Sakura Saku Vol.4 : Critiques

"C'est juste une personne qui est tombée amoureuse d'une autre personne. Quel mal y a-t-il à cela ?"

Kotono serait-elle, elle aussi, tombée amoureuse de Haruki ? C'est ce que Saku comprend en observant une étonnante réaction de son amie dans le couloir. Et alors qu'elle est déstabilisée et commence à pleurer, Iryû apparaît comme un sauveur et la prend dans ses bras pour la cacher des autres. Avec ce geste, Saku a encore un peu plus l'occasion de voir le bon fond d'Iryû derrière son franc-parler parfois très froid et cassant, tant et si bien qu'elle se met naturellement à se confier à lui...

Tout en continuant d'accorder de plus en plus d'importance à Iryû en nous montrant ses bons côtés en tant que confident, et en ne manquant jamais une occasion de jouer sur le trouble sentimental de Saku et de Haruki au fil de différentes petites scènes très classiques du genre mais joliment portées par la patte de la mangaka (il s'inquiète pour elle, elle est dans tous ses états quand leurs corps sont trop près l'un de l'autre...), Io Sakisaka met alors ici surtout l'accent sur la question des possibles sentiments de Kotono pour Haruki, ce qui nous dirigerait vers un triangle amoureux. Et avant de découvrir si ce sera bien le cas ou non, la saveur de la lecture vient avant tout de la manière dont l'autrice va, une nouvelle fois, profiter de ça pour travailler de manière attentionnée ses personnages, qui font très attentions les uns aux autres. Ce sont, bien sûr, les deux amies proches qui sont les plus mises en avant, avec en premier lieu une Saku qui contient ses sentiments car elle refuse de ne penser qu'à elle. Mais pendant ce temps elle ment à la fois à elle-même et à son entourage, et comme le dit Iryû commencer à mentir (même si c'est initialement pour une raison bienveillante) implique d'ensuite mentir de plus en plus et d'en souffrir... Alors que fera-t-elle ?

La situation pourrait bien se décanter au fil d'une journée/nuit de camping entre amis, qui offre non seulement quelques belles scènes presque insouciantes de joie (de quoi se faire de précieux souvenirs), mais qui amène aussi la mise en valeur d'une superbe amitié où les deux adolescentes pensent énormément l'une à l'autre, entre discussions franches, confidences espérées et excuses touchantes. Et pourtant, Io Sakisaka ne s'arrête pas en si bon chemin, dès lors que l'on comprend puis découvre les vrais sentiments de Kotono dans une fin de volume véritablement bien amenée, tant, après ça, un petit paquet de répliques dites par la jeune fille lors des derniers chapitres prennent un autre sens. Une dernière partie de tome belle, poignante et véritablement maîtrisée, d'autant plus que l'autrice, déjà très talentueuse visuellement en temps normal, y distille quelques superbes pages muettes décortiquant soigneusement le ressenti des personnages.

Notamment en mettant superbement en lumière le lien de ses deux héroïnes ainsi que le soutien de leur entourage (même Mitoshi en bel observateur compréhensif en fin de tome), Io Sakisaka nous offre un très beau volume, où l'on retrouve pleinement la subtilité de sa narration autant textuelle que visuelle. Un vrai petit bijou dans son genre, après deux précédents tomes certes très jolis mais qui souffraient quand même un petit peu de leurs grosses ficelles.