Secret de la grue blanche (le) : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 06 Juin 2011

Plus d'un an après l'enchanteur Princesse Pivoine, le duo Christelle Huet-Gomez/Ein Lee revient aux éditions Nobi Nobi pour nous offrir une adaptation du conte japonais ancien Tsuru no Ongaeshi (la Reconnaissance de la Grue).

Dans le Japon médiéval, Makoto est un jeune paysan qui travaille dur. Un jour, en rentrant de travail, il tombe dans la forêt sur une grue prise dans le piège d'un chasseur. Le jeune garçon libère l'animal, le soigne puis le regarde partir dans le ciel. Le soir-même, une mystérieuse jeune femme vient frapper à sa porte. Nommée Saori, elle demande au jeune homme de l'héberger, le temps de laisser passer la tempête qui se prépare. Les jours passent, la tempête continue, tant et si bien que Makoto continue d'héberger Saori et que les deux jeunes gens finissent par tomber amoureux l'un de l'autre. Malheureusement, les ressources du paysan ne sont pas suffisantes pour une vie à deux. Saori a alors une idée: elle va s'enfermer plusieurs jours pour tisser une étoffe que Makoto pourra ensuite vendre à très bon prix, mais pour cela, le jeune homme ne devra en aucun cas la voir pendant toute la durée du tissage. Quelques jours plus tard, Saori sort de la pièce, une magnifique étoffe entre les mains, mais elle est très pâle et affaiblie, ce qui inquiète Makoto. Quoi qu'il en soit, l'étoffe est vendue à très bon prix et les deux amoureux peuvent continuer de vivre ensemble, jusqu'à ce que le scénario se répète. Et bientôt, c'est un seigneur de la région qui vient réclamer au jeune couple l'une de ces superbes étoffes dont il a eu vent. Voyant sa compagne s'affaiblir à force de tisser, Makoto s'inquiète de plus en plus et n'est plus d'accord pour la laisser faire, mais Saori lui promet que tout ira bien... Quel est le secret de Saori et des étoffes ? Makoto, nourri par l'inquiétude pour sa bien-aimée, pourra-t-il continuer de tenir la promesse qu'il lui a faite de ne pas ouvrir la porteoù elle tisse ?

Christelle Huet-Gomez et Ein Lee quittent ici l'univers plutôt féérique de Princesse Pivoine pour ancrer leur nouvelle histoire dans un Japon plus réaliste. Ici, la princesse laisse place à un héros plus simple, un jeune paysan, et c'est l'ambiance générale de l'oeuvre qui s'en trouve changée. Dans le secret de la grue blanche, la place laissée à l'aspect magique est moindre, celui-ci ne se dévoilant réellement qu'à la toute fin, et ne s'apercevant guère avant qu'à travers la grande beauté des étoffes.
Dans ce cadre plus réaliste, Ein Lee adopte des illustrations moins portées par les couleurs vives et nuancées et les jeux de lumière. Le ton est plus simple, et l'illustratrice y adapte ses talents, réussissant à nouveau à créer de belles illustrations, où l'aspect traditionnel de l'époque et le côté chaleureux de la vie des deux amoureux ressortent fort bien.
Malgré tout, le manque relatif de cette ambiance magique laisse moins de place à des illustrations portées par des couleurs vives et éclatantes, et si le résultat est indéniablement réussi et qu'Ein Lee prouve ici sa polyvalence, on se demande un peu si l'aspect un peu plus classique, moins fantastique de l'ensemble laissera une trace aussi forte auprès des enfants que les autres titres de la collection Soleil Flottant de l'éditeur. C'est d'autant plus le cas que l'écriture, bien que très habile, ne cherche jamais vraiment, avant les dernières pages, à faire ressortir l'aspect mystérieux de Saori. Quoi qu'il en soit, l'attachement aux personnages est bien là. La naïveté du jeune Makoto et son inquiétude pour Saori montrent une gentillesse qui rendent le personnage attachant, et la solidarité ainsi que la sincérité des sentiments du jeune couple touchent facilement.

Dans un genre différent de Princesse Pivoine, moins porté par l'ambiance magique, Christelle Huet-Gomez et Ein Lee offrent à nouveau un travail très agréable et abouti, mais il reste à voir si les enfants seront aussi réceptifs à cette oeuvre un brin différente des autres.

Du côté de l'édition, Nobi Nobi offre une nouvelle fois un travail d'excellente qualité. A l'instar d'un titre comme Kaguya, on ne peut que saluer l'initiative de l'éditeur de proposer des explications sur les origines du conte Tsuru no Ongaeshi, mais aussi sur le caractère des personnages. Enfin, les explications de termes-clés sont toujours là, de même que les illustrations et croquis préparatoires. L'impression est toujours d'une qualité parfaite. Mais si l'on veut chipoter, on soulignera une toute petite coquille au détour d'une page où "Makoto" devient "Makato".


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs