Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 12 Octobre 2010
Et voilà le dernier tome tant attendu du petit bijou de série qu’est Sakura-gari, en se démarquant en tous points des travaux antérieurs de l’auteur. Cette conclusion que l’on devrait plutôt appeler apothéose se révèle à la hauteur de nos espérances : après le traumatisme important subi par Masataka à cause du médecin de la famille Saiki, Soma prépare sa vengeance. Dans ce volume, c’est cependant essentiellement le passé que l’on découvrira. Avec certains passages obscurs, tout fini par s’éclairer si l’on reste bien accroché à la lecture. De plus, le pari est tenu puisque la mangaka exploite enfin Sakurako, bien plus qu’on ne l’espérait. Elle prend ici comme thématiques dominantes la folie et la famille, les deux étant étroitement liées. En effet, tous les personnages de ce manga ont quelque chose d’irréel dans leurs souffrances et leurs secrets. On peine même à imaginer parfois la douleur ressentie, alors que nous lecteurs somme à des lieux de se douter de cette réalité infâme, de cette fiction dérangeante quand elle prend place dans la réalité.
Les sentiments de Masataka évoluent au fil du temps, tout comme ceux de Soma se révèlent. La valse entre ces deux hommes ne fait que commencer, et devient de plus en plus forte au fil des pages. Les deux premiers opus étaient excellents, et l’on peine à croire que celui-ci parvienne à dépasser ses prédécesseurs. Pourtant, si la folie est présente depuis tout temps dans cette série étrange et décalée, l’explosion de n’importe quoi, de délire et de drames prend ici un sens tout particulier. De plus, la finalité de ce dernier tome est aussi ignoble qu’elle est belle, et l’on ne peut alors que s’émouvoir devant une telle cruauté, menée jusqu’au bout de la tendresse et des sentiments. La violence sera ici bien plus morale que physique, et le viol n’est plus à l’affiche. On découvrira des talents bien plus profonds au titre que de « simplement » rendre sale et souillé un gamin dans les bras de son maître. En tous les cas, peu de mots pour expliquer ce qui ne doit qu’être lu et apprécié à sa juste valeur. La lecture est longue autant qu’elle est courte, et une fois la dernière page tournée, on se demande bien comment faire comme si de rien n’était.