Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Janvier 2021

Le manga X semble avoir encore de beaux jours devant lui en France avec le lancement, en ce début d'année 2021, de Seiko, une toute nouvelle collection que l'on doit à Dynamite, éditeur spécialisé depuis des années dans les oeuvres graphiques pour adultes. Si Dynamite s'était déjà essayé à quelques reprises au manga par le passé, notamment avec Le Prince du Manga en 2007, Miss 130 en 2015, ou plus récemment TTBM - La compilation de BD gay très très bien montée en mars dernier, l'éditeur n'avait pas encore de collection dédiée, et c'est donc désormais chose faite. L'éditeur prévoit un rythme de 5 à 6 mangas par an (dont un manga gay normalement prévu cette année aussi), et inaugure sa collection avec deux titres initialement prévus en novembre 2020 avant d'être repoussés: d'un côté Peachy-Butt Girls, et de l'autre l'ouvrage qui nous intéresse ici: Secret Fantasies. Paru au Japon sous le nom Himichu en 2019 chez le qualitatif éditeur Wanimagazine, ce recueil nous permet de découvrir pour la première fois dans notre langue Yahiro Pochi, auteur qui officie exclusivement dans le genre depuis le début des années 2010 et qui a déjà plusieurs publications professionnels à son actif, en plus d'exercer également en amateur dans les cercles INUGOYA et Popochichi.

Une belle étudiante aux seins bourrés de lait qui, pour protéger son petit frère adoré des brimades qu'il subit, accepte d'entretenir une relation secrète avec l'un de ses harceleurs, avec qui elle se montrera bien plus lubrique que présumé. La petite soeur du meilleur ami d'un jeune garçon qui décide enfin de passer à l'attaque pour s'accaparer celui qu'elle aime, sans pour autant le dire à son grand frère. Un jeune homme sérieux qui s'était promis de ne jamais toucher sa copine avant le mariage mais qui va vite déchanter face aux envies ardentes de cette dernière. La fille de la propriétaire d'une location qui, derrière son côté mêle-tout, s'inquiète en réalité beaucoup pour son locataire et ami de longue date. La beauté du lycée qui, à l'approche de la fin de sa dernière année de lycéenne, jette enfin son dévolu à la piscine sur un garçon qui l'admire depuis longtemps. Un garçon devant donner des cours de maths à la soeur de son pote, sans forcément ce qui l'attend avec cette fille beaucoup moins prude qu'elle en a l'air. Un gars qui ne trouve plus aucun bonheur auprès de sa copine au point d'aller fricoter secrètement avec la petite soeur de celle-ci, qui lui procure bien plus de plaisir et d'amour. Une jeune garçon sauvant d'un viol en groupe celle qu'il aime, pour se voir "récompensé" quelques années plus tard. Un garçon peu viril dont le sexe minuscule risque pourtant d'être en totale harmonie avec une camarade curieuse à qui les anciens copains ont toujours reproché d'avoir un vagin beaucoup trop étroit. Un "puceau" adapte des cunnilingus au soapland, qui va pouvoir exercer son talent buccal sur son amour d'adolescence à l'insu du violent "petit ami officiel" de celle-ci.

Ce sont donc dix histoires courtes qui nous attendent ici: neuf en un chapitre, et une en deux chapitres (la deuxième histoire du recueil). Et s'il y a un point commun à la majorité de ces récits, il réside sans nul doute dans le thème du secret, de la relation secrète dont personne n'est au courant hormis les deux amants. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que l'oeuvre s'appelle en japonais Himichu, contraction du mot "Himitsu" ("Secret") avec un "chu" aux connotations mignonnes. A ce titre, Yahiro Pochi joue volontiers sur différents aspects de ces secrets, entre les récits proches de l'adultère, ceux où les personnages forniquent simplement de leur côté sans personne autour, et ceux où ils passent à l'acte quasiment sous les yeux des proches (comme dans la deuxième histoire où le grand frère/meilleur ami ne capte rien. Mais avec cet auteur, pas de tonalité immorale pour autant: les ébats se font toujours, ou presque (le premier récit est légèrement à part), avec une certaine légèreté, dans un mélange évident de complicité et de plaisir mutuel. Et quand bien même certaines histoires peuvent apparaître vraiment trop courtes, chacune bénéficie d'un certain soin sans laissé frustré dans les quelques éléments "scénaristiques".

Sur le plan visuel, il faut noter que Yahiro Pochi n'apporte pas forcément beaucoup de diversité dans les formes de ses héroïnes: ce sont les courbes généreuses, avec poitrine généreuse voire très généreuses, ainsi que les légères rondeurs qui sont au programme, pour un rendu assez charnel bien accentué par les trames, chose que l'on ressent d'ailleurs assez dès la jaquette. Mais Pochi est aussi un dessinateur qui apporte un rendu assez mignons, surtout dans ses visages ! On appréciera également des allures assez variées, notamment pour les coiffures, ainsi qu'une certaine diversité de lieux (appartement, plage, piscine, dortoir, chambre...). Enfin, côté pratiques, on reste sur du sage (que du vaginal, pas d'anal, quelques autres pratiques comme la fellation, le cunnilingus et la branlette espagnole), le tout étant mis en scène avec soin dans des choix d'angles de vue recherchant bien l'accentuation de l'érotisme.

La collection Seiko est donc inaugurée de façon très honnête par ce recueil qui, sans forcément beaucoup changer de l'ordinaire dans qu'on voit majoritairement en hentai en France, propose des histoires courtes majoritairement vanilla qui sont suffisamment réussies et charmantes pour mériter l'attention.

Côté édition, comme espéré, on a évidemment du non-censuré intégral, ce qui rassurera surement nombre de lecteurs. A part ça, pas de surprise: on a un grand format et un prix dans la droite lignée de ce qui se fait chez les autres éditeurs spécialisés en hentai (Hot Manga, Niho Niba). Les point les plus critiquables proviennent du résumé sur le rabat de la jaquette (certaines présentations semblent à la rue en ne correspondant pas au contenu) et à l'absence totale de traduction pour les onomatopées (ce qui peut franchement nuire à l'immersion et au ressenti des moments coquins). Mais à part ça, on a droit à un bon travail avec une bonne qualité de papier et d'impression ainsi que quatre premières pages en couleurs. Encourageant, en somme, mais à mes yeux ne pas du tout traduire les onomatopées est un handicap.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction