Amour à découvert : Critiques

Sarashi Ai

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Janvier 2025

Depuis la publication par Niho Niba de son incontournable Métamorphose en tout début d'année 2019, Shindo L est assurément devenu l'un des auteurs les plus emblématique sur le marché français du hentai, en s'offrant également quelques incursions chez les autres éditeurs de mangas X dans notre pays. L'artiste a toutefois fait son retour, il y a déjà un peu plus d'un an (en décembre 2023) chez l'éditeur qui l'a fait connaître en France, avec la publication de l'ouvrage L'amour à découvert.

De son nom original "Sarashi Ai" (qui a le même sens que le titre français, et qui donne une très bonne idée du contenu), cet ouvrage d'environ 200 pages est sorti au Japon en 2010 chez l'éditeur Ti-Net après une prépublication dans le magazine Comic Mujin, et n'est autre que le tout premier livre de la carrière professionnelle du mangaka.

L'histoire principale, riche de quatre chapitres dont le dernier est très court, nous immisce auprès d'Aoi Kurosaki, une lycéenne si jolie et gentille qu'elle fait partie des plus populaires de son établissement... et pourtant, derrière cette belle façade, la jeune fille a une particularité qu'elle ne vit pas très bien: elle est adepte de l'exhibitionnisme, et ne se sent jamais autant excitée qu'à l'idée d'être découverte et vue dans des situations lascives délicates, en ressentant ainsi des frissons orgasmiques quand elle se promène dans l'école dans culotte ou quand elle en arrive à se masturber en plein cours, avec toujours ce fantasme mêlée de crainte et d'excitation à l'idée d'être surprise en plein acte. Alors comment, dans ces conditions honteuses, oserait-elle avouer son amour pur à Noda, un camarade de classe ? A défaut de se déclarer, elle finit même par camoufler son identité afin d'aller jouer les exhibitionnistes devant lui, dans la supérette où il travaille. Mais quand elle apprendra de la bouche de Noda qu'il l'aime et qu'il n'a absolument rien contre ses pratiques déviantes, Aoi se sentira naturellement pousser des ailes, quitte à se laisser toujours plus dans la débauche avec lui, et à emporter dans son sillage ses deux meilleures amies Maki et Mizuho.

Vous l'aurez donc compris, ici Shindo L exploite le fantasme bien spécifique de l'exhibitionnisme et de tout ce que cette pratique peut amener en termes de fantasmes et d'excitation. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'auteur a à coeur d'explorer assez profondément les possibilités qu'offre ce type de situations, à travers des scènes assez variées en public, au lycée, dans un café tenu par un patron vicieux ou à la plage, à grand renforts de trip variés comme l'absence de port de sous-vêtements, le body painting en pleine rue, les tenus scabreuses ou les maillots de bains honteux qui ne cachent quasiment rien, le tout amenant toujours des scènes d'excitation et de sexe en public, généralement sous les yeux de badauds aux réactions très diverses. Dans la mesure où les situations sont de plus en plus décomplexées jusqu'à un final où Aoi sombre totalement dans la débauche (amateurs de pregnancy, vous aurez votre petite dose), et quand bien même Noda semble quand même pas mal profiter d'elle, on pourra voir le parcours de la jeune fille comme une lente libération où elle peut de plus en plus vivre avec bonheur sa paraphilie. Et même si l'on pourra trouver que Maki et Mizuho suivent un peu trop facilement notre héroïne dans ses fantasmes, on leur pardonnera facilement, au vu des petites fantasmes spécifiques supplémentaires qu'elles amènent (peau bronzée, poils pubiens...).

Qui plus est, le long récit principal de cet ouvrage se voit entrecoupé de deux autres histoires courtes qui, elles non plus, ne manquent pas de charme dans leur genre. Dans l'une, il est question de l'amour pur que se vouent deux personnages malgré la paralysie des jambes qui touche désormais la jeune fille, son compagnon ne manquant aucune occasion de la remettre en confiance et de lui montrer qu'il l'aime toujours, Shindo L offrant même à ces fameuses jambes "mortes" un traitement affectif appréciable de la part du jeune garçon. Et dans l'autre, quand deux amis garçon et fille découvrent qu'ils sont tous les deux amoureux de la présidente du conseil des élèves et que celle-ci leur rend leur amour, tous trois entament une relation assez unique. Dans les deux cas, il y a aussi une certaine acceptation des particularités de l'autre, pour un déluge de sexe.

Sur le plan graphique, en tant que tout premier recueil professionnel de l'auteur, on a un rendu forcément plus inégal que dans la plupart de ses autres travaux, néanmoins la patte bien reconnaissable de Shindo L est déjà là, ne demandant qu'à se bonifier: ses designs bien caractéristiques, ses silhouettes très courbées quelles que soient les formes des filles, son expressivité lascive, ses petits élans d'ahegao...

A l'arrivée, L'amour à découvert est plutôt un chouette recueil, au fil duquel Shindo L a à coeur d'exploiter de façon suffisamment profonde les fantasmes qu'il met en scène. Et en prime, si l'on excepte l'habituelle absence de sous-titrage des onomatopées de la part de l'éditeur, l'édition française est très convaincante avec une absence totale de censure, un papier et une impression de bonne qualité, la conservation des huit pages en couleurs sur papier glacé, et un travail de traduction et de lettrage assez convaincant de la part du Studio Charon.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs