Secret de l'ange (le) Vol.1 - Actualité manga
Secret de l'ange (le) Vol.1 - Manga

Secret de l'ange (le) Vol.1 : Critiques

Hakoniwa no Soleil

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 27 Avril 2018

Asahi Sena, a priori, est une lycéenne comme les autres, entourée de ses deux fidèles amis. Et pourtant, chaque année la date du 6 avril est son pire jour de l'année. A chaque fois, elle rêve du cours de dessin qu'elle fréquentait dans son quartier quand elle était en primaire, où, sous la houlette de la très bienveillante professeure Mademoiselle Yûki, elle avait sympathisé avec un petit garçon, Tenji, qu'elle surnommait "l'ange" (son prénom étant proche du mot "tenshi", soit "ange" en japonais). Les moments passés là-bas étaient toujours heureux, et Tenji montrait même de grands talents en dessin. Tout ceci aurait dû rester en sa mémoire comme des souvenirs bons et joyeux... si l'école de dessin n'avait pas pris feu, Mlle Yûki assassinée, et Tenji déclaré coupable après être passé de lui-même aux aveux. Asahi est restée marquée par ce drame. Depuis, elle n'a jamais revu "l'ange", mais elle n'a jamais accepté les conclusion de l'enquête. Et chaque année, le 6 avril, elle prend soin de se rendre sur la tombe de l'enseignante qu'elle chérissait tant... C'est précisément en se rendant sur la tombe de Mlle Yûki qu'elle fait la rencontre fracassante (c'est le cas de le dire, puisque son poignet en ressortira fracturé) d'un grand et beau jeune homme, Itsuki, un botaniste qui n'est autre que le petit frère de la défunte. De fil en aiguille, tous deux décideront d'essayer de percer les mystères qui subsistent autour de Mlle Yûki. Non sans réveiller de vieux souvenirs...

Un peu moins de deux ans après nous avoir fait découvrir la jeune mangaka Shiki Kawabata avec sa première série Rouge Eclipse, les éditions Akata nous proposent de retrouver l'autrice avec son oeuvre suivante, Le Secret de l'Ange, de son nom original Hakoniwa no Soleil, série terminée en 4 tomes et qui fut publiée en 2016-2017 dans le magazine Margaret des éditions Shûeisha.

Après Rouge Eclipse qui abordait notamment l'apparence et le manque de confiance en soi par le prisme du fantastique, Kawabata choisit à nouveau d'offrir une histoire certes ancrée dans le cadre du lycée avec son héroïne adolescente, mais un peu éloignée des classiques romances scolaires dont on nous abreuve tant, en proposant une sorte de polar à l'atmosphère pour l'instant assez étrange.

En effet, plutôt qu'un polar à proprement parler, pour l'instant Shiki Kawabata prend surtout le temps d'installer, en filigranes de l'"enquête" qui commence, un récit où l'on va d'abord découvrir ce que Mlle Yûki et son école de dessin représentaient pour chacun des principaux personnages. En tant que petit frère de la morte, Itsuki est forcément affecté de façon particulière depuis des années. Mlle Yûki était sa plus chère famille, on comprend cela tout naturellement, et pour l'instant la mangaka n'a donc pas besoin d'offrir un travail très introspectif sur lui. D'autant que si elle l'avait fait, ça aurait éventuellement gâché certaines surprises le concernant... En tant qu'héroïne, Asahi est la plus approfondie pour l'instant, on découvre de très près ses pensées, ses souvenirs de Yûki et de Tenji, ce qui permet immédiatement de cerner pourquoi elle aimait tant cette enseignante si gentille, comment elle a sympathisé avec "l'ange", et comment celui-ci en est venu à participer à l'école de dessin. C'est également à travers les souvenirs qu'Asahi en a que l'on découvre ce fameux Tenji, petit garçon que l'on ressent tout de suite un peu "à part", et Shiki Kawabata n'a pas forcément besoin de beaucoup s'éterniser pour bien faire comprendre tout l'attachement qu'il avait pour la douce professeure qui l'a accueilli à bras ouverts et lui a fait mettre en exergue son talent en dessin... Tout naturellement, "l'ange" devient donc le personnage le plus mystérieux du tome, alors même qu'il en est quasiment absent et qu'on ne fait que le découvrir à travers les souvenirs qu'Asahi en a. S'il chérissait tant Mlle Yûki, pourquoi l'aurait-il tuée ? Comment l'incendie de l'école de dessin a été provoqué à l'époque du drame ? Qu'est-ce que cela cache ? Tenji garde-t-il pour lui un secret si important qu'il a préféré dire avoir tué l'enseignante ?

Shiki Kawabata peut sembler prendre parfois un peu trop son temps pour réellement lancer son récit, surtout pendant toute la première moitié du volume. Il est possible de trouver certains moments longuets, et de ne pas parvenir à entrer totalement dans le récit tout de suite. En réalité, cette façon qu'à la mangaka de prendre son temps lui permet surtout de bien installer son atmosphère où les souvenirs ont vraiment une place importante, et où beaucoup de choses passent à travers eux. Souvenirs de la gentillesse de Yûki, de l'amitié perdue avec "l'ange" qui s'est envolé on ne sait où, ou encore de l'école de dessin, endroit empli de choses importantes pour la jeune fille, mais qui n'existe plus aujourd'hui. Forcément, tenter de percer le mystère de la mort de Yûki et revenir sur les lieux sont des choses qui ne peuvent que réveiller encore un peu plus ces souvenirs, dans un mélange délicat de mélancolie et de nostalgie.

C'est à partir de la deuxième moitié du tome que les choses commencent à s'emballer un petit peu plus, avec la réapparition (prévisible) d'un personnage important et qui reste très énigmatique, et surtout les réelles intentions qu'Itsuki, si beau et serviable en apparence, semble avoir en réalité... Au-delà du désir de révéler la vérité sur la mort de sa soeur et de savoir si Tenji l'a bel et bien tuée, pourra-t-il pardonner si facilement son assassinat ?

Un autre élément est récurrent à la lecture: les plantes et fleurs, qui ont constamment une présence discrète. ne serait-ce que parce qu'Itsuki est botaniste... C'est avec un bouquet de fleurs en mains que sa première rencontre avec Asahi se fait, c'est grâce à des herbes qu'ils retrouvent la capsule temporelle, et c'est avec les plantes de sa serre que le jeune homme semble vouloir accomplir ses réels desseins... Les plantes vont jusqu'à beaucoup s'afficher sur la jaquette, on se demande donc forcément quelle importance Kawabata leur accordera sur la longueur.

Dans tout ça, il y a bien quelques petits éléments agaçants, des petits clichés de genre que Shiki Kawabata n'évite pas: Itsuki est forcément un hyper beau gosse qui fait tout de suite rougir Asahi, les personnages masculins sont à quelques reprises un peu poseurs, on n'évite pas la scène irritante du premier baiser volé à l'héroïne sans que celle-ci ait la moindre réaction... Ce ne sont que des détails, mais bon.

Visuellement, c'est soigné, clair, avec notamment quelques pages qui ont une très belle mise en scène (la rencontre d'Asahi avec Itsuki, ses retrouvailles avec un autre personnage vers la fin du tome...). Le trait assez élancé et fin de Kawabata comporte certaines irrégularités (notamment dans les contours des visages) mais jouit d'une certaine sensibilité. Le visage de Yûki dégage beaucoup de douceur et de gentillesse, celui d'Itsuki reste souvent difficile à cerner en profondeur... on sent que la dessinatrice a particulièrement fait attention à ça.

La série commence doucement mais plutôt bien, en installant une atmosphère réussie sitôt qu'on est parvenu à bien la capter. le scénario prend le temps de se mettre en place, et se révèle suffisamment intrigant pour donner envie de lire la suite. Il ne reste plus qu'à voir ce que Shiki Kawabata fera de tout ça par la suite...

On a droit ici au petit format habituel d'Akata concernant les titres shôjo/shônen. Le papier et l'impression sont très corrects, et la traduction de Miyako Slocombe sonne toujours juste. Très proche de l'originale japonaise, la jaquette française offre un très beau travail de composition. Notons qu'au Japon, l'oeuvre est sous-titrée "Le soleil dans le jardin miniature", directement en français. Ca n'a pas vraiment de sens, mais c'est mignon.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs