Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 17 Juin 2022
L'heure du combat final est venue pour Sailor Moon, qui a perdu les unes après les autres toutes ses précieuses compagnes ainsi que son cher Mamoru. Sa mission est claire: elle n'a désormais plus d'autre choix que de se rendre jusqu'au repaire de Galaxia afin de la vaincre, de peut-être trouver comment sauver tous ses compagnons disparus, et de s'offrir un avenir à elle ainsi qu'à tout le monde. Accompagnée notamment par les Starlights et par la toujours aussi énigmatique Chibi-Chibi, elle demande à la princesse Kakyû de la guider jusqu'à leur dernière ennemie, dans un repaire bien particulier: au coeur d'Alpha Sagittarii, le centre de la galaxie, où se trouve Zero Star du Sagittaire. L'endroit où naissent les corps astraux, le berceau de la Terre et des autres planètes, d'où proviennent tous les Stars Seeds. Là où tout naît et disparaît. C'est là que Galaxia compte mettre à exécution ses plans de prise de contrôle du système qui crée et détruit les étoiles. Mais pour y parvenir, le chemin risque d'être semé d'embûches...
Nous y voici donc: l'ultime volume de cette Eternal Edition de Sailor Moon, qui nous a permis de redécouvrir le manga culte de Naoko Takeuchi dans une qualité éditoriale optimale entre le grand format, le papier glacé et les nombreuses pages en couleurs. Et le moins que l'on puisse dire est que la mangaka parvient à offrir une dernière ligne droite particulièrement belle, intense et intelligente, tant elle y cristallise efficacement et non sans une certaine émotion tout le parcours de notre héroïne, de son statut de Sailor et de ce qui compte pour elle.
Les rebondissements se veulent assez nombreux, en allant de quelques retours attendus (en tête celui d'une Chibi Moon qui ne peut évidemment pas rester inactive au 30e siècle) jusqu'à la bataille finale face à un ultime ennemi chaotique se cachant encore derrière Galaxia, en passant par les affrontements face aux différents gardiens ralliés à Galaxia pour certaines raisons (les gardiennes des fleuves de l'oubli et du souvenir, celles des jardins...), face à Galaxia elle-même où les choses prennent une tournure intelligente, sans oublier l'obligation pour notre héroïne de combattre ses plus précieuses alliées elles-mêmes, visiblement manipulées. Et si les enjeux émotionnels et dramatiques sont assez forts tout au long du tome au vu de la teneur de ces différents événements, c'est peut-être pour mieux servir tout le propos d'une mangaka qui se sert surtout des dangers pour affirmer les convictions de Sailor Moon. L'affrontement contre Lethe et Mnémosyne lui fait prendre conscience qu'elle refuse la solitude et tient à ses amis, qu'elle veut rejeter l'oubli et chérir les siens, et que son corps n'est donc pas qu'un réceptacle du cristal car y réside également son âme et ses sentiments, ce qui fait d'elle un être humain. Son combat contre les autres Sailors ne fait que renforcer encore son désir de protéger celles et ceux en qui elle tient et de leur offrir un avenir. Et la bataille finale lui fait réaliser qu'avant même de se battre pour la paix et la justice, elle combat surtout pour toutes les personnes qu'elle aime. Pour parfaire le tout, Naoko Takeuchi prend également soin, même si cela reste rapide, de préciser le rôle symbolique de Chibi-Chibi, de nuancer efficacement Galaxia, ou même de rattacher cet arc aux précédents en expliquant pourquoi tous les précédents ennemis de Sailor Moon convoitaient tant son pouvoir.
Ajoutons à ça le travail visuel d'une élégance et d'une intensité folles avec ses belles envolées et ses découpages sortant largement des carcans, et tout nous dirige vers une conclusion à la fois assez audacieuse en évitant d'être trop simple, et aboutie dans ce qu'elle véhicule sur le parcours et l'avenir des personnages ainsi que sur ce que représente Sailor Moon.
A l'arrivée, redécouvrir Sailor Moon dans cette édition est hautement réjouissant. Trente ans après les débuts de sa prépublication au Japon, l'oeuvre de Naoko Takeuchi, qui a apporté un souffle nouveau au genre de la magical girl en y incorporant des thématiques plus profondes, n'a pas perdu grand chose de sa force.