Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 23 Mars 2011
A présent, le doute n'est plus permis pour le docteur Ozaki : la terrible épidémie s'étant étendue sur le village de Sotoba est bien due à des créatures surnaturelles, revenus d'entre les morts. Mais comment la poignée de personnes au courant de l'implacable vérité pourront l'annoncer au reste des habitants sans soulever un mouvement de panique ? Et quels sont les mesures à prendre pour se défendre contre ses êtres, qui ont pourtant encore tant de caractères humains en eux ? Devant cette question, une divergence nait entre Ozaki et son ami de toujours, le bonze Muroï...
Les auteurs de Shi Ki sont de vrais vicieux. Non contents de nous présenter Natsuno Yuki en très faucheuse posture pour clore le volume précédents, les voilà repartis comme si de rien n'était vers des évènements plus calmes, sans nous tenir au courant de l'état de santé de notre pauvre héros. Rassurez-vous, nous découvrirons bientôt ce qu'il en est, mais pour l'heure, d'autres questions se profilent, toutes aussi passionnantes. Comme bien souvent dans la série, la progression viendra à partir de personnages totalement inédits et toujours plus loufoques : c'est ainsi que nous découvrons Ikumi Itô, médium de son état et qui accuse ouvertement les Kanemasa d'être des revenants, en le clamant haut et fort dans tout le village ! Si l'initiative réduit à néant les efforts de réserve du Docteur Ozaki, il permet en revanche d'en découvrir un peu plus sur cette mystérieuse famille qui semble à l'origine de tous les problèmes, et notamment leur chef des plus excentriques. Si l'heure semble être au round d'observation, et au repos après des évènements autrement plus palpitants, la tension scénaristique reste toujours des plus prenantes, sans parler de l'aspect horrifique venant pondérer le récit très subtilement.
Nous retrouverons enfin Natsuno en fin de volume, et le jeune homme prend une toute nouvelle dimension héroïque, rappelant même le Taigong Wang de Fujisaki dans Hoshin avec une certaine dimension altruiste, lorsqu'il met ses amis à l'écart, ou pacifique, quand il cherche un compromis entre vivants et morts. Il en viendra même à prendre des allures de martyr pour aider son "ami" Tooru, dans une relation de domination totalement envoutante, et portée par des séquences choquantes. Ainsi, la définition des deux camps en devient plus floue, plus confuse, à l'instar de ce héros à la frontière des mondes.
Ainsi, si ce tome ne joue pas la carte de l'action trépidante comme son prédécesseur, il offre tout autant de moments délectables, faisant avancer l'intrigue sans s'en donner l'air, de manière subtile et intelligente. La folie des personnages n'a d'égale que celle du graphisme, toujours aussi inclassable et extrémiste. Qu'on adule ou qu'on le vomisse, Shi Ki est définitivement une œuvre qui ne peut laisser indifférent !