forcément confirmer dans son deuxième et déjà dernier tome, mais en attendant de découvrir cela on a droit ici à un premier volume facilement convaincant où, entre l'atmosphère réussie, la part de mystère et les secrets autour des principaux personnages, on se laisse doucement emporter.
Concernant l'édition française, on reprochera juste une traduction parfois plan-plan et peu naturelle de Josua Lafitte, même si elle reste toujours claire. A part ça, le papier est souple et sans transparence, l'impression est d'honnête qualité, le lettrage d'Erwan Charlès est propre, et la jaquette bénéficie de quelques jolis effets brillants sur les écailles.